Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Éric Ciotti menace
Dans un contexte budgétaire tendu, ce chiffre était particulièrement attendu. Le gouvernement avait déjà averti début mars qu’on serait « significativement » au-dessus des 4,9 % du produit intérieur brut (PIB) initialement prévus.
Finalement, le déficit dépasse de 0,6 point les 4,9 %, soit « une dégradation de 15,8 milliards d’euros par rapport aux dernières prévisions », a traduit sur le réseau social X le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave. L’augmentation du déficit s’explique notamment par des recettes qui « ralentissent nettement en 2023 » (+2,0% contre +7,4 % en 2022), a précisé l’insee, et même des impôts « quasi à l’arrêt » (+0,3%, contre 7,9 % en 2022).
Le Maire « discrédité » ?
Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a regretté hie un dérapage « important » et « très, très rare » du déficit.
« La politique du gouvernement est en situation d’échec », a estimé le rapporteur du Budget au Sénat, Jean-françois Husson (LR), pour qui le ministre de l’economie et des Finances « Bruno Le Maire est discrédité et décrédibilisé ». « C’est un effondrement de l’autorité de la France en Europe », a-t-il jugé, alors que le pays, troisième plus endetté de la zone euro, a promis à ses partenaires européens de faire passer son déficit sous les 3 % de PIB en 2027.
« Ce déficit exceptionnel n’est pas lié à un sursaut de dépenses publiques », mais «àde moindres recettes qu’anticipé, malgré un chiffre de croissance sincère et réaliste » de la part du gouvernement, s’est défendu Bruno Le Maire, évoquant
« 21 milliards d’euros de recettes en moins en 2023 ». « Nous avons peutêtre sous-estimé le fait que l’inflation baisse plus vite » que prévu, ce qui « fait moins de recettes de TVA, (...) moins de recettes sur la masse salariale, moins d’impôt sur le revenu, moins d’impôt sur les sociétés »,
a-t-il aussi expliqué sur RTL, réaffirmant malgré tout sa « détermination totale » à repasser sous les 3 % de déficit public en 2027. Dans l’après-midi lors des questions au gouvernement à l’assemblée nationale, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont dû argumenter ferme pour défendre leur action économique. Le Premier ministre Gabriel Attal pour sa part a indiqué que le gouvernement allait « poursuivre sur la voie de la rigueur et de responsabilité, avec toujours un fil rouge (...) celui du travail ».
Concernant la dette, qui a diminué moins que prévu en 2023 (110,6 % contre 109,7 % anticipé),
Directeur des rédactions edito@nicematin.fr négocie ses premiers virages sur les routes de France. Au sein du gouvernement socialiste Mauroy 3, le ministre de l’économie Jacques Delors amorce un autre tournant. Celui de la rigueur. Trente et un an plus tard, son lointain successeur Bruno Le Maire s’apprête à faire de même. Autres temps, autres moeurs, il n’est évidemment plus question de dévaluation ou de contrôle des changes. Et contrairement aux années Mitterrand, il est exclu de Bruno Le Maire a assuré mardi toujours viser une baisse à partir de 2026. Tout ceci demandera « des efforts supplémentaires, plus de détermination, beaucoup de méthode et beaucoup de sang-froid », a concédé ce dernier, car le retard accumulé en 2023 pèsera sur 2024 et les années suivantes.
Un « désaveu cinglant »
Dix milliards d’euros de coupes ont été actées mi-février sur le budget de l’etat 2024. Des économies supplémentaires dès cette année seront nécessaires, a prévenu Bruno Le Maire, se refusant pour le moment à donner une estimation. faire exploser les impôts. Emmanuel Macron l’a promis aux Français. Comment, dès lors, redresser les comptes publics et ramener le déficit de l’état à 3 % du produit intérieur brut ? Mystère et boule de gomme. Bruno Le Maire, qui cherche désespérément plus de dix milliards d’économies et Gabriel Attal, invité ce soir du 20 h de TF1, vont devoir rapidement dévoiler leur jeu. En lâchant à dessein le mot « rigueur » lors de la séance de questions au
Mais au-delà, c’est surtout dans le budget 2025 que des efforts seront réalisés. Mimars, Thomas Cazenave avait estimé qu’il faudrait trouver « au moins 20 milliards » d’euros d’économies pour 2025. Le gouvernement a demandé une revue des dépenses de l’etat, mais aussi de l’assurance maladie et des collectivités locales, avec un but : « Abandonner avec fermeté toutes les dépenses publiques qui ne donnent pas les résultats attendus », selon Bruno Le Maire, qui a cité notamment l’indemnité journalière d’arrêt maladie.
Cela présage une « saignée sans précédent sur les finances publiques gouvernement hier, le Premier ministre nous prépare à un tournant sans nous en donner les contours. Coupes dans les dépenses sociales ou de santé, efforts demandés aux entreprises ou aux collectivités locales, nouvelle réforme de l’assurance chômage ? Il n’y aura aucune bonne solution. Toutes seront jugées avec sévérité par une opinion publique habituée ces dernières années au quoi qu’il en coûte et à l’argent (public) facile.
Le patron de
LR Éric Ciotti a prévenu hier que
« l’hypothèse » d’une motion de censure destinée à faire tomber le gouvernement après le dérapage budgétaire de 2023
« est sur la table ».
« Je crois qu’aujourd’hui on ne peut pas continuer dans cette situation, dans cette dérive qui met en péril l’avenir de notre nation », a-t-il prévenu, n’écartant pas de faire tomber le gouvernement avant les Jeux olympiques.
« Les JO c’est pas une échéance législative, pas une échéance politique, ça l’est pour M. Macron, pas pour nous », a dit le député des Alpes-maritimes, dont l’apport des députés pourrait permettre aux oppositions de
censurer l’exécutif.
», a regretté Manuel Bompard (LFI), voyant dans le chiffre de l’insee un « désaveu cinglant »
du « bilan d’emmanuel Macron ».
Ce dernier préconise « une augmentation des recettes en concentrant les hausses d’impôts sur les plus riches ».
Plusieurs députés de la majorité, la présidente de l’assemblée nationale Yaël Braun-pivet (Renaissance) en tête, ont eux aussi évoqué ces derniers jours des hausses d’impôts ciblées ou visant les superprofits. Mais Bruno Le Maire s’est lui refusé à toute hausse d’impôts, et résumé : « Notre économie se porte bien. Ce sont nos finances publiques qui sont dégradées. »