Jeff Burton, Peter Lindbergh, Jean- Baptiste Mondino, Sofia Sanchez et Mauro Mongiello, Martin Parr, Hans Silvester, Charles Fréger, Erwan Frotin
Pour rendre justice à la farouche intensité de notre
cover boy Jared Leto, une touche de poésie était nécessaire. Qui d’autre que Jeff Burton, l’as du décalage et du décadrage, pouvait saisir toute la beauté de cet esprit libre ? En l’immortalisant baigné de lumières surréalistes, le photographe livre un portrait saisissant de la star ( p. 52), mais aussi de Los Angeles, où tous deux résident. Avec ses clichés cinématographiques, l’artiste prolonge la réflexion entamée dans ses deux ouvrages,
Dreamland (éd. powerHouse Books) et The Other Place (éd. Twin Palms Publishers), où l’ex- photographe de plateau, ayant officié sur des tournages de films pornos, déployait déjà sa vision onirique du réel. Depuis, l’Américain est devenu une grande signature du monde de la mode, et de Numéro
Homme, dont il est un fidèle collaborateur. Immense photographe, il révèle les personnes qu’il photographie dans leur réalité crue, avec une sensibilité hors du commun. Dans les années 80, alors que l’époque est à la course à la perfection, Peter Lindbergh refuse les artifices pour laisser rayonner la beauté des visages presque nus, quasi sans maquillage. Pour dépasser les apparences et chercher l’âme dans les moindres plis de la peau, le photographe allemand recourt au noir et blanc. Le résultat : des images absolument intemporelles à l’aura cinématographique. C’est sans doute ce qui explique la mystérieuse affinité du maestro avec les acteurs et actrices de tous âges. Sa rencontre avec Ethan Hawke ( p. 64) se solde par une série de portraits profonds et intenses, à l’image de cet acteur sans concession. Depuis les années 80, Jean-Baptiste Mondino est le trait d’union invisible qui relie les différents âges de la musique. Le grand réalisateur français partage avec le jeune DJ et producteur Kiddy Smile ( p. 74), également figure de la scène voguing française, un amour pour Madonna. Si le premier a signé le clip mythique de Justify My Love, le second a, lui, auditionné pour la diva dans sa première vie de danseur. De toute évidence, Pierre- Édouard Hanffou, de son vrai nom, était donc fou de joie à l’idée de poser devant l’objectif du photographe, auteur aussi de la série “En roue libre” (p. 110). Comme à son habitude, entre un sourire affable et une flopée de blagues enveloppantes, JBM, comme on l’appelle, a saisi toute l’électricité de son sujet qui, rejoint, avec cette série de clichés marquants, le panthéon très sélect des stars qu’il a croquées et sublimées. Elle, étudiante en cinéma. Lui, rockeur. À Buenos Aires il y a vingt- quatre ans, la rencontre de Sofia Sanchez et Mauro Mongiello produit des étincelles. Les deux complices s’installent finalement à Paris, et créent leur signature photographique commune, élégante et nuancée d’une pointe d’étrangeté. Décelant ce qui chez la femme relève déjà potentiellement de l’icône, Sofia et Mauro font preuve ici de la même prescience en révélant dans nos pages le rappeur Offset en authentique rock star ( p. 102). Alternant les couleurs contrastées et le noir et blanc épuré, la série de portraits accompagne à merveille la mue de l’artiste qui lance aujourd’hui sa carrière solo, et dévoile des facettes inattendues. À la fois vibrantes et léchées, les images saisissent ce moment de métamorphose où un jeune musicien ose enfin s’exprimer à la première personne.