Cure de jouvence
Malgré la censure qui frappe ses films ou ses expositions, Larry Clark poursuit depuis 1971 son exploration de la vie intime des adolescents, entre scènes de sexe cru et cultures urbaines. À 70 ans, le réalisateur tourne à Paris un nouveau film sur les sk
Quand, en 1995, est sorti son premier film, Kids, tourné dans les skateparks de New York, un public plus large que celui auquel il était habitué pour son travail photographique (notamment
Tulsa, 1971 et Teenage Lust, 1983) a découvert le style fulgurant de Larry Clark, son regard à la fois cru et sentimental sur les affres de la jeunesse, son instinct incroyable pour repérer de nouveaux visages dans les milieux underground. D’Harmony Korine, le scénariste alors âgé de 22 ans, à Chloë Sevigny et Rosario Dawson, plusieurs personnalités importantes du film ont connu une carrière majeure après ce coup d’essai. De son côté, Larry Clark a passé les deux décennies suivantes à rattraper le temps perdu, auteur de six nouveaux longs-métrages, dont les magnifiques Ken Park (2003) et Wassup Rockers (2006). Âgé aujourd’hui de 70 ans, il n’a toujours pas baissé la garde et tournait cet été son premier film à Paris, The Smell of Us – en partie financé par le biais du crowdfunding (financement participatif) – écrit par Mathieu Landais, alias Scribe, un jeune poète nantais de 23 ans. Juste avant, il avait réalisé Marfa Girl exclusivement pour son site Internet. Dans un contexte mondial sinistré pour le cinéma d’auteur, Larry Clark a décidé d’avancer coûte que coûte avec la rage des survivants. Il a déjà plusieurs projets d’avance et aimerait en tourner deux l’année prochaine, le premier au Texas, le second en Italie. Nous l’avons rencontré au mois de juin, près de son domicile parisien provisoire, juste après sa descente d’avion en provenance de Los Angeles.
Numéro Homme : Vous arrivez de Los Angeles. Que faisiez-vous là-bas ?
Larry Clark : J’ai accepté de participer à un shooting pour une entreprise japonaise. Souvent, je refuse ce genre de choses, mais les modèles étaient les acteurs de mon film Wassup Rockers. Ils ont été rémunérés. Cela les aidera à partir en tournée avec leur groupe. Aujourd’hui, ils ont entre 22 et 26 ans. Je les connais depuis exactement dix ans. La plupart habitent encore dans le même quartier au sud de Los Angeles. Jonathan et Eddie sont toujours guitariste et batteur. Ils jouent un mélange de rock et de blues différent du punk rock qu’on entend dans mon film, et qui sonne bien. Autour de chez eux, les espaces ont changé, ils ont été aménagés. Beaucoup de jeunes Noirs viennent faire du skate à leurs côtés depuis trois ou quatre ans. Dans le quartier, les Noirs et les Latinos sont censés se détester ; c’était même le sujet de
Wassup Rockers. Aujourd’hui ils cohabitent. Socialement, c’est fort. Les flics les laissent tranquilles car ils savent qu’ils s’amusent. Ils fument beaucoup d’herbe, c’est tout. [Rires.]
Rester en contact avec la culture de la rue a-t-il toujours été votre credo ?
Tous mes films ou presque reposent sur cette idée. Mon nouveau long-métrage The Smell of Us s’inspire de cette méthode. Lors de ma rétrospective photo au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2010, j’avais rencontré Scribe, un jeune poète, au Trocadéro, le haut lieu du skate à Paris. Ce qui se passait là m’a rappelé l’atmosphère de Washington Square Park à New York en 1992 – là où j’ai tourné Kids. Il y avait des adolescents de toutes les nationalités…
L’idée de votre nouveau film est- elle venue en les observant ?
