Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Parc solaire Levens « jusqu’au-boutiste »
Risques pour la biodiversité mais aussi les biens et les personnes… L’enquête publique du parc photovoltaïque est sévère. L’état valide le permis de construire.
Les voyants rouges se multiplient mais l’état donne le feu vert. C’est une bataille remportée par le maire de Levens : la préfecture valide le permis de construire du très controversé parc photovoltaïque au sommet du mont Arpasse.
Un projet qui se veut écologique – en développant les énergies renouvelables – mais qui s’est attiré les foudres d’un très grand nombre de défenseurs de l’environnement : de la Ligue de protection des oiseaux aux élus métropolitains d’opposition écologiste.
Ils dénoncent un projet disproportionné, au coeur d’une zone protégée et à l’encontre des études environnementales… Accusant le maire de foncer tête baissée.
Et ils ont régulièrement du grain à moudre. Après les avis défavorables de la Mission régionale d’autorité environnementale et du Conseil national de la protection de la nature, voici celui de l’enquête publique. Une étape importante et obligatoire dans le processus institutionnel. Et la commissaire enquêtrice démonte le projet. À l’arme lourde : il ne « représente pas d’intérêt public majeur ».
Pour elle, le jeu n’en vaut pas la chandelle : « Il ne participe aux objectifs de production d’énergie qu’à hauteur de 0,31 % de la fourniture d’énergie aux ménages de la région Paca » et il pourrait être fait ailleurs, sur des zones déjà gagnées par des constructions humaines.
Risques majeurs pour les biens et les personnes
Pire, la chargée de mission fusille également l’impact sur la biodiversité, insectes, oiseaux, reptiles, etc. « L’indemnisation monétaire de la commune paraît dérisoire par rapport à ce qu’elle sacrifie» , estime-t-elle.
Surtout, elle évoque ses « inquiétudes » sur « l’ensemble des risques [que le parc photovoltaïque] fait courir sur les personnes et les biens ». Notamment pour le quartier de Baus-roux, au pied de la falaise, où elle liste les « chutes de blocs, éboulements en masse, glissements de terrain, affaissements, effondrements… ». Ces risques « ne sont même pas évoqués dans le dossier », « ce qui pourrait être lourd de conséquences : au bas de cette falaise se trouvent – entre autres – des habitations, une mairie annexe, et une aire de jeux pour enfants ».
« Des gens obtus »
Malgré tout, les services de l’état ont bien délivré un permis de construire le 1er mars. « L’avis du commissaire enquêteur ne lie pas l’autorité qui statue sur une demande de permis de construire. » Traduction : cet avis n’impose rien.
De quoi faire bondir Ariane Masséglia, opposante au maire de Levens et présidente de l’association Les Perdigones, qui milite contre le projet depuis le début. « Avec toutes ces accumulations, je ne vois pas comment la préfecture peut délivrer ce permis, contre tous les avis. Comme d’habitude, on fait quand même. On a affaire à des gens obtus, jusqu’au-boutistes. C’est assez fou. » Elle annonce déposer un recours.