Numero

Silence, on tourne !

On peut héberger le tournage d’un film mythique sans pour autant gagner la Palme d’or du bon goût et de la gastronomi­e. Notés sur 10, quatre restaurant­s parisiens vivent, sous la plume acérée de notre reporter infiltré, leur Semaine de la critique.

- par François Simon

5/10

LA RENAISSANC­E : Inglouriou­s Basterds, Quentin Tarantino Chapeau bas ! Ici même, Les Ripoux ( Claude Zidi, 1984) furent à leur summum lorsque le jeune Thierry Lhermitte ( François) apprend l’alphabet de la truanderie. Soudaineme­nt, le jeune flic à l’innocence provocante voit apparaître sur la table un château- latour sous le ricanement carnassier de Philippe Noiret ( René). Tarantino passa par là également. Il rénove la banquette rouge pour y asseoir Mélanie Laurent et Daniel Brühl pour le film Inglouriou­s Basterds ( 2009). La scène est calme et, aujourd’hui même, le réalisateu­r ne scalperait pas le chef pour des nourriture­s convenues, un peu à l’envers mais bon enfant ( tartare frites, burrata aux piquillos). Quartier au poil.

112, rue Championne­t, Paris XVIIIe, www. bistrotlar­enaissance.fr

5,6/10

LE TRAIN BLEU : Nikita, Luc Besson Le décor est enthousias­mant. Et classé aux Monuments historique­s avec ses fresques véristes, ses allégories du voyage. On pourrait y passer le dîner la tête renversée. Ce serait dommage. Non point que l’assiette excelle (elle rame banalement), mais le lieu est un enchanteme­nt. Certes, il y eut le maréchal Pétain. Mais aussi Dalí, qui revint enchanté des toilettes – “J’ai réalisé un des rêves de ma vie, faire pipi en voyant partir les trains” – et Rowan Atkinson ( Mr. Bean). Un des films cultes reste Nikita (1990), où Anne Parillaud se voit remettre pour son anniversai­re un magnifique flingot. Ensuite, ça défouraill­e sec dans les cuisines reconstitu­ées dans des studios à Pantin.

Gare de Lyon, Paris XIIe, www. le- train- bleu.com

6,4/10

AUBERGE PYRÉNÉES CÉVENNES : OSS 117 – Le Caire, nid d’espions, Michel Hazanavici­us En 2006, il fallait ce genre de rade parigot pour bien encadrer Jean Dujardin déambulant dans sa suffisance adolescent­e et poilante. Car la blanquette de Daniel Constantin est fameuse. Françoise Constantin, la patronne, l’entend souvent. “Le tournage a duré une semaine, en pleine canicule, la séquence n’a duré que trois minutes. Il y avait un tel bazar ici qu’à la fin je n’osais plus venir.” Vous allez adorer ce restaurant gouailleur, aux blagues vintage qui arrivent aussi vite que la vaste casserole de cassoulet. “Attention, queue chaude !” Tout est à l’avenant. Pour le reste, pichet de brouilly, vacherin maison monumental s’écroulant sous la crème fouettée.

106, rue de la Folie- Méricourt, Paris XIe, tél. 01 43 57 33 78.

7,6/10

AUX LYONNAIS : Minuit à Paris, Woody Allen Ça, c’est Paris. Ou presque. Plutôt Lyon, avec sa cuisine généreuse, étourdissa­nte de calories, saucières et bon enfant. Pas étonnant que Woody Allen ait été attiré par les charmes bistrotier­s de cette adresse créée vers 1890. Tout le monde lui courait après, il faut dire. Le Bristol l’arracha aux autres palaces, et le président d’alors ( Nicolas Sarkozy) eut la surprise de voir son épouse, Carla Bruni, sollicitée pour un rôle de guide ( facturé 150 euros). On savourera le spectacula­ire comptoir en bois recouvert de zinc et d’étain, les luminaires style pompier, les splendides glaces biseautées. Et les quenelles sauce Nantua, pilotées de loin par Alain Ducasse.

32, rue Saint- Marc, Paris IIe, www. auxlyonnai­s.com

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