Tout à fait. Mais mon envie de tourner en France remonte à plus longtemps. Tout a débuté en 1995, sur une plage, pendant le Festival de Cannes. Je me promenais avec Harmony Korine [qui a écrit le scénario de Kids]. Nous avons croisé des jeunes avec un skate sous le bras et nous les avons invités à la projection de
Kids en compétition officielle. Autour du tapis rouge, il y avait tous ces gens bien habillés qui patientaient, tandis que les skateurs montaient les marches. C’était super. Cela m’a donné l’idée d’un film qui parlerait des adolescents français, de leur manière de grandir dans la société… J’en ai touché un mot au producteur Vincent Maraval. Mais il était persuadé que cela ne marcherait jamais car je ne suis pas français. Le problème est que je ne suis pas un homme à qui il faut lancer ce genre de défi. Me voilà en France, dix-huit ans plus tard, prêt à tourner !
The Smell of Us sortira-t-il en salle ?
Oui.
Votre précédent film, Marfa Girl, a été diffusé uniquement en VOD. Vous
n’avez plus eu envie de poursuivre dans cette voie hors système ?
Marfa Girl
était en fait destiné à mon site Larryclark.com. Je voulais réaliser un film uniquement pour Internet, me rapprocher de la génération qui regarde les films et les séries de cette manière. L’autre raison, c’est que j’ai voulu travailler en toute indépendance, sans les contraintes liées aux syndicats. Le film a coûté environ huit cent mille dollars alors que la somme aurait approché les trois millions si j’avais voulu une exploitation traditionnelle. Mon salaire aurait dû être beaucoup plus élevé, par exemple. Mais il y a un inconvénient : je ne peux pas sortir Marfa Girl en DVD.
Le tournage a-t-il eu lieu en mode guérilla ?
Marfa Girl est un peu particulier dans ma filmographie. Je l’ai vraiment fabriqué de mes propres mains, écrit et réalisé sans aide extérieure. Tout m’est venu en passant du temps dans cette ville incroyable du Texas. C’est mon film préféré, le meilleur, je crois. J’ai mis toute ma vie dans les personnages. J’ai commencé par rédiger quelques idées sur un carnet, qui sont devenues une vingtaine de pages d’un scénario sommaire. Pendant le tournage, je me levais à 5 heures du matin pour écrire plus en détail les scènes de la journée. Les éléments prenaient corps selon mon
humeur. Je suis plus efficace quand la situation est urgente. Parfois, une scène dont j’ai rêvé s’effondre sur le tournage et il faut la repenser. Mais je ne me laisse pas impressionner. J’aime l’idée de devoir trouver une issue en direct. Je me coince dans une impasse et j’essaie d’en sortir. J’y trouve une liberté supplémentaire.
L’indépendance totale fait- elle de vous un meilleur réalisateur ?
En tant que réalisateur, j’exige d’avoir le final cut [droit de regard exclusif sur le montage final]. Je me souviens d’une anecdote qui s’est déroulée à l’époque de Ken Park, en 2002. En regardant ma version définitive du film, Vincent Maraval – encore lui – m’a expliqué que si je voulais trouver un distributeur, je devais accepter des coupes. Mais j’ai tenu bon parce que j’étais certain qu’il existait un public pour ce film, un public qui a soif de bon cinéma. Finalement, Ken Park a été sélectionné au Festival de Venise et a été acheté dans de nombreux pays. Le premier a été l’Italie, très catholique, suivie par la Russie et la France, où le film a très bien marché, même s’il a été interdit aux moins de 16 ans.
L’histoire n’est pas terminée…
Un mois après sa sortie, une personne d’extrême droite a porté plainte et a demandé le réexamen de l’autorisation de sortie du film. Le visa de censure a été changé et Ken Park s’est vu subitement interdit aux moins de 18 ans, pour son contenu sexuel. Est-ce que cela arrive souvent ?
Je n’ai jamais rien vu de tel.
Et combien de fois avez-vous entendu parler ici, en France, d’une exposition interdite aux moins de 18 ans, comme la mienne en 2010 ?
C’est très rare.
