Octane (France)

POUR CE QUE ÇA VAUT

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DAYTONA. QUE L’ON parle du circuit, de la montre où de la voiture, voilà un nom qui évoque vitesse, style et désir. La Rolex Daytona de Paul Newman lui a été offerte par sa femme en 1968. Elle vient d’être vendue aux enchères 15,3 millions d’euros, ce qui en matière d’investisse­ment supplante n’importe quelle autre Daytona. S’il y a 40 ans Mme Newman était entrée dans une boutique Ferrari plutôt que chez Rolex et avait déboursé les 20 000 dollars demandés pour la dernière supercar de Maranello, le retour sur investisse­ment n’aurait pas été aussi astronomiq­ue et les frais de garage, d’assurance et d’entretien pas aussi avantageux. Cela dit, en mettant de côté l’immense surcote d’une voiture ex-newman, une Ferrari Daytona de première main devrait attendre le million de dollars aujourd’hui, soit 850 000 euros. Ce qui représente 50 fois son prix d’achat d’origine en près de 50 ans.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Quelque 1 400 Daytona ont trouvé acquéreur des deux côtés de l’atlantique. Malgré un dessin relativeme­nt conservate­ur, elle s’est mieux écoulée que sa grande rivale, la radicale Lamborghin­i Miura à moteur central, à près de deux contre un. Mais avec la crise du pétrole de 1973, les supercars sont devenues invendable­s du jour au lendemain. Les quelques derniers exemplaire­s de Daytona Spyder sont res- tés sans acheteurs dans les docks de Los Angeles pour finir bradés par l’usine à ses meilleurs clients.

Arrivent les années 80 et la généralisa­tion de l’automobile de collection. La remplaçant­e de la Daytona, la BB, n’a jamais soulevé autant d’enthousias­me que l’iconique Daytona. Et lorsqu’elle a été remplacée par la Testarossa en 1984, une superbe Daytona coupé

Simon Kidston nous emmène sur les montagnes russes du marché de la Daytona.

d’occasion se vendait déjà autant que les deux voitures suivantes réunies. Du jamais vu.

À la fin des années 80, le marché des voitures de collection a explosé. La première auto que le novice de 21 ans que j’étais a dû alors évaluer était un coupé Daytona rouge. Le vendeur m’a gentiment proposé de faire un tour et jusqu’à ce jour je me souviens du parfum du cuir italien et de son implacable sauvagerie mécanique. Un mois plus tard, nous l’avons vendue à un collection­neur italien pour 1,8 million de francs. Six mois plus tard, elle valait 50 % de plus. Encore six mois, et encore 50 % de plus. Mais à peine un an plus tard, elle était retombée à 700 000 francs. Le marché est rarement à sens unique.

Les cinq dernières années ont vu les prix atteindre des pics historique­s, avant de retomber un peu depuis 2014. Les Daytona ont tout de même doublé de valeur durant ce laps de temps. Les Spyder, dont il a été produit 121 exemplaire­s, restent les plus recherchés, si l’on met de côté les 15 coupés de Groupe 4 assemblés par l’usine pour la compétitio­n.

Mon conseil ? Choisissez soit l’un des premiers coupés avec phares Plexiglas, de préférence dans une couleur rare et élégante (pensez bleu, vert, or, brun ou noir), ou l’un des Spyders aux specs européenne­s. Puisque 96 sont partis aux USA, cela signifie seulement 25 exemplaire­s, dont 7 en conduite à droite. La rareté et l’originalit­é sont la clé. L’état est moins important, surtout pour les Spyder à la forte valeur.

Et ce sont aussi de superbes voitures à conduire. À condition d’oublier les freins.

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