“AUJOURD’HUI, LES ARCHITECTES NE PENSENT PLUS QU’UN BÂTIMENT RÉUSSI L’EST AUSSI PAR LA QUALITÉ DE SES RIDEAUX.”
FR
exemple, l’idée de claustra [paroi ajourée] ou de séparation, comme nous l’avions développée au sein de l’exposition 17 Screens/17 Écrans en 2016 [à Rennes], en nous intéressant à la qualité “transgenre”, qui mêle la question de la fonction avec la singularité et la délicatesse. Deux termes peu utilisés en urbanisme. Aujourd’hui, les architectes ne pensent plus qu’un bâtiment réussi l’est aussi par la qualité de ses rideaux. Ils n’ont plus le temps, ou les enjeux sont ailleurs. Nous venons pourtant d’un XXE siècle qui a vu des architectes s’intéresser à la globalité d’un bâtiment, du général au singulier. Je pense aux tapisseries de Le Corbusier, ou à l’attention apportée par Alvar Aalto aux robinets et aux poignées de portes.
Vous avez imaginé, pour la Bourse de commerce, du mobilier : des chaises, des banquettes…
Les chaises sont grises dans les espaces, noires lorsqu’elles sont en relation avec les vitrines historiques qui ornent les murs de la rotonde. Une corde, la même que pour les barrières délimitant les espaces, remplace les repose-bras, de telle manière que la chaise disparaît.
Vous avez également créé des tapis à destination du grand salon qui accueille les visiteurs.
L’une des questions permanentes de notre travail est celle de la qualité de l’atmosphère. Le visiteur doit se sentir important lorsqu’il entre dans la Bourse. Comment l’accueille-t-on ? Que peut-on faire pour que cette atmosphère soit moins artificielle, plus minérale ? Nous voulons créer un environnement absorbant, en jouant sur l’acoustique notamment. Nous travaillons depuis deux ans sur la confection de tapis. Ces choses très simples doivent supporter un usage intense. La robustesse est essentielle.
En quoi consiste la technique originale de ces tapis ?
Je me suis trompé pendant un an et demi et personne n’a osé me le dire ! Tout le monde a été rassuré quand j’ai changé mon fusil d’épaule. J’aime beaucoup les tapis, ceux que l’on porte à dos de chameau, je suis fasciné par les techniques anciennes du kilim utilisées dans le désert. J’aime le côté nomade du mobilier : rien
EN
Is your way of understanding objects and public space in terms of emptiness and fullness comparable to an architectural approach like Tadao Ando’s?
For 20 years now, much of our work has been linked to the structuring of space. I don’t consider myself an architect, even if some of our principles are architectural, for example the idea of a claustra or perforated divider such as we developed in the exhibition 17 Screens/17 Écrans in 2016 [in Rennes], focusing on a “trans-genre” quality mixing function with singularity and delicacy – terms that are rarely used in urbanism. Architects no longer seem to think a building is also successful because of its curtains: they don’t have time or other things are at stake. And yet we we come from a 20th century where architects took care of everything: I’m thinking of Le Corbusier’s tapestries or Alvar Aalto desiging all the fittings right down to the taps and door handles.
You have designed furniture specifically for the Bourse, including chairs and benches.
The chairs are grey when standing in space and black when positioned near the historic display cases that run round the rotunda. A rope, of the same sort used for the barriers, replaces the armrests, so the chairs seem to disappear.
You also designed carpets for the visitors’ hall.
A recurring question in our work is atmosphere. Visitors should feel important when entering the Bourse. How do we welcome them? What can we do to make the atmosphere less artificial, more mineral? We wanted to create an absorbent environment, in particular acoustically. We spent two years on these carpets: they have to endure heavy daily use, so it’s essential that they’re robust.
The fabrication technique is unusual.
I was going in the wrong direction for a year and a half and no one dared tell me! They were all so relieved when I finally