Nous Deux

Romantique Un défi pour aimer

Alors que son fils a 7 ans, Bérénice n’a qu’une envie : avoir un autre enfant. Mais il lui faut trouver un père. Comment pourrait-elle rencontrer quelqu’un ? Son amie Emilie lui lance un défi.

- GÉRALDINE BINDI bindi.geraldine@free.fr

uand l’envie du deuxième enfant s’invita, plus moyen de la congédier. Le genre de désir qui fait plaisir sur le coup – n’a-t-on pas besoin de rêver ? –, mais qui met franchemen­t dans l’embarras quand on lui fait comprendre que, là, en fait, ce n’est pas vraiment le moment. Du moins, c’est bien beau, tout ça, mais il faudrait reprendre le cours normal de sa vie pour l’instant, et pourtant ce souhait fugace refuse de partir.

Cette soudaine envie enthousias­mait Bérénice.

S’imaginer enceinte d’un deuxième enfant lui donnait des ailes, des bouffées de bonheur, l’enflait d’une foi qu’elle ne se connaissai­t pas.

Une famille… Ses proches avaient beau lui dire qu’elle en avait déjà une, puisqu’il y avait Marsault, Bérénice se voyait comme une mère célibatair­e avec un enfant de 7 ans.

N’était-ce pas ainsi que la société les nommait, elle et son fils ?

Oh, elle n’était pas malheureus­e – enfin, plus, le malheur s’était dissous avec le temps –, mais elle se sentait incomplète. Il lui manquait un autre enfant. Un homme aussi, mais c’était différent, un désir plus raisonné, une mélancolie diffuse, le souvenir des joies qu’offrait le couple, tempéré par celui, plus vivace encore, de ses déceptions. Tandis que cette envie de deuxième lui était tombée dessus. Sans raison objective. Comme on contracte une maladie. Ça la retournait comme une crêpe, l’inondait sans prévenir de larmes de crocodile. Depuis que Bérénice avait ce souhait, plus moyen de penser à autre chose, non mais c’était dingue, il y avait tellement de gosses partout !

– Comment veux-tu que je n’y pense pas ? Regarde !

Et d’un signe de tête, depuis la terrasse du café où elle s’était installée avec son amie Emilie, Bérénice montrait à son amie une poussette qui passait juste devant elles, puis une autre un peu plus loin, et une ribambelle de frères et soeurs qui se tenaient la main sur le trottoir d’en face.

De quoi lui faire exploser le coeur, de plus en plus sensible ces temps-ci, surtout depuis que sa soeur l’avait traînée dans la salle d’attente de la maternité, pétrifiée à l’idée qu’on puisse lui annoncer l’arrivée d’un autre garçon.

– Une fille. Pitié, que ce soit une fille ! répétait Elvine en boucle comme pour conjurer le mauvais sort qu’elle pressentai­t disposé à s’acharner sur elle. Enceinte de son quatrième – à croire qu’elle ne s’arrêterait jamais –, Elvine n’avait pas conscience de l’épreuve qu’elle imposait à sa soeur. Finalement, le gynécologu­e d’Elvine lui avait annoncé un garçon. Encore. Elle n’en pouvait plus des garçons. De leurs super-héros, jeux vidéo et autres lubies qui la maintenaie­nt à l’écart du clan. Elle n’y survivrait pas. Et s’accrochant au bras de sa soeur pour ne pas s’écrouler, elle retint ses sanglots jusqu’à la sortie.

Bérénice en conclut que chacun voyait bien le désastre à sa porte, ce qui lui permit au moins de relativise­r le sien.

Entre Emilie qui filait le parfait amour depuis le lycée – « sans gamins dans les pattes », comme elle disait – et sa soeur qui en pondait un tous les deux ans, Bérénice se faisait l’effet d’être un cas. La fille à problèmes. Celle pour qui tout capotait.

Depuis des années Emilie et elle se retrouvaie­nt dans ce café du 7e arrondisse­ment de Lyon dès qu’elles en avaient l’occasion. Et en ce moment même elles dégustaien­t le café du jour, aux épices. Divin, d’après Emilie. Sans commentair­e pour Bérénice, trop occupée à suivre des yeux la fratrie qui s’éloignait au rythme du plus petit, et de chasser sa frustratio­n.

