Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Ici, affluent tous les âges, tous les styles »

By Colette, un commerce hors norme avenue Jean-médecin. Une affaire de famille où la fille, la mère, le père, les vendeuses mélangent produits et concepts pour une alchimie inclassabl­e.

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

On rentre ici, mais on ne sait pas pourquoi. C’est ce qu’on cherche, sans vouloir plaire à tout le monde. » Vanessa Brakha résume ainsi la boutique qu’elle dirige, avenue Jean-médecin. La fameuse enseigne By Colette. Qui interpelle, enthousias­me, agace. Mais qui ne laisse pas indifféren­t avec ses fringues oversize, ses manteaux en peluches, ses jeans pendus de traviole, ses mugs, ses figurines Karl Lagerfeld, ses parfums, ses colifichet­s, ses bananes en toile, ses coussins, ses édredons, sa vaisselle… La directrice aussi étonne. Détonne. Un look pas possible, un condensé d’énergie et de vibrations positives. Cash la belle brune de 45 ans : « Je vends ce que j’aime. On ne se refuse rien avec ma mère. » Ah! Maman est dans la boucle. Colette, c’est elle. Une septuagéna­ire survitamin­ée, docteur en droit, alors que la fille est bac + 5 de finance. Le père, lui, était dentiste. « Il nous a rejointes. C’est notre directeur artistique. » Des tronches.

Fourmillan­t de mélanges. On adore ça dans la famille. Qui dit au revoir à Paris et jette l’ancre sur la Côte d’azur dans les années 80.

Un des plus gros jeaners

« On est là depuis 85. À la même adresse. Maman a commencé par Centre Ville. C’était un des plus gros jeaners de Nice avec des marques telles que Creeks, Avirex… Dans les années 1990, à l’arrivée des chaînes, maman s’est reconverti­e dans la décoration. Je faisais mes devoirs dans la réserve entre les objets Casa et Geneviève Lethu. » Flûtes à champagnes dans des vases, vasques-aquariums, services en verre… Tous les produits mode de l’époque sont là mais se brisent sur les travaux de la ligne 1 du tram. « Ils ont duré 8 ans et nous ont porté un sale coup. Moi j’étais aux États-unis, je venais d’avoir ma fille. Je suis revenue en 2006 avec, dans la tête, un concept store que j’avais repéré aux States, mixant articles vintage, gadgets, prêt-à-porter. Et puis, à Paris, il y avait le fameux Colette, même principe, mais dans le haut de gamme. Maman se prénommant Colette… On a voulu aller au bout de notre folie. Tout mêler. Nos connaissan­ces, les habits, la déco, les phrases, les mots… »

Un hommage à maman

Le commerce s’appelle d’abord Maison de vacances selon Colette. Puis By Colette. « Cette affaire, c’est un hommage à ma mère. »

D’emblée, les deux font très fort : « On a pris un jean siglé Le Temps des cerises et ont l’a accroché en l’air, à l’entrée, pour voir si les gens entraient. En fait, le plus difficile fut avec les marques qui ne comprenaie­nt pas tout ce chaos. Quant au public, il regardait le magasin comme un Ovni. » Et ça continue pour cette affaire toujours non identifiée et au credo inchangé : « Surprendre à chaque saison par la musique, les couleurs, les objets… »

Surprendre. Secouer. Faire bouger les lignes. « Avec

nos employées, Agnès et Nadezhda, nous sommes volontaire­ment irrévérenc­ieuses dans nos conseils à nos clientes. Quand celles-ci nous disent qu’à 50 ans, elles ne peuvent plus se permettre tel ou tel habit, on dit non, car 50 ans, c’est dans la tête. Se plier aux codes de la société, voilà ce

qui vieillit. Ici, affluent tous les âges, tous les styles. » Melting-pot amateur d’un casual chic, autrement dit d’un style pour tous les jours, avec, quand même, du surdimensi­onné. On a rarement du moulant sous les portiques. Les prix ? Pluriels. Du porte-clefs à 4 euros, aux pompes à

20 euros, en passant par des kimonos à 500 euros… Du basique, mais aussi des pièces pointues, qui défilent aussi sur Instagram (@bycolettel­estore), où près de 14 000 followers suivent les folles stories de Colette en goguette.

 ?? (Photo François Vignola) ?? La pétillante et solaire Vanessa (au premier plan) devant Agnès et Nadezhda : trois génération­s, trois genres différents à l’image de l’enseigne reine des mélanges By Colette.
(Photo François Vignola) La pétillante et solaire Vanessa (au premier plan) devant Agnès et Nadezhda : trois génération­s, trois genres différents à l’image de l’enseigne reine des mélanges By Colette.

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