Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« J’espère inspirer les femmes à voyager solo »

L’influenceu­se Lexie Limitless est devenue hier, à Nice, la première femme à boucler un tour du monde en voiture électrique. À bord d’une Ford, comme la pionnière, il y a un siècle.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE ORI aori@nicematin.fr

Alexis Alford, alias Lexie Limitless, sur la Promenade des Anglais avec sa Ford Explorer, hier.

Le 9 septembre, elle partait de Nice pour traverser le monde. Six continents, 30 000 kilomètres et deux cents jours plus tard, Alexis Alford, alias Lexie Limitless, est de retour, toujours aussi souriante. La joie semble plus forte que la fatigue. Hier, à 15 h au port Lympia, à Nice, l’influenceu­se californie­nne est devenue la première femme à boucler un tour du globe en voiture électrique. Et son arrivée n’est pas passée inaperçue : basse corniche privatisée, survol de la ville par un hélico filmant pour Amazon Prime (1), quai du Commerce investi par la presse spécialisé­e et par des centaines d’employés du groupe Ford. Car il s’agit là d’une vaste opération marketing du constructe­ur automobile américain.

C’est au volant de son Ford Explorer 100 % électrique que l’exploit a été réalisé. Un modèle aux 500 km d’autonomie dont la commercial­isation a été lancée en grande pompe, hier. Une dernière épreuve pour la jeune femme de 25 ans, submergée par les questions. Dont celles de Nice-matin.

Ce voyage a été inspiré par Aloha Wanderwell, première femme à faire le tour du monde au volant d’une voiture Ford, en 1922, au départ de Nice : que lui diriez-vous si elle était là aujourd’hui ?

Merci. Merci pour son audace.

Il y a un siècle, dans un monde exclusivem­ent dominé par les hommes, c’était du jamais vu. Si les femmes peuvent rouler et voyager librement aujourd’hui, c’est grâce à des pionnières comme elle. C’était émouvant d’emprunter, par moments, exactement le même trajet. En voyant certains endroits, je me suis demandé comment elle avait bien pu se débrouille­r toute seule... À mon tour, j’espère inspirer les femmes à voyager solo.

Si Wanderwell devait chercher du fuel dans des contrées très isolées, il vous a fallu trouver de l’électricit­é. Et c’est un challenge autrement plus difficile...

Tout le périple a été calculé en fonction de ça. L’essentiel, c’est de brancher la voiture sur secteur. Qu’importe la prise. Ça ouvrait quand même pas mal de possibilit­és. Et en plus des 500 km/h d’autonomie, nous avions une batterie de secours et des panneaux solaires.

Préparée sur près d’un an et suivie par une équipe de dix personnes, votre aventure, filmée par Amazon Prime, n’a-t-elle pas manqué du sel des incertitud­es ?

Il y a toujours des surprises. Qu’on le souhaite ou non. Lors du départ, nous espérions boucler le tour en 100 jours. Au final, ça nous a pris le double. On a passé beaucoup de temps à recharger la voiture dans des tout petits villages où le courant n’était pas très puissant.

J’ai vraiment l’impression d’être sortie des sentiers battus.

Et puis, je suis aussi tombée deux fois malade, j’ai eu une grippe et une intoxicati­on alimentair­e. Parce que le calendrier était très serré en raison des visas, notamment, ces retards imprévus ont eu un effet domino. Ça fait partie de l’aventure.

Voir arriver un SUV électrique dernier cri, conduit par une femme, en plein milieu de nulle part, a de quoi surprendre. Le décalage avec certaines population­s locales n’a-t-il pas été trop grand ?

Les locaux étaient extrêmemen­t curieux. Les rencontres, ce contraste, c’est le plus beau du voyage. En parlant avec ces gens aux parcours si différents, j’ai pourtant réalisé tout ce que nous avions en commun. Il y a toujours une connexion qui s’établit.

Vous pensez à une rencontre en particulie­r ?

Il y en a eu tellement. Des rencontres imprévues, au fil de la route. Mais aussi des rendezvous avec des personnali­tés locales inspirante­s. Je pense notamment à Ann Osman, la première femme musulmane à faire des arts martiaux mixtes en Malaisie. Quelle force de caractère !

Vous êtes suivie par près d’1,2 million de personnes sur Instagram. Cette grande traversée a-t-elle été aussi l’occasion de faire une coupure sur vos réseaux sociaux ?

Oh ! Je n’ai vraiment pas fait de pause. J’étais trop enthousias­te de partager cette histoire si unique avec les millions de personnes qui nous suivaient de près.

On a passé beaucoup de temps à recharger la voiture”

Les rencontres, c’est le plus beau du voyage”

Vous repartez bientôt à l’aventure ou vous levez le pied pour quelque temps ?

Je n’ai toujours pas pris mon billet retour. Je vais rester en France quelque temps. J’ai des amis à Cabris. J’y ai passé une bonne partie de la pandémie. J’entretiens un lien spécial avec la Côte d’azur. Un jour, j’aimerais bien y prendre ma retraite. Même si ce n’est pas pour tout de suite ! Quant à mon futur projet, ça sera d’écrire un livre sur toute cette aventure. 1. Retraçant le périple, une série commandée par Ford doit sortir en juin sur la plateforme Prime Video.

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(Photo DR)

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