Elle devait se rendre à l’évidence : elle n’avait personne dans sa vie. Aucun père potentiel en vue. Le désert absolu et éternel.

– N’exagère pas, l’encouragea Emilie, il va finir par arriver, ton spécimen. Et puis si tu étais moins difficile, aussi… Sexy, sportif, réservé juste ce qu’il faut et au top de la culture théâtrale, ça fait beaucoup pour un seul homme !

– Arrête, c’est toi qui exagères !

Bérénice n’allait tout de même pas coucher avec le premier venu. Elle avait besoin d’être séduite, d’y croire. D’un peu de romantisme, quoi. Emilie s’inquiétait pour son amie. Son obsession pour un nouveau bébé cachait quelque chose. Bérénice devrait peut-être consulter quelqu’un. Elle voulait un bébé, et n’en démordait pas.

– Tu devrais trouver un amant pas trop mal et il te ferait ton deuxième ! plaisanta Emilie.

– T’as pas une meilleure idée ?

Si la vie monoparent­ale convenait à Bérénice, faire à nouveau un bébé toute seule ne lui convenait pas du tout. L’inséminati­on artificiel­le, ce n’était donc pas pour elle non plus. Les sites de rencontres ? Elle avait déjà donné et en était vite partie : et la magie, dans tout ça ? C’était Emilie qui avait insisté pour l’inscrire et aujourd’hui, elle ne savait plus quoi faire pour aider son amie.

Bérénice allait de plus en plus mal. Elle se mettait à pleurer pour un oui ou pour un non. Et piquait régulièrem­ent des crises de nerfs, comme cette fois où sa propre mère lui avait suggéré de se contenter de Marsault.

Un, c’était déjà bien, non ? Ce genre d’argument la rendait folle. De quel droit pouvait-on énoncer des inepties pareilles et la condamner à un sort qui la ferait mourir de tristesse ?

Non, elle était faite pour deux, c’était vissé en elle, elle voulait entendre des chamailler­ies, courir d’une école à l’autre, fondre de voir ses enfants se câliner, confier au grand la responsabi­lité de donner sa purée au petit…

Elle était prête. Marsault aussi, même s’il évitait d’en parler à sa mère, parce qu’il avait remarqué qu’après elle était triste.

Au salon de coiffure qui l’employait, Bérénice perdait ses moyens dès qu’une mère entrait avec son bébé. Récemment, une cliente lui avait demandé de donner un ou deux coups de ciseau sur les mèches inégales qui recouvraie­nt les oreilles de son petit, Bérénice avait dû lutter de toutes ses forces pour ne pas s’enfuir avec lui.

Emilie avait mis cette lubie de Bérénice sur le compte de l’horloge biologique. Est-ce qu’on pouvait négocier avec la nature ? Non. Quand c’est le moment, c’est le moment. Point barre. L’heure de la ménopause ne se négociait pas non plus.

– Tu plaisantes ou quoi ? s’offusqua Bérénice. J’ai encore le temps ! Enfin, j’espère…

Bérénice venait tout juste d’avoir 31 ans. Elle aurait aimé avoir une tripotée d’enfants dans la foulée de Marsault, mais voilà, on ne choisissai­t pas toujours sa vie. Du moins essayait-elle de s’en persuader, pour se décharger de ce fardeau qu’elle portait malgré elle, celui d’être responsabl­e de ses mauvais choix. Enceinte de son six mois, Bérénice avait entendu l’inaudible : le futur père de son fils était amoureux d’une autre, il la quittait pour vivre librement sa passion. Pour finir de l’achever, l’heureuse élue attendait, elle aussi, un heureux événement. Elle eut si mal qu’elle eut peur d’en perdre son bébé.

Etait-ce seulement une question d’hormones, comme le suggérait Emilie ? Bérénice avait lu quelque part que certaines femmes pouvaient être frappées d’une ménopause précoce. Depuis, la moindre bouffée de chaleur lui faisait craindre l’imminence de l’irréversib­le. Il lui fallait sans aucun doute hâter sa destinée.

– Fais congeler tes ovocytes, si ça peut te rassurer ! lui avait conseillé sa soeur.

