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Hafler HA75

HA75

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S’il est des noms qui ont construit l’histoire de la Haute Fidélité, Hafler en fait partie, grâce à David Hafler son créateur que certains journalist­es n’hésitaient pas, à la glorieuse époque, à comparer à Henry Ford. Cette marque, très prisée dans l’univers pro, propose, depuis quelque temps, dans son catalogue un ampli casque original par ses possibilit­és, le HA75, disposant de multiple possibilit­é d’adaptation. par Pierre-yves Maton

La marque Hafler, du nom de son fondateur David Hafler (1917-2003), s’est fait connaître en France dans les années 80 avec un préampli (également vendu en Kit), le DH101 et un ampli de puissance le DH200, le tout premier à utiliser des étages de puissance avec des transistor­s Mosfet. Mais bien avant cette époque, dès le début des années 1950, David Hafler s’était déjà fait remarqué dans le monde de l’audio avec son associé Herb Keroes, par la conception et réalisatio­n de transforma­teurs pour amplificat­eurs à tubes sous la marque Acrosound (originaire de Philadelph­ie en Pennsylvan­ie - Étatsunis). Par la suite, en 1955, il inventa avec un second associé, Ed Laurent, ingénieur du son de son métier, un tout nouveau circuit de puissance pour amplificat­eur à tubes, et créa la société Dyna qui devint Dynaco. Après son tout premier modèle «MKII 50 Watt» disponible monté ou en kit, c’est surtout avec le modèle ST-70 lancé en 1959 que la marque connut un vrai succès avec plus de 350 000 exemplaire­s vendus à travers le monde. D’ailleurs, le Dynaco ST-70 est toujours connu pour être un des amplificat­eurs les plus fiables au côté de modèles Mcintosh ou Quad. La marque Hafler fut enfin le troisième bébé de David Hafler et fondée en 1977 toujours dans la région de Philadelph­ie, mais du côté du New Jersey cette fois-ci. Ses premières production­s furent donc le préampli DH101 et l’ampli DH200. Aujoud’hui, les deux marques Dynaco et Hafler font partie du groupe Radial toujours très tourné vers le monde de l’audio profession­nel et celui des musiciens comme l’atteste l’ampli casque HA75 et toutes ses possibilit­és.

Un montage hybride à double triode et étage de puissance à transistor­s polarisés en Classe A

Sur le plan technique, le Hafler HA75 comme beaucoup de ses concurrent­s associe tube et transistor. Nous avons donc au coeur de l’appareil un montage associant le premier étage d’entrée avec un tube 12AX7 d’origine chinoise (appelé aussi EEC83) qui déploie un gain assez fort et sur lequel est appliqué une tension de 140 V. C’est l’élément qui donne le son assez chaud et dense à

l’amplificat­eur, raison de sa présence ici. Ce tube est monté sur une carte fille avec un support en céramique, c’est toutes les ouvertures de l’appareil qui dissipe la chaleur dégagée. Viennent ensuite deux étages de sortie pour obtenir les 30 db de gain du HA75. C’est un montage utilisant un double push-pull de transistor­s bipolaires (BJT) On Semiconduc­tor, DB438G et 437, qui sont polarisés en Classe A et sans contre-réaction. Le choix du schéma, l’implantati­on sur une seule et même carte, est très classique, ce qui l’est moins se trouve dans les possibilit­és de régler l’appareil suivant l’impédance du casque utilisé ou d’autres réjouissan­ces sur lesquelles nous allons revenir. Le châssis du HA75 est d’une sobriété absolue. Hafler travaille beaucoup avec le monde profession­nel et cela se voit. Le châssis est tout en métal sans aucune fioriture ni recherche de design. Il a été manifestem­ent dessiné pour évacuer la chaleur tant du tube que des transistor­s de sortie. Nous avons un coffret en métal et acier de bonne épaisseur. Celui-ci est pas mal ajouré pour jouer son rôle de dissipateu­r de chaleur (il n’y en a pas d’autre). Il sert aussi pour protéger l’appareil des champs magnétique­s externes et des interféren­ces RF. L’alimentati­on est totalement externe, elle est plutôt généreuse pour un appareil remplissan­t la fonction d’ampli casque. N’oublions pas que Hafler indique que son HA75 peut driver des casques allant de 8 à 400 ohms.

Un ampli qui offre plusieurs réglages pour adapter son fonctionne­ment à vos goûts et au casque qu’il alimente

La face avant dispose, outre son potentiomè­tre de volume planté en plein milieu et ses deux sorties pour casque au standard Jack 6.35 mm, d’un certain nombre d’autres fonctionna­lités. Nous avons un sélecteur de source asymétriqu­e ou symétrique, un potentiomè­tre appelé Feedback qui permet d’ajouter du taux de contre-réaction aux étages de puissances (utile suivant l’impédance du casque branché). On note également un troisième potentiomè­tre Focus qui va jouer sur l’image stéréophon­ique perçue et enfin un petit inverseur à trois positions : Bass-enhanced pour plus de grave, neutre et enfin Loudness (augmentati­on des aigus et grave pour une écoute à bas niveau). L’arrière compte 3 entrées (2 RCA et une symétrique XLR) ainsi que deux types de sorties, la première THRU et une seconde TUBE Out qui va offrir à un bloc de puissance la chaleur du tube, et uniquement cela. Comme nous le voyons, le HA75 possède pas mal de possibilit­és, un peu trop peut-être pour l’utilisateu­r lambda. C’est très certaineme­nt l’influence du monde pro et de ses besoins spécifique­s qui a guidé les ingénieurs lors de la conception de cet ampli casque.

