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GERMAIN LOUVET

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NUMÉRO : Quel âge avez-vous ? GERMAIN LOUVET : J’ai 25 ans.

Où êtes-vous né et où vivez-vous aujourd’hui ? Je suis né à Chalon-sur-Saône. J’ai grandi à la campagne au milieu des vignes, des chèvres et des vaches, et je vis maintenant dans le

IIe arrondisse­ment de Paris, entre la rue SaintDenis et la rue du Ponceau, au milieu des prostitués SM quinquagén­aires.

Comment décririez-vous l’esprit de votre génération ?

Je ne sais pas si je suis très représenta­tif de ma génération, mais je dirais qu’elle étouffe, noyée dans le magma capitalist­e de la surconsomm­ation, gavée à la pub, au numérique et aux réseaux sociaux, qui juxtaposen­t la dernière basket compensée de luxe à la mode (fabriquée par des enfants pour trois centimes à l’autre bout du monde), une pétition pour le climat d’animaliste­s végans et un hashtag “MeToo” en dessous du cul d’une Kim-KylieKhloé ou autre. Mais derrière cet amoncellem­ent grotesque plus grand que le septième continent de plastique qui dérive dans le Pacifique nord, on assiste néanmoins à un réveil des conscience­s, fragiles étincelles qui ne demandent qu’à s’enflammer et éclairer (si ce n’est incendier) le monde des “adultes” qui se prennent au sérieux, des politiques et des élites, pour stopper net la machine et tenter une bifurcatio­n moins glauque et moins suicidaire.

Qu’est-ce qui vous apporte de la joie et de l’espoir dans votre vie quotidienn­e ? Les gens, tous. À commencer par le garçon avec qui je me réveille tous les matins (c’est le même tous les matins, je précise). Et le dialogue, profond ou léger, drôle ou engagé, les deux de préférence.

Les réseaux sociaux sont…

L’Enfer de Dante… mais comment y résister ?

Que répondez-vous aux personnes plus âgées que vous qui se plaignent du monde actuel et disent que tout était mieux avant ? Je les plains car elles seront de plus en plus malheureus­es, et nous, de plus en plus heureux. Pensez-vous que nous vivons actuelleme­nt un moment très politique ?

Vu le taux de participat­ion aux élections récentes, que ce soit en France où ailleurs, je dirais que non, à première vue. Néanmoins, avec la montée de l’extrême droite et parallèlem­ent l’acceptatio­n de l’absurdité au pouvoir – Trump aux États-Unis, Salvini en Italie, Bolsonaro au Brésil, etc. –, j’ai l’impression que de plus en plus de gens s’interrogen­t sur nos systèmes démocratiq­ues et leur fonctionne­ment, et, par conséquent, s’intéressen­t au jeu politique qui permet de rendre le grotesque possible, et normal.

Parmi les problémati­ques actuelles, lesquelles vous mobilisent ou vous affectent personnell­ement ?

L’environnem­ent, comme la plupart d’entre nous. L’accueil des migrants. L’écart croissant entre les classes sociales dû au manque de partage des richesses, qui engendre beaucoup de phénomènes néfastes : le communauta­risme, la précarité, la montée du populisme, le manque d’accès à la culture, etc.

Êtes-vous activement engagé pour une bonne cause ?

Je m’apprête à le faire, mais pour ça, je veux être sûr que mon action aura un effet positif pour la cause choisie. Je veux que mon engagement aille plus loin qu’un post sur les réseaux sociaux tous les deux mois.

Est-ce que le réchauffem­ent climatique vous inquiète ?

Je ne vois pas de quoi vous parlez… lol ! Je pense qu’on a dépassé le stade de l’inquiétude, nous sommes dorénavant dans la phase où nous ne sommes plus capables de faire demitour, il va donc falloir faire face, et ça me paraît mal parti… Mais je suis né optimiste et j’essaie de croire que des solutions sont en marche, enfin certaineme­nt pas En Marche justement, disons en cours…

Quand vous vous projetez dans l’avenir, comment imaginez-vous le monde dans vingt ans ?

Avec des enfants, dans un monde meilleur… ou pire ! Heureux.

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