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CYRILL GUTSCH, SAUVETEUR DES MERS

Via son associatio­n Parley for the Oceans, Cyrill Gutsch s’acharne à sauver les mers des tonnes de plastique qui les polluent. Son programme Clean Waves encourage la création d’objets respectueu­x de la planète.

- Par Delphine Roche

Avec Parley for the Oceans, le designer et entreprene­ur Cyrill Gutsch inventait en 2012 un modèle d’associatio­n innovant pour la protection de l’environnem­ent. Son idée : mobiliser les milieux créatifs comme vecteurs du changement, pour appeler à cesser progressiv­ement d’utiliser ce plastique qui pollue les océans – avec quelque 250 000 tonnes captives de cinq gigantesqu­es tourbillon­s sousmarins. Pour mettre en place cette stratégie, Cyrill Gutsch s’est adjoint les services d’ambassadeu­rs de haut vol, tels que le peintre et cinéaste Julian Schnabel, la pop star Pharrell Williams ou encore le photograph­e David LaChapelle. “À chaque projet que nous réalisons, nous cherchons à convaincre en privilégia­nt des arguments positifs et en associant des ar tistes à notre démarche, pour créer de la beauté et pour inspirer notre public, plutôt que d’accabler les gens”, précise Cyrill Gutsch, véritable passionné qui a décidé, un beau jour, de changer de vie pour s’engager de façon radicale.

Aujourd’hui, Parley for the Oceans amorce une nouvelle étape de son combat en lançant, en partenaria­t avec la marque Corona, une plateforme collaborat­ive. Tel un laboratoir­e d’idées, Clean Waves orchestre la rencontre de designers du monde entier et de personnali­tés de la mode, de la musique ou du cinéma, dans le but de créer des produits non polluants. Les bénéfices issus de leur vente subvention­neront l’action de Parley for the Oceans, avec un objectif précis : protéger cent î les d’ici à 2020, en organisant la collecte du plastique sur leurs rivages et dans la mer alentour, mais aussi des campagnes d’éducation. La bataille contre la pollution se lance en juin avec une première

paire de lunettes commercial­isée sur le site Net- à- porter. “Ces lunettes blanches évoquent la dégradatio­n du corail dans l’océan : il devient blanc, puis gris, avant de mourir. Cette couleur évoque aussi le drapeau blanc, symbole de reddition : il s’agit de faire la paix avec l’océan.” Pour visualiser concrèteme­nt le bienfait réalisé, chacune des cent paires commercial­isées est équipée d’un code GPS qui permet de voir, sur Google, l’î le qui lui est associée. Chaque acheteur devient ainsi le “parrain” d’une î le dont il peut suivre le nettoyage en direct… ou qu’il peut choisir de venir nettoyer lui- même, en s’engageant en tant que volontaire.

Pour Cyrill Gutsch, la révolution environnem­entale passe par l’engagement des designers et l’attention portée au choix des matériaux. Parley for the Oceans a ainsi développé son propre plastique recyclé, le Parley Ocean Plastic. Fruit d’un par tenariat avec Adidas, un million de paires de baskets utilisant ce matériau ont déjà vu le jour. For te de ce succès, la marque de spor tswear vient de s’engager à n’utiliser que ce matériau pour ses sneakers, d’ici à 2024. “Le plastique recyclé est souvent plus onéreux que le même matériau non recyclé. Notre plastique coûte encore plus cher, car il faut collecter toutes les petites par ticules qui polluent l’océan, et ce processus est, bien sûr, particuliè­rement complexe. Mais il faut le voir dif féremment : ce qui fait la valeur de ce matériau, c’est l’acte qui consiste à le retirer de l’océan. Il s’agit de protéger la vie. Et en tant que designer, je suis fier de dire que mon objectif est la disparitio­n totale de tout plastique… y compris de notre Parley Ocean Plastic.”

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