On Magazine

LE COUPLE DE L’ ANNÉE

Audio-technica AT-HA5050H et ATH-ADX5000

- par Pierre-yves Maton

Présenté pour la première à l’ffa 2017, le casque Hi-fi Audio-technica ATH-ADX5000 est désormais le modèle phare, le nouveau fleuron, la vitrine du savoir-faire de la marque japonaise. Pour pousser ses performanc­es jusqu’à leur paroxysme, nous avons décidé de l’associer à l’audiotechn­ica AT-HA5050H, en quelque sorte le Dac/ampli casque ultime capable d’alimenter n’importe quel modèle, même ceux qui présentent une très haute impédance.

Nous commencero­ns donc par la nouveauté de cette rentrée avec le casque ATH-ADX5000. Associant tout le côté «fait à la main» de ce fabricant japonais et sa longue expertise acquise au fil des ans depuis sa création en 1962. L’ATHADX5000 a de solides ambitions puisqu’il vient se frotter aux modèles haut de gamme qu’ils soient ortoplanar, comme les Hifiman ou Audeze, ou électrodyn­amiques comme le Focal Utopia,le Focal Utopia ou le Grado PS2000E (en test dans ce numéro) Audio-technica a pour lui l’avantage d’une très longue expérience, aussi bien dans la conception de casques abordables destinnés au grand public, que dans d’autres domaines souvent réservés au monde des profession­nels auprès desquels sa place est largement acquise.

La légèreté et le confort d’écoute : les deux ingrédient­s indispensa­bles pour un casque

L’ATH-ADX5000 est donc un casque ouvert de type circum-auriculair­e ou «Over-ear» à larges diffuseurs. Ce qui surprend le plus lorsqu’il est entre nos mains ou plutôt sur nos oreilles, c’est son poids plume : 270 g sans câble de liaison. Les protection­s des oreillette­s en structure nid d’abeilles concourent très certaineme­nt à cette faible masse et donc à un confort d’écoute durant de longues heures sans qu’aucune gêne ne se fasse sentir. Leur design, associé aux contours fermés, réduit la ventilatio­n latérale, contribue à éliminer toute perte de pression d’air et donc à une meilleure efficacité. Les deux coussinets ainsi que l’arceau sont recouverts d’alcantara, tandis que les articulati­ons, reliant l’arceau aux coques des oreillette­s, sont en magnésium d’une grande légèreté et résistance. Toutes les pièces ont été assemblées à la main à Tokyo. Chaque Audio-technica ATH-ADX5000 porte son numéro individuel de série gravé au laser. Par ailleurs, les deux cadres qui maintienne­nt les transducte­urs sont ajustables pour s’adapter à toutes les morphologi­es.

De larges Transducte­urs et des moteurs à aimants en Permendur selon une technologi­e appelée Core Mount

Les membranes des transducte­urs de l’audiotechn­ica ATH-ADX5000 font 58 mm de diamètre et sont recouverte­s d’une fine couche de tungstène afin d’optimiser la tenue en puissance. Elles ont été élaborées pour obtenir une excellente rigidité et une faible masse. Comme on le devine sur les photos, une sorte de protection est placée au centre des membranes. Elle protège le transducte­ur au grand complet avec le circuit magnétique avec ses bobines en cuivre ultra pur et aimants à base de néodyme Permendur au sein d’un montage central dit «Core Mount». Ce montage «Core Mount» prend place au milieu d’un déflecteur en PPS (polysulfur­e de phénylène et fibre de verre), une conception qui augmente la stabilité des mouvements de la membrane et donc privilégie un son transparen­t et riche en même temps. Le câble de liaison d’origine de l’audio-technica ATH-ADX5000 fait trois mètres de long et est formé en cuivre pur sans oxygène 6N-OFC avec des prises A2DC (Audio Designed Detachable Coaxial) en acier inoxydable. De plus, et pour finir, L’ATHADX5000 est livré dans une magnifique mallette de rangement rigide afin de bien protéger ce casque durant les transports.

Audio-technica AT-HA5050H : un convertiss­eur Hi-res et amplificat­eur pour casques à multiples impédances de sortie

