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Better Things, saison 3.

L’attachante Sam Fox, mère divorcée et actrice qui court les castings à Hollywood, est de retour. Le charme de cette série, pleine de finesse et de drôlerie, reste intact.

- Par Olivier Joyard

Regarder une série en 2019 qui ne soit pas

Game of Thrones ( l’ultime saison du mastodonte débute en avril) signifie avoir surmonté une forêt de sollicitat­ions plus ou moins désirées, tenter de rester clair avec son désir dans une nuée de possibilit­és. John Landgraf, patron de la chaîne FX qui, depuis une quinzaine d’années, a mis à l’antenne The Shield, Nip/ Tuck ou encore The Americans, a trouvé il y a quelques printemps un mot pour définir ce moment que nous traversons collective­ment : “Peak TV”, soit l’idée que la télé ( au sens large du terme) serait parvenue à son pic de production.

Le problème, c’est que ce pic grandit de manière constante, au point que nous en sommes arrivés, l’année dernière, au chif fre légèrement étouffant de 495 séries dif fusées en

douze mois, aux États- Unis seulement – à multiplier par le nombre d’épisodes que contient chaque saison, au minimum une dizaine. À la fin des années 2000, il n’y en avait même pas la moitié : cela laisse entrevoir la concurrenc­e effrénée que se livrent les chaînes historique­s, les acteurs du câble et les géants du streaming pour abreuver la planète de ce que chacun appelle maintenant du “contenu” – façon cavalière et parfois déprimante de nommer les images en mouvement et les récits qui nous animent. L’une des plus belles aiguilles dans cette immense botte de foin s’appelle Better Things. Ne pas la connaî tre n’a rien de grave, mais on peut espérer que cela ne durera pas trop. Créée en 2016, cette comédie dramatique en épisodes d’une trentaine de minutes façonnés comme de mini- contes moraux, raconte la vie de Sam Fox, une actrice divorcée qui essaie de trouver sa place à Hollywood tout en élevant ses trois filles, dont deux sont des adolescent­es. Adlon joue quasiment son propre rôle puisque cette quinquagén­aire pétulante a traversé plusieurs décennies sous les palmiers de Los Angeles en multiplian­t les petits rôles et une flopée de voix off sur des dessins animés.

La carrière de Pamela Adlon a conservé

un cap constant jusqu’à sa rencontre avec l’humoriste Louis C. K., qui lui a offert un rôle dans sa série Louie avant de créer avec elle Better

Things. À l’automne 2017, en pleine diffusion de la deuxième saison de cette dernière, le New

York Times a révélé plusieurs affaires de comporteme­nt sexuel inappropri­é concernant Louis C.K. Pamela Adlon s’est alors immédiatem­ent séparée de lui profession­nellement. Quinze mois plus tard, la troisième saison de Better

Things est la première où le nom de son ancien meilleur ami n’apparaî t plus. La vie ayant toujours infusé la fiction, cela semble logique que la série survive à cette péripétie, d’autant que Better Things a toujours raconté en creux la libération de son héroïne. Pour cette nouvelle salve d’épisodes qu’elle a entièremen­t réalisés, Adlon s’est entourée d’une équipe d’écriture majoritair­ement féminine, faisant notamment appel aux services de Sarah Gubbins, responsabl­e de l’excellente série féministe

I Love Dick. L’introspect­ion se poursuit autrement. Un monde s’ouvre. La poésie constante de Better Things va maintenant s’épanouir sans limites.

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saison 3, sur Canal Plus séries et MyCanal. À par tir du 1er mars.Better Things,

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