Les remous autour de cette rétrospective au musée d’Art moderne à Paris ont été durs à supporter. Je réalise des films et des photos destinés à ceux qui ont l’âge de mes personnages. Ils les comprennent spontanément. Alors, si on leur interdit de les voir…
Il s’est écoulé beaucoup de temps entre Wassup Rockers [ produit en 2004
et sorti en France en 2006] et Marfa Girl l’année dernière. Pourquoi ?
Mes films prennent parfois des années avant de se matérialiser car ils ne sont pas simples à financer. Quand un réalisateur rencontre un succès, on lui demande de refaire tout le temps la même chose. Mais je ne fonctionne pas ainsi. Mes films sont tous différents et imprévisibles, enfin je l’espère. Je ne laisse à personne la possibilité de les gâcher. Le producteur français de
Wassup Rockers m’avait demandé de supprimer des scènes de skate et de rajouter une scène de sexe. Comme si j’avais ça sous le coude ! Comme si ce n’était pas mon film ! Je l’ai envoyé promener. Je ne tourne pas pour l’argent, je ne suis pas riche, je réfléchis en artiste. Les concessions qu’il m’arrive de faire concernent la possibilité légale de sortir le film. Si je peux les éviter, tant mieux. L’une des raisons pour lesquelles j’ai réalisé Marfa Girl uniquement pour le Web était que je ne voulais pas composer une fois de plus avec les bureaux de censure du cinéma et me retrouver classé X pour une petite scène de rien du tout.
Votre premier livre de photos publié dans les années 70,
choc pour beaucoup.
Le livre est sorti en 1971, mais la première exposition a eu lieu à New York en 1979. Personne ne voulait montrer ces photos.
Où étiez-vous pendant ces huit années ?
J’étais loin… Je suis parti en vrille comme un fou, un fou drogué. Je prenais des photos, mais je restais un junkie. Je suis tombé très bas. J’ai passé du temps en prison. Ensuite, je me suis installé à New York, où j’ai enfin réussi à exposer. Depuis, je travaille sans me poser trop de questions. Mes photos et mes films sont à prendre ou à laisser, je ne me suis jamais vendu. J’ai l’impression qu’en ce moment, les artistes cherchent à vendre leur âme, comme si ce n’était pas un problème.
C’est un monde différent.
Tulsa,
Je suis né dans les années 40 et j’ai grandi dans la culture beatnik. Le slogan vital de la jeunesse était : “Ne vends surtout
pas ton âme.” Aujourd’hui, le réflexe inverse paraît naturel. Avant le krach économique et la crise, la plupart des jeunes Américains de 15 ans pensaient qu’avant 22 ans, ils seraient tous devenus célèbres ou millionnaires.
Comment imaginiez-vous l’avenir quand vous aviez 15 ans ?
a été un
Je ne pensais pas vivre longtemps. Je suis choqué d’avoir mon âge, choqué d’être en vie à 70 ans. J’ai longtemps pensé que ma punition viendrait tôt, comme pour mes amis morts d’une overdose. Et me voilà quand même debout. Je suis plutôt heureux. Le seul conseil que je puisse donner est qu’il faut continuer à se battre, ne jamais laisser tomber, même quand on est assommé par la déprime. L’hiver dernier, mon nouveau film devait se tourner et il a manqué d’un peu d’argent à la dernière minute. J’ai commencé à me détester et à développer des idées suicidaires. La dépression m’est tombée dessus. Je haïssais Larry Clark. Je n’avais plus la force de travailler. Pendant quelques semaines, je n’ai pas quitté ma maison et j’ai commencé à boire. Mais j’ai assez vécu pour savoir que si on tient le coup sans sombrer véritablement, les choses se calment. On se raccroche à la vie par le bout des ongles et la crise finit par passer. Je suis toujours
en colère d’apprendre que des amis ou des adolescents se sont supprimés. Regardez-moi : il y a quatre mois, j’étais au septième sous-sol, et maintenant, je me sens en pleine forme.