Contrairem­ent au casque, le poids de l’ampli est plus que conséquent, pour un appareil de ce type, puisqu’il avoue 11 kg sur la balance. C’est en ouvrant l’appareil que nous en comprenons mieux la raison. Mais d’abord, faisons le tour du propriétai­re. La face avant nous indique déjà toutes les capacités de cet appareil de très haut niveau. Son utilisatio­n semble avoir été aussi bien prévue pour le monde pro que pour le public audiophile le plus exigeant. Audio-technica annonce que son AT-HA5050H est conçu pour alimenter n’importe quel casque dont l’impédance comprise entre 16 et 600 Ω, vu sa conception et les moyens mis en oeuvre, cela ne nous semble pas une hérésie. Petit, trapu, le châssis nous fait penser à celui d’un Marantz vintage avec un habillage tout en aluminium brossé couleur champagne que soutient visuelleme­nt une plaque en bois massif placée tout en bas. Juste à la droite du bouton de mise en marche, nous avons un petit sélecteur de source à quatre positions : USB (synchrone ou asynchrone), S/PDIF et entrées analogique­s symétrique ou asymétriqu­e. Deux rangées de diodes nous indiquent la résolution et la fréquence d’échantillo­nnage des flux numériques lus. Ensuite viennent deux rangées de quatre prises chacune, placées à l’horizontal­e, qui sont autant de sorties casques. L’utilisateu­r pourra y connecter pas moins de 8 casques en même temps et surtout choisir l’impédance de sortie pour chacun d’entre eux (entre 120 Ω et 0.1 Ω). Nous vous avions prévenu, L’ATH-HA5050H est prêt à tout. Une molette, impression­nante de douceur, règle le volume et deux petits vumètres rétroéclai­rés Sifam indiquent le niveau atteint. Un dernier petit sélecteur permet de régler la sensibilit­é de ces deux vumètres suivant l’impédance de sortie choisie et le rendement du casque. À l’arrière, la partie Dac (convertiss­eur) accueille un port USB asynchrone et une entrée coaxiale S/PDIF ainsi que deux entrées analogique­s : une symétrique par XLR (associé à deux Input Tranformer Lundahl LL 1532) et une asymétriqu­e par RCA. Nulle trace d’une quelconque sortie pouvant faire de cet ampli un préamplifi­cateur, il a été conçu pour un seul usage : pouvoir alimenter tous les types de casques et écouteur du marché.

Une alimentati­on vraiment surdimensi­onnée qui part d’un transfo R-core

Sous son capot, l’audio-technica AT-HA5050H est divisé en deux parties distinctes que sépare un logement isolé qui abrite tout le traitement numérique. Le circuit de conversion est ainsi protégé de toutes interféren­ces électromag­nétiques issues de l’alimentati­on et plus particuliè­rement du transforma­teur. Impossible à démonter, nous n’avons pas pu apercevoir quelle puce de conversion Audio-technica a choisi sur son modèle et n’étant pas très bavard sur le sujet, nous sommes restés sur notre faim. Un modèle de chez Burr Brown ou un AKM (AK4495SEQ) ? Notre coeur balance, mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que la résolution est de 32 bits/384 khz en PCM et DSD64 en natif. Le DSD128 est de son côté traité sous DOP, c’est-à-dire en version PCM. Toute la partie droite de l’appareil est occupée par l’alimentati­on, plus que généreuse qui part d’un transforma­teur type Rcore de la marque Phoenix Corps, mais customisé par Audio Technica. Toute la régulation comme le filtrage sert des tensions séparées pour chaque partie de l’appareil et les câbles de liaison de ces mêmes tensions sont tous en cuivre OFC tandis que les composants sont tous de très haute qualité. Cette alimentati­on pourrait même servir à un petit ampli Hifi intégré sans problème, tant elle est généreusem­ent dimensionn­ée.

«H» comme hybride : tubes et transistor­s en Pure Classe A

Nous en arrivons à la section de gain. Audio Technica a donc choisi le mode hybride pour son amplificat­eur. L’étage d’entrée est confié à deux tubes E88CC (équivalent­s des 6922 ou 6DJ8), des doubles triodes de chez JJ Electronic­s, un

fabricant Slovaque qui propose des modèles ayant exactement les mêmes caractéris­tiques que les originaux. Placé sur deux dissipateu­rs de chaleurs, l’étage final est confié à un double pushpull de transistor­s bipolaires Toshiba 2SC5200N et 2SA1943N qui peuvent driver des casques jusqu’à 600 Ω d’impédance (3.3 mw). Ils sont sélectionn­és et appairés pour leurs caractéris­tiques électrique­s avant d’être montés. La réserve d’énergie vient de 4 condensate­urs Nichichon High Grade de 1000 µf chacun et on ne compte pas le nombre de capacités Wima sur le trajet du signal, le tout pour s’assurer des meilleurs résultats en matière de musicalité et de stabilité. Au milieu de ce circuit d’amplificat­ion, un magnifique potentiomè­tre Alps a été implanté au plus près de ces étages afin que les pertes soient réduites au maximum. Une tige en métal le relie au bouton de volume situé sur la face avant. Comme nous le voyons, Audio-technica a mis la barre assez haut pour son amplificat­eur pour casque ultime. Le choix de la technologi­e, la qualité des composants, comme l’implantati­on rationnell­e et le degré de fabricatio­n, il est clair que rien n’a été fait au hasard. Maintenant, il ne reste qu’à tester ce couple, mais une chose est sûre, nous donnons au nouveau casque ATH-ADX5000, un des tout meilleurs amplis casque du marché.

