Octane (France)

Luigi Chinetti Jr

« J’ai piloté une Daytona NART au Mans. »

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MÊME SI MON PÈRE Luigi a remporté la première victoire de Ferrari au Mans en 1949 et a fondé le North American Racing Team en 1958, mon ambition personnell­e a toujours été d’être un bon second pilote, parce que je ne courais pas beaucoup. Ma première vraie course était avec notre vieux prototype 275 P en 1966. Elle a pris feu ! Puis, ce furent les 24H de Daytona 1970 avec notre vieille 250 LM, seulement parce que c’était la seule que nous avions à l’atelier ! Cette fois nous avons terminé 7e. Pas si mal.

Alors, après les prototypes, la Daytona NART avec laquelle j’ai couru au Mans 1971 avec Bob Grossman avait un peu l’air de se traîner Nous avons tout de même terminé 5e et remporté le prix de l’efficacité énergétiqu­e. J’étais là à sourire alors qu’une Porsche 910 me dépassait à toute vitesse en espérant être dans cette voiture.

La Daytona était en fait une très bonne voiture de courses d’endurance grâce à son excellent moteur, à la fois puissant et fiable, mais elle était très lourde. Même le moteur était lourd. La nôtre avait une coque alu pour essayer de réduire le poids à environ 1 000 kg, un moteur plus performant­s avec des pistons, cames, carburateu­rs améliorés. Je crois que nous disposions d’environ 450 ch. Le truc avec la grosse Daytona, c’est qu’elle ne pouvait pas faire ce qu’elle ne pouvait pas faire. En endurance, il n’y avait pas de raisons de surconduir­e et avec tout ce poids, il ne fallait pas pousser trop fort et être prudent avec les freins. Mon père disait : « Il faut y être à la fin, personne ne se rappelle du premier tour ».

Ferrari aurait dû gonfler le moteur de la Daytona. Comme disent les gars du stock-car: « Si vous voulez plus de puissance, creusez un trou plus gros ». Ferrari n’a pas vraiment développé la Daytona, ce qui est dommage, car elle avait un grand potentiel et aurait pu devenir une incroyable voiture.

Pour avoir parcouru des milliers de kilomètres en Daytona, je dois admettre que l’une de mes meilleures expérience­s de conduite que je n’ai jamais connue a été sur la route de Modène à Paris. Le seul instrument que j’ai utilisé était le compte-tours, le compteur de vitesse n’étant pas pertinent. Je pense que c’est une meilleure voiture que la 365 BB qui a suivi (qui voulait d’un moteur posé au-dessus de la boîte de vitesses ?). Et la 288 GTO n’était pas mieux, parce qu’elle flinguait ses freins à la première descente de montagne. Non, il a fallu attendre la F40 pour avoir de nouveau une bonne Ferrari.

Les gens disent que la Daytona est délicate, mais je pense qu’elle est incroyable­ment amusante. Souvenez-vous juste qu’elle ne peut pas faire ce qu’elle ne peut pas faire, alors ne perdez pas la tête à son volant !

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