Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
A-NSE va faire VOLER SON DIRIGEABLE ÉLECTRIQUE DANS LE VAR
La PME varoise pionnière et experte des ballons captifs et dirigeables gonflés à l’hélium va procéder aux essais de son dernier-né et fournit les ballonnets de Stratobus à Thales Alenia Space.
En y regardant de plus près sur la photo, on finit par le remarquer. Il s’agit d’un petit ballon captif de 7 m de long sur 5 m de haut qui passe inaperçu au-dessus de la foule amassée près du stade Vélodrome à Marseille. Une solution idéale, régulièrement commandée à la société varoise A-NSE (Aero-nautic Services and Engineering) par différents types de clients – dont la préfecture – pour observer une zone en toute discrétion. L’entreprise fondée en 2017 au Castellet est aujourd’hui basée au Centre régional de Ressource Drone (C2RD) à Pourrières. En 2021, elle y a investi 800 000 € dans un hangar de 36 m de long et 18 m de haut et dispose d’une dizaine de produits différents, tous des ballons gonflés à l’hélium, captifs (reliés au sol) ou dirigeables, pilotés à distance ou à bord, en fonction du besoin. « Nous maîtrisons toute la chaîne de fabrication ; notre bureau d’études conçoit les plans et notre atelier découpe puis soude les morceaux de tissus – très techniques – pour en faire des enveloppes, assemblées ici », détaille Baptiste Regas, le président, dans les locaux de La Ciotat (Bouches-du-rhône), où A-NSE a installé son unité de production ; une vingtaine de salariés dont des ingénieurs.
Mobilité urbaine
C’est ici qu’a été mis au point l’un des derniers-nés de ses ballons, un e-vtol (Electric Vertical Take-off and Landing). Avec ses deux ballons gonflés à l’hélium, il ressemble à un catamaran de 15 m de large pour 16 m de long et 7 m de haut, le tout doté d’un moteur électrique qui lui permet de se déplacer à 80 km/h moyennant une heure d’autonomie. « Nous allons réaliser le premier vol d’essai à Pourrières en avril », précise le dirigeant qui a levé 2 M€ auprès d’investisseurs publics et privés saoudiens pour finaliser ce projet. « Ils ont prévu d’investir 120 M€ dans une usine de fabrication au Moyen-orient en s’appuyant sur notre expertise mais nous aimerions faire la même chose en Europe », regrette Baptiste Regas. Ce dernier, après la visite d’une délégation de Risingsud l’an dernier sur son stand au salon du Bourget, espérait une aide de la Région qui avait déjà versé une subvention de moins de 10 % de l’investissement d’1,50 M€ réalisé en 2022 afin d’accroître les capacités de production. « Nous suivons cette entreprise et la Région pourrait accompagner ce nouveau projet si les essais sont concluants », indique le cabinet de Renaud Muselier.
Dans la stratosphère
Il faut dire qu’au-delà de ce prototype de mobilité électrique, A-NSE a fait la preuve de sa crédibilité en remportant l’appel d’offres lancé par Thales Alenia Space pour la fourniture des « ballonnets » contenus à l’intérieur du ballon stratosphérique dirigeable autonome Stratobus. « Ce sont des éléments qui vont se déployer dans l’enveloppe au fur et à mesure de la prise d’altitude de Stratobus. Les matériaux doivent être très fins mais aussi très solides. Nous sommes heureux que ce soit une technologie française », détaille Yannick Combet, le chef de projet dont les équipes finalisent les deux démonstrateurs de 60 m de long qui doivent voler au-dessus des Canaries d’ici 2026. « A-NSE avait déjà un héritage important sur les ballons captifs, et surtout l’entreprise fabrique et opère les solutions », ajoute-t-il.
Même si de nouveaux appels d’offres seront lancés pour la fabrication du ballon grandeur nature, la PME varoise a désormais une longueur d’avance pour demeurer dans la course. D’autant qu’elle poursuit en parallèle son activité de prestataire de services comme la mise à disposition de ballons captifs pour des missions de surveillance, la formation au pilotage…
Sa filiale Eonef, spécialisée dans la surveillance des espaces naturels, vient ainsi de remporter un marché avec l’agence de l’eau, en vue de mesurer l’impact du mouillage des bateaux sur les fonds marins… Grâce, bien sûr, à des ballons captifs dont l’observation silencieuse et statique, remplacera le survol récurrent en avion.
«5M € de chiffre d’affaires, 25 salariés, un hangar où gonfler les ballons. »