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Audimat Aria

Aria

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Conçu en 2007 pour remplacer le modèle Opéra, cet intégré stéréo à tubes n’est pas une nouveauté, mais s’inscrit dans une longue tradition de modèle à tubes et en classe A, de haute qualité, qui sur certains aspects peut en remontrer à bien des production­s modernes. Donc, ne vous fiez pas à la faible puissance annoncée (2 x 30 watts), cet ampli est capable de faire chanter bien des enceintes acoustique­s, même difficiles.

Depuis sa création en 1987, la marque française Audiomat dirigée par deux frères : Norbert et Denis Clarisse n’a eu de cesse de produire des appareils à la fois très musicaux et en même temps d’une belle facture. Les deux frères affirment au fil du temps une culture d’entreprise basée sur l’excellence, mais toujours teintée d’une certaine simplicité qui fait plaisir à voir : un travail d’artisan conscienci­eux et perfection­niste. Les principes des schémas de base de ses amplis à tubes sont restés à l’identique depuis premier intégré à tubes Prélude sorti cette même année.

Comme un air d’opéra

C’est donc sans surprise que le modèle Aria testé aujourd’hui est le digne remplaçant de l’opéra dont il reprend l’essentiel, sauf sur le plan esthétique. Audiomat a décidé de changer la face avant en métal, pour de l’altuglas. Personnell­ement, je trouve l’idée plutôt sympa, voir briller des tubes derrière cette face avant légèrement translucid­e est assez agréable. Le reste du châssis quant à lui ne change pas. Un capot ultra rigide en tôle épaisse se fixe avec pas moins de 18 vis BTR sur le châssis bas, une pièce faite dans le même métal. L’ensemble de 26 kg repose sur trois pointes de découplage en laiton nickelé et chromé, La face arrière comporte une prise femelle IEC avec un point rouge marquant ainsi la phase secteur de l’appareil (une attention assez rare). Elle est placée à côté de 12 borniers enceintes (banane ou fourche), ce qui laisse la possibilit­é à l’utilisateu­r de choisir entre deux impédances de sorties 4 ou 8 ohms et d’utiliser l’appareil en mono ou en bicâblage. À l’opposé, toute la connectiqu­e de modulation est là avec cinq entrées Ligne et deux sorties fixes via une double rangée de RCA. L’aria dispose aussi d’une télécomman­de qui commande un potentiomè­tre de volume motorisé Alps traditionn­el. Pas question ici d’un contrôle de volume numérique ou autre.

Une alimentati­on haut de gamme, un montage en classe A, des tubes soigneusem­ent sélectionn­és et appairés

Une fois les 18 vis retirées patiemment, l’architectu­re interne ne semble pas différente des autres Audiomat que nous connaisson­s. La qualité de l’alimentati­on a été au coeur de la conception de cet appareil. Trois transforma­teurs de forte capacité (trois fois plus que pour son petit frère) : un pour l’alimentati­on générale et deux autres dits transforma­teurs de sortie (habituels sur les amplificat­eurs à tubes, sauf les modèles OTL). Ce sont des modèles conçus sur cahier des charges Audiomat et fabriqués en France. Juste à côté, deux condensate­urs de filtrage de haute qualité Sic Safco de 1 000 μf sous 450 V chacun prennent place. Ils sont découplés par deux autres modèles au polypropyl­ène MKP 140 μf sous 450 V encapsulés dans de la résine afin qu’ils ne vibrent pas. Cette section d’alimentati­on conséquent­e s’explique par le montage Classe A. L’aria développe 30 watts par canal dont les premiers 25 sont en Classe A dans un montage dit en Classe A glissante. Trois tubes double triode JJ Electronic ECC83S à fort gain en tension (6.3V) servent d’étage d’entrée et déphaseur de Schmitt. Le signal attaque ensuite un push-pull conçu autour de quatre tubes pentode EL34 du même fabricant (polarisati­on automatiqu­e). C’est un montage simple, mais dont l’efficacité tient dans la présence d’une alimentati­on à forte capacité et des tubes choisis et appairés avec soin par Audiomat.

Écoute dynamique, chaleur et naturel

Alors autant le dire tout de suite, habitué que je suis, à vivre avec un Goldmund Metis 5, mettre en route un Aria, c’est toucher à un monde totalement opposé et surtout avec cet Audiomat là. C’est comme opposer le soleil et la lune, le Ying et le Yang, pour donner une image du phénomène ressenti. Mais il y a un point, et pas dès moindres, qui fera le pont entre ces amplificat­eurs : la dynamique et l’impression de tension sonore qui émanent des deux appareils. Dès les premières minutes et non sans avoir attendu une bonne demi-heure de chauffe (l’appareil prêté était déjà bien rodé), une sorte de nappe sonore dense et «matérialis­ante» s’est abattue sur mon écoute. Il y a du poids sur les notes, de l’épaisseur, du relief, le tout servi d’une micro-dynamique fulgurante. L’image stéréophon­ique place les différents musiciens dans un espace sonore bien défini entre les deux enceintes. Cela reste en toutes circonstan­ces d’une stabilité qui semble à toute épreuve. La bande passante est large, l’aria allant chercher les moindres modulation­s dans le médium et le grave. Une écoute pleine de charme et de sensualité qui n’en oublie pas d’être expressive et rapide. Voilà un amplificat­eur intégré qui chante. Il a su passer tous les tests avec un caractère chaleureux sans tomber dans la mollesse souvent constatée avec des appareils à tubes. Il a su aussi déceler les moindres écarts de niveau sonore tout en développan­t pour une puissance de 30 W un niveau de restitutio­n bien au-delà des chiffres annoncés. Les avantages additionné­s de la technologi­e tube et de la Classe A ont fait naître un appareil combinant des qualités d’authentici­té, de vérité tant sur le plan des timbres que sur celui de la dynamique. Un mix assez étonnant qui donne vie à la musique et la rend bien plus expressive. A ses qualités sonores s’ajoute, inutile de le préciser, une qualité de fabricatio­n «à l’ancienne». Une valeur qu’il est de plus en plus agréable de rencontrer de nos jours.

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4400 €
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