Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Mauvaises odeurs : Estrosi demande au préfet d’agir

L’enquête de la préfecture n’avait pas permis d’établir sa responsabi­lité. Mais l’usine de La Trinité au coeur des soupçons depuis deux mois est désormais dans le viseur du maire de Nice.

- BENOIT GUGLIELMI bguglielmi@nicematin.fr

Mais d’où viennent les odeurs qui, à intervalle­s irrégulier­s, envahissen­t certains secteurs de Nice depuis près de deux mois ? Là est le mystère de l’affaire qui, depuis début février, agite les habitants concernés et les pouvoirs publics. Alors qu’elles semblaient dissipées fin février, les nuisances olfactives ont repris, mi-mars, à l’est de la ville (le long du Paillon), au nord (à Cimiez, Libération et jusqu’à Gambetta) et, certains jours, jusqu’en centre-ville. Deux nouveaux épisodes (treize signalemen­ts les 14 et 15 mars, trois autres le 19) qui ont permis à Atmosud, l’organisme indépendan­t qui mesure la qualité de l’air dans la région, de confirmer la zone d’émission : près de l’a8, probableme­nt à La Trinité, dans la zone industriel­le de l’oli. Si ces « simulation­s du déplacemen­t des masses d’air » ont permis d’arriver aux mêmes conclusion­s que le mois dernier, l’émetteur des nauséabond­s

effluves de « soufre », « essence », « oeuf pourri », « pneu brûlé », «gaz» demeure inconnu. Autant que les substances qui les composent et qu’atmosud n’a pu jusqu’ici identifier.

Dès les premières émanations, la

Seca, usine de revêtement pour routes, est montrée du doigt. D’autant plus suspecte qu’elle est une « installati­on classée pour la protection de l’environnem­ent » et, à ce titre, « susceptibl­e de provoquer des pollutions ou nuisances » (1).

Les services de l’état y ont enquêté. Demandé des comptes à la filiale d’eiffage et Colas. Mais « les inspection­s de la Dreal n’ont pas

[2] permis d’établir de manière formelle un lien de causalité avec la production industriel­le de bitume à base de poix, ni d’étayer scientifiq­uement les fortes présomptio­ns pesant sur cette activité », indiquait, fin février, la préfecture à Nicematin.

« Nous ne pouvons plus attendre… »

De quoi mettre l’usine hors de cause ? Pas pour le maire de Nice. Christian Estrosi vient d’écrire au préfet pour lui demander – sans nommer le site – d’agir. « La Dreal indique que plusieurs manquement­s

[ont été relevés]. Nous ne pouvons plus attendre que cette usine soit mise en conformité et continue ainsi à polluer impunément la moitié de la population de Nice. »

Dans ce courrier, que Nice-matin

s’est procuré, Christian Estrosi s’inquiète des potentiell­es « conséquenc­es sanitaires » et adjure Hugues Moutouh « de prendre les mesures nécessaire­s pour que les nuisances cessent immédiatem­ent et ne se renouvelle­nt pas ».

Une position rejointe, hier soir, par le maire de La Trinité, qui se soucie également du « caractère polluant de l’activité du site industriel concerné » et enjoint ses dirigeants à « communique­r à un rythme régulier des informatio­ns rationnell­es et transparen­tes sur leur activité et son impact sur l’environnem­ent ».

Contactée avant que ne soit connue l’existence de cette missive, la Seca se bornait à répondre avoir « fourni toutes les informatio­ns demandées par la préfecture » et rappelait que la Dreal n’avait « pas donné suite » à son enquête.

1. Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnem­ent, la mobilité et l’aménagemen­t.

2. Direction régionale de l’environnem­ent, de l’aménagemen­t et du logement.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Après quelques semaines de répit, les mauvaises odeurs ont repris mi-mars, notamment dans les quartiers est, le long du Paillon.
(Photo Sébastien Botella) Après quelques semaines de répit, les mauvaises odeurs ont repris mi-mars, notamment dans les quartiers est, le long du Paillon.

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