Les adresses de Christian Louboutin à Lisbonne. Propos recueillis par Léa Zetlaoui
Le célèbre chausseur parisien a été l’une des premières personnalités à déclarer sa flamme au Portugal. C’est dans un petit village de la côte atlantique, non loin de Lisbonne, qu’il a l’habitude de partir se ressourcer, loin de l’agitation de son quotidi
NUMÉRO : Vous possédez une maison au Por tugal dans l’Alentejo, dans un petit village côtier non loin de Lisbonne. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?
CHRISTIAN LOUBOUTIN : Peut- être que mes origines bretonnes n’y sont pas étrangères ! Les Bretons, comme les Por tugais, ont tous une passion pour “l’autre côté de la mer”, pour l’exotisme. Ils ont également le goût des autres. J’aime aussi l’idée qu’un peuple – les Por tugais – ait réussi à renverser un régime en faisant une révolution qui n’a pas causé un seul mor t. Enfin, bien sûr, au Por tugal on vit à un tout autre rythme qu’à Paris, ce qui est très dépaysant et me permet de relativiser les problèmes auxquels je suis confronté. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi une maison de vacances en Alentejo, mais sur tout pas à Comporta, qui ressemble pour moi à une zone industrielle avec pignon sur plage. Là, non merci ! Depuis votre jeunesse, vous fréquentez des ar tistes et des personnalités de la mode, que vous inspirent- elles ? Fréquenter des ar tistes très tôt m’a permis de comprendre l’impor tance de la fantaisie, et de mesurer en quoi le désir – de créer, de se créer, de réfléchir et de se réfléchir dans les autres – est une donnée essentielle pour toute personne éprise de liber té. Mais je respecte toutes formes de pensée et je ne suis plus persuadé que seuls les ar tistes ont le pouvoir de nous faire vibrer. Des visions du monde intéressantes se nichent également chez beaucoup de gens qui ne se considèrent pas comme des ar tistes. Pourquoi avoir choisi d’étendre vos activités du côté de l’univers de la beauté plutôt que vers le prêt- à- porter ou les accessoires ? Je n’ai jamais eu aucun désir de fabriquer des vêtements ! Ce que j’aime dans mon métier, c’est tout ce qui touche à l’attitude et à la “fabrication” de chaque personnalité. En cela, l’univers de la beauté me semble plus amusant que le prêt- à- porter. La maison Christian Louboutin a bientôt 30 ans. Quel regard portez- vous sur les trois décennies qui viennent de s’écouler ? Quels sont vos projets pour les trois suivantes ? En presque trente ans, j’ai vu le monde de la mode se transformer, et peut- être aussi un peu se déshumaniser. Mais le renouvellement et les transformations sont inhérentes à notre univers, n’est- ce pas ? Alors je n’ai pas de nostalgie, bien au contraire, je trouve que la percée d’Internet et des social medias ont changé la donne par bien des aspects, et c’est tant mieux ! Je n’aime pas beaucoup me projeter dans un avenir lointain, car ce qui fait pour moi le sel de la vie, c’est de pouvoir tout changer sur un coup de tête. Pour les trente ans à venir, je n’ai donc pas de programme, si ce n’est de conserver ma liberté, mon enthousiasme et mon goût pour la vie !