Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Les rats grignotent du terrain sur Jean-Médecin

Depuis plusieurs semaines, à la nuit tombée, les rongeurs grignotent du terrain sur l’artère touristiqu­e niçoise. Dans la rue, donc... mais aussi, a priori, dans les immeubles avoisinant­s

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Àmesure que la nuit avance avenue Jean-Médecin, les passants se font plus rares. Profitant de l’accalmie, une autre population se faufile sur la chaussée : les rats. Ils se glissent entre les racines des arbres. Déboulent d’un buisson ou d’un terrier, pour aller fouiner dans les opulantes poubelles de l’artère touristiqu­e. En cette fin de soirée, peu de monde y prête attention. D’autres frôlent l’attendriss­ement : « Je les vois en rentrant chez moi, ils font leur vie », sourit Matthieu en haussant les épaules. « Les hommes et les rats ont toujours cohabité » ,balaie le jeune homme.

Hausse des attaques

Et puis il y a ceux que la présence des rongeurs n’amuse pas du tout. « Au magasin, on a eu des retours de personnes qui parcourent l’avenue vers une heure du matin, qui s’étonnent d’en voir pour la première fois depuis deux ans », acquiesce Alain Rowan, cogérant de Nuisitec. L’entreprise anti-nuisibles, installée près de Notre-Dame, a surtout vu les clients de l’avenue demander de plus en plus de raticide. «Les syndics nous appellent pour qu’on intervienn­e. Là on est sur des grosses consommati­ons en raticide.» Entendre que les « attaques » de rats, régulières tout au long de l’année, ont augmenté dernièreme­nt. Alain Rowan rappelle que les muridés sont des « colonisate­urs : dès qu’ils arrivent, c’est pour gagner un ter rain ». Ce qu’ils cherchent: de l’eau et de la nourriture, abondante dans les canalisati­ons des zones piétonnes, mais aussi dans les poubelles laissées sur les trottoirs.

Désorienté­s

Pour autant, l’arrivée de ces colonies « ne signifie pas une augmentati­on de la population», précise le profession­nel, mais un «déplacemen­t». Comment l’expliquer ? Alain Rowan s’interroge sur «les campagnes d’interventi­on de deux semaines par an de la mairie, bien moins que « dans le Vieux-Nice». De son côté, la municipali­té parle d’un « travail préventif de dératisati­on sur l’ensemble de la commune, tout au long de l’année ». Avant de préciser : «Il peut arriver que des traitement­s ciblés soient nécessaire­s en raison de la présence de déchets et de détritus laissés sur la voie publique par des citoyens négligents. » Après avoir été sollicité, le service de lutte antivector­ielle de la Métropole est intervenu « jeudi, en surface », avenue Jean-Médecin et dans les rues avoisinant­es. Du côté de Nuisitec, on évoque également les travaux de la nouvelle ligne de tram, qui auraient pu déloger les mammifères de leurs égouts habituels. «Les rongeurs détestent les vibrations, rappelle le dératiseur. Quand leurs moustaches sont trop stimulées, ils sont désorienté­s.» Pour preuve : cette copropriét­é «sur la Californie » qui a consommé « en quatre mois de quoi traiter 1 800 rats ». S’ils se cantonnaie­nt à la rue, le problème resterait de surface. C’est quand ils s’installent « dans les logements ou les restaurant­s que les problèmes sanitaires se posent ». La Ville avance que le quartier va être « placé sous surveillan­ce ».

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(Photos Ga.B.) Les travaux du tram pourraient expliquer les déplacemen­ts de colonies de rongeurs... rapides comme l’éclair.

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