Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« C’est une manipulation pour racheter mon centre »
Pas de plainte déposée, pas d’enquête judiciaire ouverte. Pourtant Marc Bozzetto est accusé d’agressions sexuelles. Le fondateur et directeur du centre d’ostéopathie Atman à Valbonne s’explique
Marc Bozzetto est le directeur et fondateur de l’école d’ostéopathie Atman, installée sur la partie valbonnaise de Sophia Antipolis. Accusé d’agressions sexuelles par d’anciennes étudiantes qui ont témoigné anonymement dans un reportage diffusé par France 3 Côte d’Azur, le thérapeute monte au créneau. En commençant par rappeler que ces allégations ne reposent sur aucune plainte auprès de la justice. Et que donc aucune enquête n’est en cours. Il évoque aussi la malhonnêteté de personnes qui, selon lui, espèrent, à travers ce qu’il qualifie de manipulation, racheter son établissement à un coût dérisoire.
Comment vivez-vous et réagissez-vous au reportage diffusé ce mardi ?
D’abord, j’ai été très surpris… Je trouve que ce que présente ce reportage est invraisemblable compte tenu de l’enseignement et de son application au sein du centre. Et la réaction de deux anciennes étudiantes de fin de cursus, je ne la comprends pas !
Des étudiants appellent-ils pour annuler leur inscription ?
Non, aujourd’hui, je reçois plutôt des appels qui me rassurent et disent connaître mon honnêteté. J’ai quand même ans de métier. Il faut être idiot pour penser qu’un directeur va faire des attouchements au sein de sa propre structure au risque de perdre ses propres élèves. Je le répète, aujourd’hui, il n’existe aucune plainte.
Allez-vous engager des poursuites pour vous défendre ?
C’est à mes avocats de répondre à cela… Je suis furieux, tout le monde peut le comprendre. Du coup, hier j’ai voulu parler à mes étudiants. Nous avons donc diffusé le reportage incriminé. Il faut comprendre que les étudiants ont un cursus qui dure cinq ans. Et je continue d’enseigner après ce cursus. Je le fais au Canada et dans d’autres pays. On leur a donc expliqué ce qu’on enseignait dans ce cas précis. C’est-à-dire, les gestes que l’on réalise sur le bassin d’une femme par exemple… Le but étant de leur montrer que ces gestes ne sont rien de plus que de la pratique d’ostéopathie pelvienne.
Comment ont-ils réagi ?
Très bien. Leur principale peur, c’est que l’on ferme le centre. On leur a expliqué qu’il n’y avait pas de raison. Cette affaire va me permettre en tant que responsable de l’ostéopathie de porter le problème au niveau national sur une nouvelle approche à adopter en matière de déontologie.
Mais pour revenir à vos avocats, que comptent-ils faire ?
Ils ont les cartes en main. Mais c’est vrai qu’on ne peut pas accepter ce qui a été diffusé, surtout sans preuves. Avec les conséquences que cela peut avoir sur la réputation du centre et la mienne.
Donc vous allez engager des poursuites ?
Oui, bien sûr. Mais nous allons transformer cela en positif.
C’est-à-dire ?
On va vraiment ouvrir une réflexion : il existe aujourd’hui un problème d’interprétation. Comment faire pour y remédier ? On peut imaginer faire signer une décharge à tous les patients, homme et femme, avant lune consultation. Un document demandant au patient s’il accepte ou non qu’on lui manipule le bassin. C’est une contrainte supplémentaire mais cela semble être inévitable.
Malgré l’absence de preuves, ces témoignages vous accablent…
On ne sait pas à l’avance comment les gens vont réagir. C’est là tout le problème. Dans le reportage on parle de pénétration or il n’y a aucune pratique de ce genre dans l’ostéopathie. Jusqu’en et la reconnaissance officielle de cette technique, j’étais président de l’académie regroupant les quinze collèges de France. À l’époque, ils avaient tous dans leur enseignement une partie gynécologie interne. Depuis , les médecins ont demandé qu’il n’y ait plus de manipulation interne. Donc il a fallu ressortir des techniques anciennes, auxquelles j’ai ajouté des techniques de médecine traditionnelle chinoise. Et notamment les points d’acuponcture situés autour du bassin. Donc, encore une fois, tout se passe à l’extérieur du corps.
Les témoignages évoquent des consultations individuelles dans une pièce fermée à clé…
Comment voulez-vous travailler avec un patient, qui doit se déshabiller, si tout le monde peut entrer… Voilà pourquoi je ferme à clé.
Une affaire au Canada est évoquée dans le reportage… que s’est-il passé ?
C’est exactement la même chose. Il s’agit d’une élève, enseignante en ostéopathie au collège de Montréal, qui m’a demandé de lui enlever les adhérences d’une cicatrice de césarienne. J’étais malade et fatigué. Je lui ai dit que je n’avais pas le temps car je repartais le lendemain. Puis je suis rentré à mon hôtel, qui se trouve en face. Et elle est venue directement taper à la porte de ma chambre en insistant. C’est quelqu’un que j’ai vu pendant cinq jours, qui est étudiante et enseignante… Je pars du principe qu’elle est au courant des pratiques et je l’ai donc traitée. Au final, je crois surtout que tout cela a été monté pour me déstabiliser et ainsi affaiblir le centre dans un but bien précis.
Lequel ?
Des actions juridiques sont en cours… Mais clairement, des personnes sont en train, depuis le Canada, de manigancer quelque chose afin de pouvoir racheter le centre à bas prix. Donc ces gens font tout pour me discréditer puisque je suis le directeur et le fondateur du centre. Tout ça en pensant que je partirai plus facilement.
On vous a approché pour racheter votre école ?
Oui et j’ai refusé. Je connais ces personnes.
Les deux anciennes étudiantes ainsi qu’un ancien professeur qui témoignent dans le reportage sont liés à cela ?
Quel professeur ? C’est faux. Ce n’est pas un enseignant. Nous ne lancerons aucune procédure à l’encontre des deux jeunes filles car nous respectons leur mauvaise interprétation de la situation. Mais, en revanche, le fait de faire parler un ancien enseignant qui n’en est pas un, cela me choque. Il s’agit vraiment d’un témoignage à charge. C’est difficile de laisser passer ça.
‘‘ Je suis furieux, tout le monde peut le comprendre ” ‘‘ On ne peut pas accepter les faits ainsi relatés ”