Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Les rats grignotent du terrain sur Jean-Médecin
Depuis plusieurs semaines, à la nuit tombée, les rongeurs grignotent du terrain sur l’artère touristique niçoise. Dans la rue, donc... mais aussi, a priori, dans les immeubles avoisinants
Àmesure que la nuit avance avenue Jean-Médecin, les passants se font plus rares. Profitant de l’accalmie, une autre population se faufile sur la chaussée : les rats. Ils se glissent entre les racines des arbres. Déboulent d’un buisson ou d’un terrier, pour aller fouiner dans les opulantes poubelles de l’artère touristique. En cette fin de soirée, peu de monde y prête attention. D’autres frôlent l’attendrissement : « Je les vois en rentrant chez moi, ils font leur vie », sourit Matthieu en haussant les épaules. « Les hommes et les rats ont toujours cohabité » ,balaie le jeune homme.
Hausse des attaques
Et puis il y a ceux que la présence des rongeurs n’amuse pas du tout. « Au magasin, on a eu des retours de personnes qui parcourent l’avenue vers une heure du matin, qui s’étonnent d’en voir pour la première fois depuis deux ans », acquiesce Alain Rowan, cogérant de Nuisitec. L’entreprise anti-nuisibles, installée près de Notre-Dame, a surtout vu les clients de l’avenue demander de plus en plus de raticide. «Les syndics nous appellent pour qu’on intervienne. Là on est sur des grosses consommations en raticide.» Entendre que les « attaques » de rats, régulières tout au long de l’année, ont augmenté dernièrement. Alain Rowan rappelle que les muridés sont des « colonisateurs : dès qu’ils arrivent, c’est pour gagner un ter rain ». Ce qu’ils cherchent: de l’eau et de la nourriture, abondante dans les canalisations des zones piétonnes, mais aussi dans les poubelles laissées sur les trottoirs.
Désorientés
Pour autant, l’arrivée de ces colonies « ne signifie pas une augmentation de la population», précise le professionnel, mais un «déplacement». Comment l’expliquer ? Alain Rowan s’interroge sur «les campagnes d’intervention de deux semaines par an de la mairie, bien moins que « dans le Vieux-Nice». De son côté, la municipalité parle d’un « travail préventif de dératisation sur l’ensemble de la commune, tout au long de l’année ». Avant de préciser : «Il peut arriver que des traitements ciblés soient nécessaires en raison de la présence de déchets et de détritus laissés sur la voie publique par des citoyens négligents. » Après avoir été sollicité, le service de lutte antivectorielle de la Métropole est intervenu « jeudi, en surface », avenue Jean-Médecin et dans les rues avoisinantes. Du côté de Nuisitec, on évoque également les travaux de la nouvelle ligne de tram, qui auraient pu déloger les mammifères de leurs égouts habituels. «Les rongeurs détestent les vibrations, rappelle le dératiseur. Quand leurs moustaches sont trop stimulées, ils sont désorientés.» Pour preuve : cette copropriété «sur la Californie » qui a consommé « en quatre mois de quoi traiter 1 800 rats ». S’ils se cantonnaient à la rue, le problème resterait de surface. C’est quand ils s’installent « dans les logements ou les restaurants que les problèmes sanitaires se posent ». La Ville avance que le quartier va être « placé sous surveillance ».