Octane (France)

ERIK COMAS

Le pilote

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Tout arrive : au début du mois de juin, pour la première fois de ma vie, j’ai passé un weekend complet sur un circuit… en tant que spectateur ! Et, chers lecteurs, figurez-vous que j’y ai pris un plaisir extrême. Non, il ne s’agissait pas de Monaco, ni de la F1, mais cela se passait quand même sous le soleil du Midi. Très précisémen­t au Castellet, sur le Circuit Paul Ricard, où avait lieu la cinquième manche du championna­t Blancpain GT Series. Pourquoi y ai-je passé un si bon moment ? Pour tout un tas de raisons qui s’additionne­nt, et que je vais vous expliquer. Le circuit d’abord : la première fois que je suis allé au Ricard, c’était il y a longtemps, en 1978. J’avais assisté au Grand Prix de France, qui s’était soldé par un doublé des Lotus 79 de Mario Andretti et Ronnie Peterson. Par la suite, le Ricard et moi, nous ne nous sommes plus quittés. Je parle bien sûr du circuit! C’est là que j’ai suivi les cours de l’école Winfield en 1984, c’est là que j’ai fait de nombreux essais pour l’écurie Larrousse, qui y était basée… J’ai toujours aimé ce circuit, où il est possible d’avoir de belles sensations si l’on a une voiture suffisamme­nt puissante pour avaler les 1 800 m de la ligne droite du Mistral. Je suis heureux de voir qu’à près de 50 ans, il n’a pas perdu son âme, mais qu’il a su évoluer et se moderniser. C’est même, je pense, le circuit le plus moderne d’europe, et le plus complet aussi puisqu’on peut tout y faire ou presque. Les spectateur­s y sont bien accueillis et profitent d’une remarquabl­e visibilité; les écuries y trouvent des infrastruc­tures parfaites; les sponsors peuvent y organiser toutes sortes d’opérations de promotion. Enfin, il y a plus de 160 configurat­ions de piste possibles !

Mais le circuit n’est pas tout: il faut aussi un beau plateau, et une belle course. Or, cela a été le cas. Une épreuve de 1 000 km où 12 constructe­urs, 37 équipes et 51 voitures sont engagés, où les écarts en qualifs sont plus faibles que dans une formule monotype, et dont le vainqueur prend la tête à 5 virages de l’arrivée, c’est du spectacle ! Marco Seefried, Christian Klien et Albert Costa ont raflé la mise au volant de leur Lexus, mais je peux vous assurer que leurs concurrent­s n’ont pas démérité… Le Blancpain GT Series est formidable à regarder, parce que la compétitio­n y est serrée en permanence. Le niveau de pilotage est très bon (avec des pilotes comme Romain Dumas, Giancarlo Fisichella ou encore Stéphane Ortelli, rien d’étonnant!), et le règlement est fait pour que tout se joue sur la piste. Les ravitaille­ments doivent respecter un temps minimum, sauf un “joker”, qui permet de pimenter la course. Les autos sont configurée­s pour être les plus proches possible ; cela fait d’ailleurs plusieurs années que je participe à l’établissem­ent de cette “balance of performanc­e”, sur laquelle Claude Surmont, l’ingénieur de SRO (Stéphane Ratel Organisati­on) et son équipe font un travail remarquabl­e, au point d’ailleurs que d’autres organisate­urs y ont recours. Grâce à la “BOP”, toutes les autos ont leur chance, qu’elles soient atmo ou turbo, qu’elles aient un moteur avant, central ou arrière. Cela permet de limiter la course à l’armement et de maintenir les budgets dans des limites raisonnabl­es, et cela incite les constructe­urs à participer, puisqu’ils savent qu’ils ont des chances d’être compétitif­s face à une vraie concurrenc­e. Une formule parfaite ? À mon avis pas loin, et cela tient beaucoup à l’expérience accumulée par Stéphane Ratel depuis la création du BPR, il y a près de 25 ans; ce n’est certaineme­nt pas un hasard si, avec SRO, il est aujourd’hui à la tête d’une véritable constellat­ion de compétitio­ns, toutes organisées avec ce même souci d’égaliser les chances. D’ailleurs, Alpine va revenir dans l’une d’entre elles, le GT4, et était présent au Castellet. J’ai pu y essayer l’a110 de série sur le circuit “test drive”, bien mieux adapté à ce genre de voiture que le “grand” circuit. Vous vous souvenez de ce que j’écrivais sur mon goût des voitures légères et vivantes, dans le dernier Octane ? Eh bien, la nouvelle Alpine correspond parfaiteme­nt à cette définition. Agile, efficace, ludique. J’ai sans doute roulé plus de 100 000 km dans la Berlinette originelle, dans toutes les conditions, en course, sous la neige, et je peux vous assurer que L’ADN de celle-ci est bel et bien présent. Au point que j’ai passé commande ! Pilote ELF 1985, Erik Comas gravit ensuite très vite les échelons de la monoplace: champion internatio­nal de Formule 3000 en 1990, il dispute 63 Grands Prix de F1 de 1991 à 1994, avant de se tourner vers l’endurance et le GT au Japon, puis de s’engager en rallyes historique­s. Champion d’italie de la spécialité en 2015, vainqueur de la Targa Florio 2016, il a remporté le championna­t d’europe 2017 (son dixième titre), toujours au volant de sa superbe Lancia Stratos ex-maglioli.

“LE BLANCPAIN GT SERIES EST FORMIDABLE À REGARDER, PARCE QUE LA COMPÉTITIO­N Y EST SERRÉE EN PERMANENCE”

Propos recueillis par Stéphane Geffray

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ERIK COMAS

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