Ça, c’était bien Elvine. Elle lui avait lancé ça comme elle aurait parlé d’un surplus de viande qu’il ne fallait pas gâcher. Bérénice n’était pas prête pour ce genre d’acte, d’autant qu’elle ne pensait pas encore être au bord du désespoir – même si c’était ce que chacun pensait.

Ce soir-là, une fois Marsault au lit, elle se perdit sur les réseaux sociaux où les challenges se multipliai­ent : défi des deux semaines sans râler, des vingt jours pour libérer sa créativité, des trois mois pour écrire un livre… Une idée loufoque illumina sa soirée : elle allait se donner trente jours pour trouver un amoureux.

Le lendemain, elle fit part de son projet à Emilie.

– Il va falloir être méthodique, s’amusa Emilie qui vivait une vie moins rangée que Bérénice.

Elle lui conseilla de faire chaque jour quelque chose de nouveau, se rendre dans un endroit qu’elle ne connaissai­t pas, aborder des inconnus. N’importe qui. Une femme, un vieillard, peu importe, mais il fallait s’ouvrir aux autres. Car ces autres avaient de la famille, des amis, et elle pourrait ainsi rencontrer quelqu’un. Ces mots la mettraient sur le chemin de son rêve. Puisque les sentiers qu’elle empruntait depuis des années s’étaient avérés sinueux, il lui fallait en inventer d’autres, quitte à se tromper de direction ou à faire demi-tour.

Dès son premier jour de défi, Bérénice se sentit devenir l’aventurièr­e de sa vie. C’était curieux mais avant ça, elle n’avait jamais pris conscience de son ennui. Au petit déjeuner, elle avala des céréales et un grand bol de thé blanc à la grande surprise de Marsault, habitué à sentir l’odeur du café dès le lever.

Tous deux s’amusèrent ensuite à mettre des CD de rock plutôt que la radio, improvisèr­ent un itinéraire inédit pour aller à l’école de Marsault, et Bérénice en choisit un autre qui lui fit faire un grand détour pour retrouver son salon.

En chemin, elle repéra une friperie dont la vitrine exhibait moult accessoire­s en cuir et se promit d’y revenir. Ne trouvant cependant personne avec qui engager la conversati­on, elle parla à un moineau qui glanait, indifféren­t, quelques miettes de pain sur le bas-côté.

Alors une dame s’approcha et lui expliqua en souriant qu’elle aussi aimait les oiseaux et qu’elle leur avait d’ailleurs consacré un livre. Incroyable ! Ce défi prenait déjà des airs fabuleux…

En retard de quelques minutes, Bérénice franchit d’un pas léger le seuil du salon de coiffure ; la patronne, qui notait chacun de ses délits dans un carnet, pointa sur elle un crayon accusateur. Dans la journée, Bérénice s’empara plusieurs fois du balai, à la surprise de la jeune stagiaire, et lui proposa de lui prêter sa tête pour quelques mèches afin de s’entraîner, si ça lui disait.

Marsault sauta dans les bras de sa mère aux cheveux multicolor­es.

– T’es trop belle, maman !

Bérénice aussi était ravie du résultat, et il lui sembla avoir retrouvé ses 20 ans tant elle se sentait hardie.

Les jours suivants elle redoubla de créativité, programman­t même une séance de cinéma alors qu’elle avait toujours détesté sortir seule. Sa propre compagnie ne lui parut plus aussi pesante, sa joie la lui rendait même plutôt agréable. Tout lui semblait possible désormais, et son souhait le plus cher en fut débarrassé de son inhérente gravité. Ce soir-là au cinéma – tandis qu’elle avait osé déranger sa mère pour garder Marsault –, elle ne pensa pas à scruter les rangs pour tenter d’y dénicher son homme. Le film n’était pas un chef-d’oeuvre, mais elle rit beaucoup. En sortant de la salle obscure, une voix grave la surprit :

– Vous avez un rire communicat­if. Grâce à vous, j’ai passé un très bon moment.

Elle marchait vers les quais du Rhône, l’homme voulut savoir si elle rentrait par là.

– Pourquoi pas. Je me demandais justement quel chemin prendre. – Vous n’êtes pas d’ici ? Vous avez besoin d’un guide ?

Bérénice s’amusa de ces questions. Elle dévisagea l’homme : plutôt charmant.

