Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Armes pour l’ukraine : Paris se dit prêt à contraindr­e l’industrie

Le ministre français des Armées a annoncé hier qu’il n’exclut pas de recourir à des réquisitio­ns ou d’imposer des priorités aux industriel­s pour accélérer la production de matériels militaires pour l’armée et l’ukraine.

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Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l’armement de faire, c’est-à-dire si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitio­ns le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisati­on », a affirmé Sébastien Lecornu lors d’une conférence de presse inédite en présence de tous les chefs d’état-major.

Paris enjoint à l’industrie de défense française de produire davantage et plus rapidement pour répondre aux besoins de son armée et assurer dans la durée son soutien à l’ukraine.

Les réquisitio­ns, permises par la Loi de programmat­ion militaire (LPM) adoptée à l’automne, peuvent aller de « personnels, de stocks ou d’outils de production » pour les consacrer à la production de matériels militaires, a-t-il rappelé, estimant que c’était « l’outil le plus dur de notre arsenal juridique ». « Ce n’est pas l’outil prioritair­e au moment où je vous parle, mais je vous dis que ça existe », a-t-il précisé. Sébastien Lecornu envisage, en revanche, « dans les toutes prochaines semaines » d’imposer à certains industriel­s des niveaux minimaux de stocks, de manière à produire plus rapidement, ou d’exiger qu’ils accordent la priorité à la commande militaire face aux besoins civils. « Si parfois les cadences de production sont trop lentes, c’est parce qu’il y a une tentation de faire du flux tendu et de ne pas avoir suffisamme­nt de stocks de matières premières ou de composants », ce afin d’éviter d’immobilise­r de la trésorerie pour constituer ces stocks, a-t-il justifié.

Missiles Aster

Dans sa ligne de mire notamment, les délais de livraison du missile anti-aérien de longue portée Aster

produit entre la France et l’italie par MBDA, qui sont trop longs au regard du ministre. « La question de prioriser chez les sous-traitants de MBDA pour le missile Aster la commande militaire, en priorité sur une commande civile, est quelque chose qui est évidemment complèteme­nt regardable », a-t-il appuyé.

Paris a passé une commande de 200 missiles Aster en janvier 2023 pour 900 millions d’euros, leur livraison étant prévue en 2026 alors que le ministère entend les avoir au deuxième trimestre 2024. Or ces missiles, qui auparavant

« n’étaient pas utilisés ou à des fins d’entraîneme­nt tout juste » selon lui, sont fournis à l’ukraine pour défendre son ciel et ont été tirés à 22 reprises contre des drones et missiles houthis depuis le mois de décembre par les deux frégates françaises déployées en mer Rouge.

« Désormais, on a des contrats opérationn­els concrets sur lesquels nous avons une sollicitat­ion », a-t-il martelé, annonçant une « commande anticipée » de 200 missiles Aster supplément­aires. Le ministre a regretté que la France ait « raté » récemment plusieurs contrats en Europe de l’est, sans donner plus de précisions. « Nous avons des clients pressés », dans une région qui se sent menacée par la Russie et partage des frontières avec l’ukraine, a-t-il rappelé. Une nouvelle fois, le ministre a appelé les industriel­s à une « rupture culturelle » pour accélérer la livraison des équipement­s militaires. Le niveau de commandes en 2023 atteint les 20 milliards d’euros contre 15 milliards en moyenne sur la période 20172022.

Canons Caesar

Le tour de table pour financer l’acquisitio­n de 78 canons Caesar pour l’ukraine dans le cadre de la coalition artillerie est par ailleurs fini et ceux-ci vont pouvoir être livrés « rapidement », at-il annoncé.

La France s’est donné pour objectif de produire 100 000 obus dont 80 000 pour l’ukraine en 2024. Concernant le financemen­t des nouvelles commandes, le ministre a précisé que par le jeu de la déflation, « des marges de manoeuvre importante­s vont être récupérées » en 2024. Les marges de manoeuvre seront utilisées pour l’aide à l’ukraine, a-til conclu.

pièces métallique­s servant à relier entre elles des balles de fusils-mitrailleu­rs » et permettant « des tirs en rafale ». Et publient à l’appui des photos datant du 23 octobre dernier, soit après l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël. La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a dénoncé hier un « scandale énorme ».

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(photo archives AFP)

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