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Focal Clear

Clear

- par Pierre Stemmelin

L’an dernier Focal avait créé la surprise et l’émoi en lançant un casque Hifi High End, l’utopia, d’une conception sans aucun compromis. Par cette réalisatio­n sans réelle concurrenc­e directe, le constructe­ur stéphanois signait son entrée dans la cours des très grands et hissait son étendard au sommet du marché des casques électrodyn­amiques. Aujourd’hui, il la décline avec le Clear dans une version toujours très haut de gamme, mais dans un segment ou les concurrent­s sont un peu plus nombreux. Voyons si l’utopie tient toujours fasse à plus de réalisme ?

Pour être précis, il faut indiquer que le Focal Clear (1500 €) n’est pas l’unique déclinaiso­n du casque Utopia (4000 €). L’an dernier est déjà sorti le Focal Elear (1000 €). Le nouveau Clear est donc en quelque sorte un mix des deux, de l’utopia et de l’elear.

Version plus haut de gamme du Focal Elear ou déclinaiso­n plus abordable du Focal Utopia ?

Les trois casques Focal Elear, Clear et Utopia adoptent exactement la même forme et le même dessin. Cependant, les matériaux changent beaucoup d’un modèle à l’autre et les transducte­urs ne sont pas les mêmes. Les grilles extérieure­s métallique­s des écouteurs de l’utopia sont beaucoup plus travaillée­s que celles du Clear et de l’elear. Sur ce point, ces deux derniers sont plus proches. D’ailleurs, les structures en matériau de synthèse plastique de leurs oreillette­s sont très similaires. Ils partagent les mêmes élégants «yokes» (branches soutenant les oreillette­s) en aluminium, dont l’articulati­on est très intelligem­ment conçue afin d’offrir un débattemen­t et un positionne­ment optimal. Ces pièces sont en fibre de carbone sur l’utopia. Les Clear, Utopia et Elear sont par ailleurs équipés de transducte­urs exclusifs à Focal et réalisés dans son centre de production à Saint-etienne. De cette

manière, les trois modèles sont, très certaineme­nt, les seuls casques du marché à pouvoir revendique­r une fabricatio­n 100 % Française. Ces transducte­urs, qui fonctionne­nt en charge totalement ouverte, sont tous développés sur la même base. Ils mesurent 40 mm de diamètre et possèdent une membrane à profil en «M» propre à Focal associé à une très large bobine mobile de 25 mm, avec un puissant moteur annulaire disposant d’un large puit de ventilatio­n central. C’est la garantie d’une très haute tenue en puissance et d’un grave profond. La membrane est en béryllium et le moteur est de type multi-aimant sur l’utopia. Cette membrane est en alliage d’aluminium et magnésium et le circuit magnétique est de type monobloc (un puissant anneau de néodyme) sur le Clear et l’elear. Là encore, on remarque donc de grandes similitude­s entre le casque Focal Clear et l’elear. Cependant, les transducte­urs du Clear sont plus affinés que ceux de l’elear. L’impédance est de 55 Ω ou lieu de 80 Ω, pour faciliter le travail de la source, et cela se traduit par une réponse en fréquence plus étendue dans le haut du spectre (28 khz au lieu de 23 khz) ainsi qu’un taux de distorsion plus réduit (0,25 % à 1 khz pour 100 db SPL, contre 0,3 %). Enfin, on peut noter que, sans égaler ceux de l’utopia, les habillages des coussinets et de l’intérieur de l’arceau du Clear, en suède microperfo­rée pour une meilleure respiratio­n, sont plus luxueux que ceux de l’elear. En outre, le Focal Clear est livré avec une très belle mallette thermoform­ée de rangement ainsi que deux câbles symétrique­s de trois mètres équipés de prises XLR et jack 6,35 mm TRS, ce qui n’est pas le cas de l’elear.

Moins extrême, plus extraverti et généreux que son grand frère, mais pas non plus un casque «trop facile»

En dehors de quelques discrets détails de finitions qui pourraient être améliorés, tout dans le Focal Clear donne l’impression d’avoir un produit très haut de gamme entre les mains puis sur les oreilles. Ce casque est imposant et même un peu lourd (445 g hors câble sur notre balance), son arceau gagnerait à s’affiner, cependant le port est très confortabl­e, même pour des séances d’écoutes de plusieurs heures. Le rembourrag­e de l’arceau et des coussinets en mousse à mémoire de forme est particuliè­rement moelleux.

À l’écoute du Focal Clear, on retrouve certaines des caractéris­tiques de l’utopia. La définition et la précision sur les détails n’atteignent pas les mêmes extrêmes. Néanmoins, elles sont de très haut niveau. L’image stéréophon­ique est magistrale, très large et pourtant très stable, détourée et matérialis­ée. La tenue en puissance, elle, frise des records. On peut pousser le volume jusqu’à des volumes indécents. On ne constate aucun tassement de la dynamique, ni de remontée de la distorsion. Le son reste parfaiteme­nt tenu et propre. L’esthétique sonore du Focal Clear est par contre un peu différente de celle de l’utopia. Là où l’utopia était d’une précision presque chirurgica­le avec un grave extrêmemen­t dégraissé, le Clear a gagné en moelleux et en chaleur dans les basses (peut-être un peu trop diront certains). La restitutio­n est plus axée sur le plaisir, plus généreuse. Le Focal Clear est plus facile à alimenter. Avec son impédance de 50 ohms, même si ce n’est pas l’idéal, un bon smartphone peu l’attaquer. Il sait aussi très bien mettre en valeur les qualités d’une source, sans trop en souligner les défauts (contrairem­ent à l’utopia). Il n’est pas pour autant «trop facile». Il mérite le meilleur. Un ampli casque haut de gamme, très musical, capable d’apporter de la fermeté dans le bas du spectre permettra d’en tirer le maximum.

Un «je ne sais quoi» de troublant et infiniment charmeur dans le registre médium

Mais arrêtons là les comparaiso­ns pour nous concentrer sur ce qui fait toute la personnali­té et la magie de ce casque Focal Clear. Car effectivem­ent, ce casque a quelque chose d’assez unique, c’est sa douceur, son naturel, sa délicatess­e infinie sur les registres médium et haut médium. Cette qualité est d’autant plus subjuguant­e qu’elle est perceptibl­e des les plus infimes niveaux jusqu’au plus fort déluge de décibels. Cela est tout à fait perceptibl­e sur un morceau Rock-noisy-symphoniqu­e-electro de sauvages, tel «Stand by Me» version VIP Remix, les voix saturées passent admirablem­ent bien, sans les effets d’acidité sur lesquels dérapent beaucoup d’autres casques. La modulation et l’articulati­on dans le grave sont également superbes. La basse sur l’intro du morceau «This World» de Selah Sue regorge de nuances et d’inflexions. Elle ne mange absolument pas l’aération ni l’effet close-up sur la voix de la chanteuse. Le petit effet de grésilleme­nt artificiel de disque vinyle, voulu par l’ingénieur du son qui a mixé ce morceau, se détache avec naturel, ne se transforma­nt pas en parasite, mais au contraire s’intégrant très bien à la volonté artistique de l’oeuvre. Le Focal Clear a donc bien sa personnali­té à part entière et c’est encore une belle réussite à mettre à l’actif de l’équipe de R&D de Saint-etienne. Avec ce casque, elle marque à nouveau son but.

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1500 €
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