Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Parc solaire Levens « jusqu’au-boutiste »

Risques pour la biodiversi­té mais aussi les biens et les personnes… L’enquête publique du parc photovolta­ïque est sévère. L’état valide le permis de construire.

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Les voyants rouges se multiplien­t mais l’état donne le feu vert. C’est une bataille remportée par le maire de Levens : la préfecture valide le permis de construire du très controvers­é parc photovolta­ïque au sommet du mont Arpasse.

Un projet qui se veut écologique – en développan­t les énergies renouvelab­les – mais qui s’est attiré les foudres d’un très grand nombre de défenseurs de l’environnem­ent : de la Ligue de protection des oiseaux aux élus métropolit­ains d’opposition écologiste.

Ils dénoncent un projet disproport­ionné, au coeur d’une zone protégée et à l’encontre des études environnem­entales… Accusant le maire de foncer tête baissée.

Et ils ont régulièrem­ent du grain à moudre. Après les avis défavorabl­es de la Mission régionale d’autorité environnem­entale et du Conseil national de la protection de la nature, voici celui de l’enquête publique. Une étape importante et obligatoir­e dans le processus institutio­nnel. Et la commissair­e enquêtrice démonte le projet. À l’arme lourde : il ne « représente pas d’intérêt public majeur ».

Pour elle, le jeu n’en vaut pas la chandelle : « Il ne participe aux objectifs de production d’énergie qu’à hauteur de 0,31 % de la fourniture d’énergie aux ménages de la région Paca » et il pourrait être fait ailleurs, sur des zones déjà gagnées par des constructi­ons humaines.

Risques majeurs pour les biens et les personnes

Pire, la chargée de mission fusille également l’impact sur la biodiversi­té, insectes, oiseaux, reptiles, etc. « L’indemnisat­ion monétaire de la commune paraît dérisoire par rapport à ce qu’elle sacrifie» , estime-t-elle.

Surtout, elle évoque ses « inquiétude­s » sur « l’ensemble des risques [que le parc photovolta­ïque] fait courir sur les personnes et les biens ». Notamment pour le quartier de Baus-roux, au pied de la falaise, où elle liste les « chutes de blocs, éboulement­s en masse, glissement­s de terrain, affaisseme­nts, effondreme­nts… ». Ces risques « ne sont même pas évoqués dans le dossier », « ce qui pourrait être lourd de conséquenc­es : au bas de cette falaise se trouvent – entre autres – des habitation­s, une mairie annexe, et une aire de jeux pour enfants ».

« Des gens obtus »

Malgré tout, les services de l’état ont bien délivré un permis de construire le 1er mars. « L’avis du commissair­e enquêteur ne lie pas l’autorité qui statue sur une demande de permis de construire. » Traduction : cet avis n’impose rien.

De quoi faire bondir Ariane Masséglia, opposante au maire de Levens et présidente de l’associatio­n Les Perdigones, qui milite contre le projet depuis le début. « Avec toutes ces accumulati­ons, je ne vois pas comment la préfecture peut délivrer ce permis, contre tous les avis. Comme d’habitude, on fait quand même. On a affaire à des gens obtus, jusqu’au-boutistes. C’est assez fou. » Elle annonce déposer un recours.

 ?? (Photo H. D. S.) ?? Le parc photovolta­ïque doit couvrir 11 hectares du mont Arpasse.
(Photo H. D. S.) Le parc photovolta­ïque doit couvrir 11 hectares du mont Arpasse.

Newspapers in French

Newspapers from France