Attention, elle ne devait pas se précipiter sur le premier venu ! Il restait encore quinze jours pour ce défi. D’autres rencontres en perspectiv­e, donc. Ou peut-être pas… Comme elle restait silencieus­e, absorbée dans ses réflexions, l’homme s’excusa :

– Je vous laisse marcher seule, si vous préférez.

– Non, non. J’accepte un peu de compagnie…

Ils parlèrent cinéma et actualité, Bérénice s’interdisan­t d’entraîner Adrien – ils avaient échangé leur prénom – sur le terrain du spectacle vivant, elle savait que beaucoup n’allaient jamais au théâtre, ce qu’elle trouvait très dommage.

Quand ils se quittèrent pudiquemen­t – Adrien devait « bifurquer là » –, le jeune homme remercia Bérénice pour ce moment et il lui confia qu’il allait retrouver, pour finir la soirée, Shakespear­e.

Shakespear­e ? Elle qui avait toujours aimé le théâtre ! Avait-elle bien entendu ? Il lisait du théâtre !

– Shakespear­e ? demanda-t-elle.

– Oui, je l’étudie avec mes élèves…

Des élèves ? Se pouvait-il qu’il exerce le métier qu’elle avait toujours voulu faire ?

Cette nouvelle paralysa Bérénice.

– Moi, je ne suis qu’une petite coiffeuse, dit-elle songeant à la carrière qu’elle aurait aimé avoir dans l’enseigneme­nt.

– Mais il en faut aussi, s’amusa-t-il.

– Oui, sans doute. Mais j’ai toujours aimé la littératur­e… ça m’aurait plu aussi d’enseigner.

Ils échangèren­t encore quelques mots et Adrien s’éloigna en agitant timidement la main.

Pourquoi ne lui avait-il pas proposé de la revoir ? ou demandé son numéro ? Et elle agitait aussi la main, fébrile, craignant de laisser s’échapper celui qu’elle attendait.

Bérénice raconta sa soirée à Emilie, devant une pyramide de chantilly qui s’écroulait sur son cappuccino.

– T’imagines ? Et si c’était lui le nouvel homme de ma vie et que je l’avais laissé filer…

Elle était sur le point d’éclater en sanglots.

– Bah, vous allez peut-être vous croiser de nouveau, tenta Emilie. – Dans une ville comme Lyon ? Je ne crois pas ! Une mère dont le bébé en pleurs exigeait un allaitemen­t immédiat s’installa en catastroph­e à la table d’à côté. Ce genre de scène ébranlait toujours Bérénice. Mais aujourd’hui, elle se surprit à avoir envie de rire ! C’était étrange, elle se sentait tellement légère de n’éprouver aucun chagrin. Tout d’un coup, elle se leva et rassembla ses affaires. – Tu vas où ? – Tout va bien, Emilie ! Ne t’inquiète pas ! dit-elle en posant un billet sur la table. Et elle sortit. Emilie la rattrapa dans la rue. Bérénice lui parla de la friperie repérée un matin, de son envie de renouveau. Elle voulait continuer de se laisser surprendre, rester ouverte à l’inconnu. Ne surtout pas se départir de son sourire ni de son optimisme. N’était-ce pas son rire qui avait guidé Adrien jusqu’à elle dans la salle noire du cinéma ? Son obsession d’enfant l’avait quittée depuis qu’elle avait croisé la route d’Adrien. Arrosait-on un rêve avec des pierres ? Elle avait l’impression de respirer à nouveau. Emilie la regarda s’éloigner en trottinant, cette fille était épatante…

Une semaine plus tard, quand le carillon de la porte retentit, Bérénice ne détourna pas le regard vers l’entrée du salon.

Elle entendit la patronne demander :

– Vous avez un rendez-vous ? Qui vous coiffe d’habitude ?

– C’est la première fois que je viens, mais j’aimerais que ce soit Bérénice.

Elle se retourna en entendant son prénom : Adrien se tenait au milieu du salon, un sourire sur le visage. Il l’avait retrouvée ! Elle eut envie de sauter dans ses bras.

Bérénice l’installa au bac. Elle prit le temps de lui faire un long massage crânien – le moment préféré des clients.

Adrien ferma les yeux, sourire aux lèvres, pendant que les doigts de Bérénice s’appliquaie­nt à malaxer doucement son cuir chevelu. Ensuite, face au miroir, il ne la quitta plus des yeux.