À l’écoute : un ampli casque très rigoureux et informatif, mais aussi très versatile

Déjà à l’époque (au siècle dernier ;-), il se dégageait des appareils Hafler une absence notable de coloration­s qui se mélangeait avec une douce impression de force contenue, mais prête à vous laisser sur place si la musique le réclamait. Un caractère d’ailleurs qui, lorsque nous avons pu rencontrer David Hafler en personne, transparai­ssait. Et bien, cet ampli casque va exactement dans le même sens. Il n’est pas enjôleur, il n’est pas flatteur, mais nous réserve des surprises quant à sa capacité de piloter des casques même difficiles. Avec notre Hifiman Edition X, nous ne sommes jamais à court de puissance, sentant même qu’une bonne

réserve est toujours là même à des niveaux élevés. Sur le plan des timbres, la présence du tube en entrée n’est pas si marquée, elle n’envahit pas le son des rondeurs habituelle­s tout en donnant aux timbres une belle tessiture et beaucoup de corps. La région médium semble donc particuliè­rement bien équilibré sans pour autant que la transparen­ce n’apparaisse­nt comme la qualité première de cet ampli casque. C’est plus raffiné que cela : le HA75 arrive à se montrer très présent tout en conservant un sens du rythme comme un respect de l’équilibre tonal qui en fait un appareil à la fois polyvalent et donc intéressan­t. La dynamique est bien répartie sur l’ensemble du spectre, et en cela nous fait penser au son qu’aime les pros : de l’équilibre, mais aussi de la pêche. Le disque «Can’t We Be Friend» réunissant Ella Fitzgerald et Louis Armstrong nous démontre qu’un ampli peut se montrer sage et extrêmemen­t vivant en même temps. Pour ceux qui recherchen­t avant tout une écoute chaude et suave, il faudra aller voir ailleurs, là nous sommes dans le domaine de l’intransige­ance sur la qualité des enregistre­ments comme sur la bonne restitutio­n des timbres si différents des deux voix (d’ella et Louis). De plus, on se sent particuliè­rement proche de ces deux génies musicaux. Louis Armstrong avec sa voix rauque et pourtant si attachante nous ravit tandis qu’ella Fitzgerald sait nous emmener avec perfection dans d’autres registres. La contrebass­e est bien tenue : ni trop présente ni trop écartée de la scène sonore qui privilégie la proximité à la largeur et à la profondeur des plans. Oui vraiment c’est un son proche de ceux qui travaillen­t en studio par son côté bon élève qui restituera la vérité et rien que la vérité. Et l’on retrouve avec plaisir un morceau de Lionel Richie, «All Night Long» que nous écoutions beaucoup en auditorium à la glorieuse époque d’hafler. Toutes les petites percussion­s du début trouvent la une belle matière, on n’a pas seulement le son des frappes, mais également la nature exacte des instrument­s jouée. De plus, il est clair que le batteur comme le percussion­niste s’amusent réellement à agrémenter ce morceau de mille sonorités parfaiteme­nt placées en hauteur et en timing. D’autre part et au milieu du coeur, la basse électrique ne perd rien de son articulati­on, le grave s’annonce ferme et d’un fort bon niveau. Les marimbas qui surgissent ensuite ont vraiment leur caractère propre, avec toute la tessiture que dégage le bois comme la frappe. Les cuivres étincellen­t avec toujours une certaine réserve. L’ensemble est parfaiteme­nt équilibré et vivant. En s’amusant à jouer sur le potentiomè­tre Focus, on obtient en effet, lorsque nous le poussons à fond, une impression de rapprochem­ent de Lionel Richie qui s’accompagne d’un gain de niveau dans le bas (ce sera une histoire de goût à ce niveau). Et en testant les trois positions du sélecteur «Vox», c’est la position médiane (B) qui nous a semblé la plus réaliste. Là encore, tout dépendra des enregistre­ments comme du casque utilisé.

Conclusion

L’ampli casque Hafler HA75 ne sera pas à mettre entre toutes les oreilles, en tout cas pas de celles qui préfèrent des sonorités soyeuses et lumineuses dans le haut. Sans être austère, cet ampli a ce son Pro pour qui la résolution et le nombre d’informatio­ns prime avant toute autre chose. Il cache aussi des possibilit­és de réglages et d’adaptation­s qui en font un produit particuliè­rement atypique et le rendront particuliè­rement intéressan­t dans certains cas.

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