Vous ne tournez pas en France, pays de l’exception culturelle, par hasard.
Beaucoup de réalisateurs étrangers y viennent car les films les plus
ambitieux ne peuvent être financés ailleurs. Des Américains, des Asiatiques…
Ce qui se passe, c’est que tout est une question d’argent. La plupart des professionnels du cinéma ne conçoivent plus des films, mais des produits rentables et interchangeables. Dans ces conditions, la discussion peut s’arrêter très vite… Aux États-Unis, les lycéens vont au cinéma le week-end pour en parler le lundi à l’école, ils consomment les films comme du fast-food. Les salles d’art et d’essai ont quasiment disparu. Les studios ont acheté le cinéma indépendant. Dans une industrie comme celle-là, ma liberté pose problème. On m’a proposé beaucoup d’argent pour tourner à Hollywood. Si je savais le faire, je le ferais peut-être. Mais je crois que je n’y arriverais pas.
J’aurais été curieux de voir un film de la saga
Twilight
réalisé par vous.
Moi aussi. Celle qui a écrit les livres [Stephenie Meyer] est une mormone un peu gênée par les questions de sexualité. Je connais certains acteurs des films. Ils m’ont raconté que sur le plateau, elle venait se plaindre qu’ils se parlaient mal entre les scènes. Elle ne supportait pas qu’ils se disent des gros mots. Le sujet profond de la saga Twilight, c’est la répression sexuelle. Quelques réalisateurs de ma génération ont réussi à entrer dans le système sans pour autant perdre leur âme. Je pense à Gus Van Sant, qui a été l’un des producteurs de Kids. Il accepte des commandes et réussit à faire de bons petits films. Je l’aime beaucoup. Il reste des gens bien dans le show-business, même si je n’y ai pas beaucoup d’amis. Je connais des peintres et des sculpteurs à New York, mais je ne côtoie pas vraiment de photographes ou de réalisateurs car je n’assiste presque jamais aux avant-premières. Mon seul bonheur réside dans le travail. Récemment, j’ai bossé dans mon studio sur des photos et des collages assez extrêmes, en très grand format, que je montrerai bientôt.
Votre nouveau film, The Smell of Us, évoque les rapports que les
adolescents entretiennent avec Internet…
Quand Scribe a commencé à écrire le scénario, nous avons parlé avec des jeunes qui ont environ 18 ans aujourd’hui en France. Lui-même a un peu plus de 20 ans. Je lui ai expliqué que je voulais réaliser un film sur Internet et la manière dont la technologie influence nos vies. Les jeunes documentent eux-mêmes leur quotidien, sur Facebook, ils deviennent amis avec des gens qu’ils ne connaissent pas. J’avais envie d’explorer cette réalité en faisant intervenir des personnages de générations différentes. On lit tous les jours des histoires de gamins qui se mettent dans la merde à cause d’une image qu’ils ont mise en ligne ou d’une personne qu’ils ont rencontrée. Avec Internet, on peut se retrouver dans une situation bizarre en un clin d’oeil. Scribe a tout écrit en un an, je n’ai fait que lui glisser des idées. Je suis heureux, car cette histoire n’a pas traîné au-delà du raisonnable. Je fais des films sur des moments et j’ai toujours peur que ces moments s’évaporent.
Pete Doherty apparaîtra-t-il dans le film, comme annoncé ?
Finalement, non. Nous étions censés dîner ensemble un soir et il n’est pas venu. Nous étions censés dîner ensemble un autre soir et il n’est pas venu, et ainsi de suite. Je ne l’ai pas viré pour la simple et bonne raison que je ne l’ai jamais engagé. Il est difficile de travailler avec quelqu’un qui ne vient pas. Mais il y a un personnage de rock star dans The Smell of Us.
Aujourd’hui, vous sentez-vous d’abord réalisateur ou photographe ?
