Secondes noces

IL ARRIVE UN MOMENT, comme dans toute relation, où l’on en vient à questionner la force des sentiments que l’on éprouve pour une auto : me donne-telle toujours le sourire ? Va-t-elle me manquer si je m’en sépare ?

En ce qui me concerne, je possède cette Z3 Coupé depuis 2009, mais je n’ai réalisé que récemment à quel point sa présence dans mon parking était devenue une chose familière. Au cours des huit dernières années, j’ai changé de travail, déménagé deux fois, mais la petite BMW bleue est, quant à elle, toujours là. Aussi, il est temps que je détermine si cette fidélité tient à autre chose que le simple fait de l’habitude.

Pour y voir plus clair, j’ai commencé par faire l’inventaire de mes souvenirs, en commençant par le premier d’entre eux, et sans doute pas le plus glorieux. Alors que je ramenais la voiture de Bordeaux, où je venais de l’acheter, je me suis retrouvé en panne sèche pour la première fois de ma vie, et ce à quelques kilomètres seulement de l’arrivée. Pourtant, cette mauvaise blague mise à part, imputable à une jauge de réservoir qui n’a depuis plus jamais fonctionné, ce sont plutôt des images de carte postale qui me viennent à l’esprit. Suis-je lassé de sillonner les routes tortueuses à son volant ? Assurément, non. Pas plus que je n’ai cessé de l’admirer à chaque fois j’en descends.

À vrai dire, je prends surtout conscience que ce n’est pas mon regard qui a changé mais bien celui des autres. Celle qui, à l’époque, était une occasion amusante est en passe de devenir l’une des voitures les plus emblématiques de sa génération. Mécaniquement, sa cote a grimpé, et ce suffisamment pour qu’il devienne tentant de vendre en empochant une confortable plus-value. Toutefois, cette décision aurait un caractère irréversible : sa valeur n’ayant vraisemblablement pas atteint son plafond, si elle venait à me manquer par la suite, mes chances d’en racheter une seraient minces.

Alors, que faire ? Eh bien puisqu’il est désormais acquis que je ne risque plus ma mise, le moment semble bien choisi pour adresser tout un tas de détails qui, avec le temps, avaient fini par m’agacer. Ainsi, j’ai d’abord entrepris de remplacer l’affreux autoradio JVC par le modèle d’origine, que l’on m’a gentiment déniché. Le faisceau sauvagement bricolé m’a d’ailleurs valu des sueurs froides, au point de faire la tournée des casses dans l’espoir de trouver une connectique en meilleur état. Un ultime élan de spéléologie aura toutefois permis de déterminer que le branchement qu’il me fallait était bel et bien présent, enfoui dans les tréfonds de la console centrale. Vint ensuite le tour des jantes. Comme souvent sur ce modèle, fabriqué par BBS pour BMW, le vernis avait fini par s’oxyder. Dans un premier temps inesthétiques, les petites cloques blanches étaient sur le point de compromettre l’étanchéité du voile. Il m’a fallu un peu de patience pour trouver un artisan disposé à les rénover conformément à l’origine (polies puis vernies) au lieu de simplement les repeindre. Cette dernière solution a la réputation d’être plus durable, mais j’avais du mal à me convaincre que le rendu serait à la hauteur. Le travail a donc été fait dans les règles de l’art, et le moins que je puisse dire c’est qu’elles ont de nouveau fière allure.

Enfin, après avoir fait l’objet d’un travail de peinture médiocre voilà quelques

UNE FOIS

les 1955 exemplaires de la Première Édition écoulés, la version de série prendra le relais, déclinée en deux versions Pure et Légende, cette dernière proposant un confort accru avec de vrais sièges au lieu des baquets à coque fixe. Ensuite? La rumeur bruisse d’un SUV qui serait le plus léger du segment. Hérésie? Pas forcément: à l’orée des années 80, le BEREX avait développé pour Alpine le VVA (Véhicule Vert Alpine) autour du 2,0 l 120 ch de la Renault 20, dont Marcello Gandini avait signé l’une des propositions de style. Un projet que le lancement du Jeep Cherokee XJ, distribué par Renault, enterrera.