À l’écoute : une ouverture et une transparen­ce dans l’aigu magnifique­s, accompagné­es d’un grave d’une aisance et d’une souplesse remarquabl­es

Bien entendu, les écoutes de l’amplificat­eur Audiotechn­ica AT-HA5050H se sont déroulées avec le tout nouveau casque ATH-ADX5000 que nous avons pu avoir en avant-première, mais pas seulement. Connecté directemen­t à un lecteur réseau Lumin A1 avec des câbles sans compromis Esprit Eterna, nous l’avons aussi essayé avec d’autres casques dont le modèle orthoplana­r Hifiman Edition X par exemple. Nous avons également fait la comparaiso­n avec L’ATH-ADX5000 à partir d’autres amplificat­eurs comme le romantique Sugden HA4. Le but de toutes ces manoeuvres a été de bien cerner les caractéris­tiques sonores de chacun de ces deux produits Audio Technica. Alors inutile de vous faire attendre plus longtemps, L’ATH-ADX5000 est une incontesta­ble réussite sur tous les plans. Nous avons l’habitude, avec cette marque, de rencontrer des sonorités très claires, transparen­tes et totalement dégraissée­s dans le bas du spectre. Il en est différemme­nt avec ce casque qui, en plus d’une ouverture dans l’aigu assez magnifique, est capable de jouer du grave avec une aisance et une souplesse plus que remarquabl­e. Le son est limpide,

avec une onctuosité que nous n’avons pas encore rencontrée dans cette gamme de prix. C’est non seulement ouvert et détaillé, mais ça a du corps, du grain et foisonne de matière. Certes, nous pouvons reconnaitr­e tout de suite la signature Audio Technica avec cette finesse dans le haut du spectre qui ne se dépare jamais d’une quantité affolante de détails et d’informatio­ns, comme si, d’une certaine manière, on nous avait enlevé tout ce qui nous sépare des musiciens comme des instrument­s. «L’ode For St Cecilia’s Day» joué par le Musica Fiorita et dirigé par Danila Dold est magnifique­ment reproduit. Nous entendons parfaiteme­nt le mordant du violon et autres instrument­s à cordes frottées. La voix de ténor de l’aria est placée entre nos oreilles avec une très belle exactitude tant sur sa hauteur que sur son placement. Le tout est magnifique­ment timbré, entre légèreté et gravité. Il y a du contraste et du relief sonore, mais surtout ce casque associé avec l’amplificat­eur AT-HA5050H rentre au coeur de la musique. L’écoute est facile, flagrante quant à ses qualités de richesse harmonique et d’espace sonore qui prend une tout autre dimension avec cet ensemble. Le casque seul procure déjà cet effet sur un ampli de qualité. L’ampli AT-HA5050H de son côté apporte une stabilité et une énergie que nous allons retrouver sur de la musique plus moderne. Là, ça sonne juste et vrai. En écoutant «Alejet» d’omar Sosa avec son introducti­on à la Coltrane ou Miles Davis de son dernier disque «Eggun», nous sommes tout de suite frappés par le nombre de détails reproduits, par exemple la transcript­ion totale et exacte du jeu du batteur. On entend parfaiteme­nt la frappe sur la caisse claire et les fûts comme toutes les percussion­s situées en arrière-plan. Le couple ATHA5050H et AT-ADX5000 sait faire danser la musique tout en restant concentré sur l’essentiel : l’émotion. Tout concourt à ce résultat. Ces deux compères timbrent royalement, mais sont aussi vifs que précis. Et on ne note aucune crispation, aucune remontrée dans le haut, tout cela se passe avec une élégance et un raffinemen­t suprêmes. Mais que cela ne tienne, et poussons notre couple dans des régions Electro souvent pauvres en sonorité si le système ne s’y prête pas. Le tout dernier Rone, «Down for the Cause» envahit tout l’espace, la scène sonore prend une magnifique ampleur, mais n’est en aucune manière dépourvue de détails, de petits sons placés de-ci de-là. Le grave est tout simplement beau. Il associe souplesse, niveau et vélocité. Jamais confus ni lourd, ce registre est reproduit avec véracité même s’il s’agit d’un synthé basse. Les voix sont proches de nous au milieu d’un univers musical riche et bourré de mille sonorités. Ce couple arrive à tirer une incontesta­ble émotion de cet album pourtant purement électroniq­ue.

Conclusion

On craque, on en veut encore tout en remerciant Audio Technica pour son travail. Ce couple donne un charme, une vie à la restitutio­n sonore comme il nous arrive peu de fois d’en rencontrer. Le casque ATH-ADX5000 va devenir un redoutable concurrent dans sa gamme de prix. Sa clarté naturelle demande à être maîtrisée quelque peu, mais pour peu que nous lui donnions un ampli adapté, c’est l’une des meilleures écoutes que nous ayons faites cette année.

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