Je ne me sens ni photographe ni réalisateur, je suis un artiste qui prend des photos et réalise des films. Les étiquettes m’ennuient. Si vous entrez dans un bar à New York aujourd’hui et que vous demandez aux gens ce qu’ils font, soixante-quinze pour cent vous répondent qu’ils sont photographes. Tout le monde est devenu photographe ! Si mes films sont visuellement excitants, c’est peutêtre parce que j’ai été photographe, mais même dans mon travail photographique, il n’a jamais été question de simplement produire des images marquantes. Mon but était d’abord de raconter des histoires. Tulsa était déjà conçu comme un film, je suivais les gens sur le long terme…
Vous avez commencé à faire du cinéma assez tard.
J’avais 51 ans quand j’ai réalisé
Kids.
Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Dans les années 70, aucune personne saine d’esprit ne m’aurait donné d’argent pour tourner, car j’étais un hors-la-loi. Mais mon envie de cinéma est apparue dès l’adolescence. J’ai vu
Shadows de John Cassavetes en 1961 à Milwaukee. J’avais quitté la ville de Tulsa pour faire des études de photographie, je ne connaissais alors que les films de John Ford avec John Wayne, ou encore les comédies avec Doris Day. J’ai alors découvert Ingmar Bergman, François Truffaut, Louis Malle, Jean-Luc Godard. Mais c’est en voyant le premier Cassavetes que j’ai tout compris. Un de ces moments qui éclairent tout. J’avais l’impression de percevoir le monde comme lui. Mon film préféré est Meurtre d’un bookmaker chinois. J’exige toujours de mes directeurs photo qu’ils le voient.
Vous ne tenez pas la caméra sur vos tournages ?
Mon chef opérateur s’occupe du cadre, mais je regarde toujours à travers l’objectif avant le clap. Je demande systématiquement à ce qu’on se rapproche des acteurs. Je me tiens le plus près possible d’eux. Un plan moyen pour les autres est un plan large pour moi. Je suis un réalisateur de l’intimité.
Avant de réaliser Kids, aviez-vous essayé de percer à Hollywood ?
Pas du tout. J’ai commencé à mener les recherches qui ont abouti à Kids vers la fin des années 80. À 47 ans, j’ai appris à faire du skate. Je m’y suis mis à fond et je me suis beaucoup amoché. Quel sport brutal ! Mais c’était agréable car l’univers que j’explorais n’était pas le mien. Ma photographie avait systématiquement une origine autobiographique et j’en devenais malade, à force. J’ai fait du cinéma pour prendre de la distance. Le skate m’a intéressé parce que, d’un point de vue pictural, c’est magnifique, et parce que les gamins qui le pratiquaient à l’époque étaient de véritables punks. Ils venaient de familles bordéliques. Le skate avait sauvé leur vie, comme le rock’n’roll avait sauvé la mienne dans les années 50. Ils étaient riches, pauvres, noirs, blancs ou marron, asiatiques. Ils faisaient peur aux bourgeois comme les Hells Angels, vivaient avec très peu d’argent, se nourrissaient d’un burrito acheté au Taco Bell. Les gens ne comprenaient pas leur liberté. Aujourd’hui, des gars qui n’ont jamais mis les pieds sur une planche peuvent s’habiller en skateurs.
Vos films ne montrent jamais la jeunesse de manière nostalgique. Avez-vous
commencé à filmer l’adolescence des autres pour oublier la vôtre ?
Je n’ai pas eu une enfance heureuse. Si j’avais pu choisir, je serais devenu écrivain, peintre ou sculpteur… Mais ma mère était photographe de bébés et m’a mis un appareil photo dans les mains. C’est le seul héritage que j’ai reçu de mes parents. Pour le reste, mes films refusent la nostalgie, vous avez raison. Mais cela n’a aucun rapport avec ma propre adolescence, même si j’ai pu le croire pendant longtemps. C’est simplement parce que j’aime filmer au présent. Mes personnages vivent l’instant, sans passé ni futur. À mes yeux, les kids seront toujours innocents.