Catherine Millet, Simon Liberati, Oscar Coop-phane, Nicolas Rey
On ne présente plus Catherine Millet. Directrice de la revue Art Press, qu’elle a fondée en 1972, et commissaire d’exposition, c’est à la faveur d’une déflagration médiatique que cette figure de l’art contemporain gagne en 2001 une existence au-delà des frontières de sa discipline. En cause : La Vie sexuelle de Catherine M., récit d’une vie de libertinage pensée comme une exploration rigoureuse, presque conceptuelle. Fausses indignations mises à part, l’ouvrage, qui régale plus d’un voyeur, connaît un succès retentissant. C’est donc en experte de la pulsion scopique que Catherine Millet se penche sur les mécanismes du culte de soi (p. 118). Passer à la postérité pour son talent d’écriture, quoi de plus commun pour un écrivain. Non content d’avoir raflé le prix de Flore en 2009 pour L’Hyper- Justine, puis le prix Femina en 2011 pour son roman dédié à Jayne Mansfield, Simon Liberati s’est aussi illustré par sa capacité à défrayer la chronique. En 2008, sa garde à vue aux côtés de Frédéric Beigbeder sacre cet homme de lettres ultra-parisien, auteur de 113 études de littérature romantique, dont les nuits blanches sont aussi intenses que ses séances d’écriture fiévreuse à la campagne. Loin des frasques qu’il affectionne, l’auteur concentre ici ses esprits sur le culte d’une médaille censée accomplir des miracles (p. 220). Un prix de Flore en 2012 pour son premier roman ZénithHôtel à 24 ans, une vie déjà écartelée entre un parcours exemplaire (hypokhâgne et khâgne) et la fréquentation de milieux interlopes peu recommandables, des soirées technos berlinoises à l’exercice des fonctions de barman dans les bas-fonds du Xe arrondissement de Paris. Fort de sa dégaine de gentleman bien sous tous rapports, Oscar Coop-Phane est un aventurier qui est déjà parvenu à toucher les cieux ou à réconcilier les dieux. Quoi de plus normal, pour un jeune homme si pressé, que de prêter sa plume à l’évocation du culte de la vitesse en tandem avec le photographe Jean-Baptiste Mondino (p. 154). De sa pratique intensive du harcèlement par SMS (telle qu’il s’en est récemment vanté dans un magazine masculin de petite vertu) à sa présence régulière et persistante sur les ondes radiophoniques ou les plateaux de Canal +, toute la vie de Nicolas Rey semble s’articuler autour d’un seul mot : “chronique”. Le temps de transmission d’un texto à son destinataire étant aujourd’hui réduit à néant, c’est donc un véritable prodige qu’accomplit le chroniqueur de l’émission de Pascale Clark et auteur de Mémoire courte (prix de Flore 2000), Courir à trente ans et L’Amour est déclaré, en trouvant le temps d’évaluer, entre deux messages envoyés, la pertinence du culte de la spiritualité de nos jours (p. 182).