Elle avait du mal à se concentrer sur ses gestes. Par chance, il n’y avait presque rien à couper : ses cheveux étaient déjà très courts. Ce rendez-vous n’était qu’un prétexte pour la revoir.

Ses ciseaux s’acquittaie­nt de leur tâche au ralenti, Bérénice voulait garder ce client entre ses mains le plus longtemps possible.

Leurs yeux se faisaient la cour, leurs lèvres se racontaien­t des tas de choses. Bérénice parla de son fils, Adrien de ses élèves, de leur goût commun pour le théâtre.

– Il y a un film que je veux voir au Pathé demain. Les frères Coen, vous aimez ?

– Oui, je crois, j’ai vu quelques films…

– Vous viendriez avec moi ?

– Oui, bien sûr, dit-elle avec enthousias­me.

La patronne s’approcha pour l’informer qu’une cliente habituée l’attendait pour son brushing. Bérénice s’excusa et la vieille dame lui fit un clin d’oeil pour lui signifier qu’elle pouvait patienter.

Elle termina la coupe d’Adrien, lui passa un léger plumeau sur le visage pour enlever les cheveux. C’était comme une caresse. Adrien la remercia et se dirigea vers la caisse.

Il sortit sa carte bleue, se tourna une dernière fois vers Bérénice et lui remit un morceau de papier.

Elle le déplia : il s’agissait de ses coordonnée­s. Il avait pensé à tout. – A demain ! lui lança-t-elle quand il sortit du salon.

Le lendemain, dès que la salle fut plongée dans l’obscurité, Bérénice espéra que son voisin lui prenne doucement la main. Plusieurs fois leurs jambes se frôlèrent, et Bérénice dut reconnaîtr­e que cet homme lui faisait de l’effet. Enfin, après un éclat de rire complice, il attrapa sa main pour ne plus la lâcher.

Tous deux savouraien­t cette proximité, aussi restèrent-ils assis, même une fois le générique fini. Il fallait prolonger ce moment, ne pas dire un mot pour ne pas briser le charme.

Lorsqu’ils durent quitter la salle, ils se regardèren­t avec tendresse.

Bérénice sut qu’ils allaient bientôt s’embrasser. Leurs mains se séparèrent pour leur permettre de remettre leur veste, et elles se retrouvère­nt aussitôt après.

Adrien exerçait une légère pression sur les doigts de Bérénice, comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, qu’il marchait bien main dans la main avec cette femme qu’il trouvait aussi belle que passionnan­te.

En sortant, ils échangèren­t quelques propos sur le film – il leur avait plu à tous deux.

– Vous voulez dîner ? demanda Adrien, en désignant la devanture d’un bouchon.

Bérénice s’approcha très près de lui, la proximité permise par la salle noire lui manquant déjà. – Tout pour ne pas vous quitter…, dit-elle.

Adrien, dont les lèvres s’avancèrent vers celles au rose brillant qui lui faisaient face, lui répondit :

– Je n’ai pas l’intention de vous quitter…

Ils s’embrassère­nt.

Les jeunes amoureux restèrent l’un contre l’autre. Des passants les bousculaie­nt et ils durent se séparer. Bérénice glissa un bras autour de la taille d’Adrien et plaça le sien sur son épaule.

Leurs yeux se faisaient la cour, leurs lèvres se racontaien­t des tas de choses.

Ils avaient l’air d’un couple qui se connaissai­t bien, et qui s’aimait depuis longtemps.

Ils passèrent un délicieux moment en tête à tête dans ce restaurant, rirent autant qu’ils se régalèrent.

Adrien semblait d’un naturel si joyeux, Bérénice était sous le charme.

Lui aussi, et il le lui dit.

Elle lui avoua le défi qu’elle s’était lancé, ce qui le fit sourire, ça avait donc marché !

Bérénice se sentait prête à tenter un bout de chemin avec Adrien, un chemin qu’ils traceraien­t ensemble…

Est-ce qu’il désirait avoir des enfants ? La question lui traversa l’esprit, mais elle n’en parla pas. On verrait bien. Adrien les aimait, il s’était montré curieux quant à l’existence de Marsault. Il serait un bon beau-père, elle n’en doutait pas. Et sans doute aussi un homme formidable. Pour le reste, elle verrait bien.

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