GUIDO MOCAFICO
Fidèle collaborateur de Numéro Homme, Guido Mocafico est un maestro de la nature morte. En transposant cet art né de la tradition picturale dans le domaine de la photographie, l’Italien révèle le potentiel magique et fantastique du réel. Capturés avec une richesse de détails incomparable par l’objectif de sa chambre photographique grand format, les serpents, les montres ou encore les méduses dévoilent leur beauté enivrante. Ce talent extraordinaire à faire advenir la splendeur du monde, Guido Mocafico le met souvent au service des plus grandes maisons de luxe. Accompagné, pour ses travaux personnels, par l’éditeur Steidl, ce personnage haut en couleur n’en finit pas d’explorer sous toutes les coutures les objets manufacturés comme les formes naturelles. Pour ce numéro, Guido Mocafico se penche sur des objets qui ont pour particularité d’attester des effets de l’Histoire sur la vie des hommes. Dans
“Les amours interdites” (p. 208), il immortalise les effets personnels d’activistes ou de réfugiés LGBTQI, qui sont autant de témoins des luttes contre l’homophobie d’hier et d’aujourd’hui.
C’est un fait : avec la pandémie, chacun a été amené à revoir ses priorités, à réfléchir au sens de la vie, etc. Coincé à la maison avec les news égrenant le nombre de contaminations dans le monde, je me suis soudain demandé : “À quoi je sers ?” Après avoir envisagé de tout plaquer pour aller sauver les baleines à Bora Bora, j’ai pris conscience que le magazine pour lequel je travaille me fournissait une plateforme pour mettre en lumière de belles initiatives. Ainsi est née cette édition consacrée aux grands combats de notre époque. Par exemple, l’artiste chinois Ai Weiwei nous reçoit au Portugal, où il réside actuellement, pour évoquer avec nous son vécu personnel et familial. À travers son histoire édifiante se dessine la vision d’un art qui ne saurait être que profondément engagé et politique. Dissident, lui aussi, le grand maître des échecs Garry Kasparov, exilé pour sa part aux États-Unis, évoque sa lutte contre l’autoritarisme de Vladimir Poutine. Le plasticien Theaster Gates, quant à lui, participe concrètement à l’empowerment de la communauté afro-américaine de Chicago, et se confie dans nos pages. Grâce à tous ces talents rassemblés ici, il m’est apparu que je pouvais peut-être différer mon départ à Bora Bora.