Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La résurrection du disco au Bal de la rose à Monaco
Autour de la famille princière, les convives ont goûté au style, à l’excentricité et à l’ambiance musicale des années 70 pour cette soirée concoctée par le créateur Christian Louboutin.
Y« ou’re just too good to be true, can’t take my eyes off of you… » La voix chaude de Gloria Gaynor entonne ce classique, et le couple princier s’élance sur la piste de danse illuminée. Nous ne sommes pas au Studio 54 dans les années 70 à New York, mais à Monaco, dans la Salle des étoiles plongée dans l’ère disco, samedi, pour le 58e Bal de la rose.
Dans son étincelante combinaison mordorée à sequins, la princesse Charlène fait honneur à la thématique choisie par Christian Louboutin, grand ordonnateur de la soirée. Le créateur, lui, a osé le total look seventies avec perruque afro. Histoire de coller à cette époque où la musique et la mode offraient une bulle pétillante contrant la morosité ambiante. La principauté a chopé cette fièvre, samedi soir, pour ce gala annuel porté par la princesse Caroline de Hanovre pour soutenir la Fondation Princesse Grace.
Drag-queens superstars
Certes, les 800 convives sont réunis par la Société des bains de mer pour la bonne cause. Mais Christian Louboutin entend, depuis trois éditions, faire surtout du rendez-vous un moment où les gens s’amusent. Si l’impeccable décor dominé par
les boules à facettes et l’excédent de paillettes mettait dans l’ambiance illico, c’est par le show que Christian Louboutin et ses équipes ont soigné les festivités. Un spectacle ouvert tambour battant avec Shangela, nom de scène de DJ Shangela Pierce. Flamboyante drag-queen américaine flanquée de ses boys pour un lip sync sur Hot Stuff balancé dès l’entrée,
et capable de réveiller un mort.
Le temps de souffler – dans le dîner à quatre plats servi concomitamment – et voilà que débarque, par les airs, Chad Michaels. Membre du Drag Queen Hall of Fame et adoubé par Cher herself dont il reprend les looks et cultive la silhouette, l’artiste enchaîne cinq tubes et autant de changements
de tenues soignées du haut de la perruque au bout du talon.
« Je survivrai »
Ce Bal de la rose disco tient ses promesses de rendre hommage aux divas de la discipline, tout en dépoussiérant totalement l’exercice du gala monégasque. Et le public adhère.
Alors, la piste de danse s’ouvre au moment où apparaît, dans un halo de lumière, Gloria Gaynor. L’une des dernières reines de l’époque disco. Sa démarche chancelante sur le tapis rouge, quelques heures avant, laissait douter de l’énergie de sa prestation à venir. Mais il y a peut-être quelque chose de magique sur les planches de la Salle des étoiles. Cette scène qui a vu renaître Joséphine Baker en 1974, là aussi où Henri Salvador célébrait de quelques pas de danse ses 90 ans en 2007, alors qu’il marchait difficilement en coulisses. La queen Gloria, du haut de ses 80 printemps, a montré qu’elle avait survécu. Comme elle le serine depuis 1978 via son plus iconique hit, I Will Survive. Aux peines de coeur, aux trahisons, aux coups durs de la vie, à la bêtise des autres, aux emmerdes quelles qu’elles soient. À la fin de la mode du disco, même. Un tube tant chanté, tant entendu, tant dansé qu’on en oublierait presque la signification. Comme un symbole dans une période compliquée de la Principauté ?
La famille princière, elle, n’a pas boudé son plaisir, occupant la piste de danse pour accompagner de ses pas la voix de Gloria Gaynor. À répéter comme un mantra :