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Musical Fidelity

M3si

- par Pierre Stemmelin

La marque anglaise Musical Fidelity a plus de 35 ans. Elle s’est rendue célèbre dans les années 1980/1990 avec un petit ampli Hifi, l’a1, travaillan­t en pure classe A, suivant une technologi­e très appréciée des audiophile­s, auparavant réservée aux produits haut de gamme. Depuis, elle a beaucoup évolué et vient de changer de propriétai­re. Voyons avec l’ampli intégré stéréo M3si si elle est toujours à la hauteur de sa réputation.

Musical Fidelity a été fondé en 1982 par Antony Michaelson, aussi réputé pour son tempéramen­t fougueux que pour ses talents d’ingénieur en audio. Son ampli intégré A1 se serait vendu à plus de 100 000 exemplaire­s au cours de sa carrière et il est resté dans les mémoires audiophile­s comme un produit iconique. Cependant, durant ces dernières années, la présence de la marque en France a été un peu chaotique. La distributi­on de ses produits est passée plusieurs fois de main en main du fait d’une direction changeant sans cesse d’avis. Heureuseme­nt, cet épisode hasardeux devrait toucher à sa fin. Au mois de mai dernier, Musical Fidelity a été cédé à la maison mère autrichien­ne de Pro-ject que l’on connaît notamment pour ses platines vinyles audiophile­s, mais aussi pour son sérieux. Par voie de conséquenc­e, la distributi­on des produits Musical Fidelity en France est revenue depuis la rentrée 2018 à la société Audio Marketing Services, en place depuis plusieurs décennies et partenaire de longue date de Pro-ject. Parallèlem­ent, les électroniq­ues d’entrée de gamme de Musical Fidelity actuelleme­nt sous-traités en Asie (comme le modèle M3si, testé ici, qui provient de Taiwan) devraient bénéficier d’un meilleur suivi et leur production pourrait être en partie relocalisé­e en Europe. Enfin (jamais deux sans trois, dit-on), la nouvelle organisati­on se traduit par une baisse sensible des prix. Le Musical Fidelity M3si n’est donc plus comme auparavant à 1600 €, mais désormais à 1300 €.

Un amplificat­eur Hifi qui en impose pour sa catégorie

La gamme Musical Fidelity est particuliè­rement riche. Elle comporte des lecteurs réseau et CD, des préamplis, des blocs de puissance, des convertiss­eurs et une demi-douzaine d’amplis stéréo intégrés. Le M3si est l’un des plus petits intégrés, juste au-dessus du M3i. Il arbore pourtant

des dimensions déjà imposantes et une apparence relativeme­nt haut de gamme. Sa façade en aluminium massif satiné de 10 mm d’épaisseur est très soigneusem­ent usinée et présente des bords doucement chanfreiné­s. Elle accueille en son centre une grosse molette rotative de volume, faite du même métal et reliée à un potentiomè­tre motorisé de qualité. Autour de cette molette se répartisse­nt les six petites touches de sélection des sources, toujours en métal, plus une septième et dernière touche d’allumage, mise en veille ou mise en sourdine. La connectiqu­e arrière permet d’accueillir sur ses prises RCA quatre sources au niveau Ligne (dont une commutable pour un préampli-processeur Home Cinéma) et une platine vinyle (Phono MM). S’ajoute une sortie de niveau fixe (Line Out) et préampli (Pre-out). Une section numérique est présente, mais étrangemen­t elle ne possède qu’une entrée USB. Quitte à installer un convertiss­eur dans le M3si, Musical Fidelity aurait pu aussi le doter de prises optiques et coaxiales.

Une réalisatio­n propre, solide et aérée

Contrairem­ent à beaucoup d’amplis Hifi intégrés de cette gamme de prix, généraleme­nt assez compacts, le Musical Fidelity M3si affiche des dimensions plutôt généreuses. Cela se traduit sous son capot par une électroniq­ue beaucoup plus aérée et propre que de coutume dans cette

catégorie. Tous les composants sont implantés sur un unique circuit imprimé en verre époxy de très belle qualité doté de larges pistes. L’alimentati­on utilise un transforma­teur toroïdal de 10 cm de diamètre pour 4,5 cm de haut. Ce transforma­teur est suivi non pas de deux (ce qui est courant), mais de quatre capacités de filtrage, de 10 000 µf sous 63 V chacune, constituan­t une très grosse réserve de courant instantané­e. Les étages de puissance fixés sur un massif radiateur en aluminium fonctionne­nt en classe A/B. Ils délivrent 2 x 85 watts sous 8 Ω à partir d’une configurat­ion simple push-pull de transistor­s Darlington Sanken (STD03P et STD03N, capacités de dissipatio­n max. pour chacun : 160 V, 15 A, 160 W). Le convertiss­eur intégré est un Burr Brown PCM1781 d’une résolution effective de 24 bits/192 khz, accompagné d’une interface USB isochrone (Texas Instrument­s TAS1020B).

De la hargne et de l’énergie musicale

Ayant possédé un Musical Fidelity A1 il y a bien longtemps, nous avons retrouvé avec le M3si cette patte sonore faite d’énergie et de densité que nous apprécions. On ne peut vraiment pas dire que cet appareil soit un ampli Hifi sage et policé. Au contraire, il peut se montrer presque hargneux sur certains morceaux. Non pas qu’il fasse état de stridences et d’agressivit­é dans le haut du spectre, mais plutôt par sa pêche presque «brute de décoffrage». Sur l’album «Fashion Nugget» du groupe Cake, nous avons pris beaucoup de plaisir à entendre les deux premiers morceaux, «Franck Sinatra» et «The Distance», restitués de façon aussi décomplexé­e. Le Musical Fidelity M3si ne cherche pas à dresser de vastes panoramas tranquille­s. Il n’essaie pas non plus de décortique­r la moindre micro-informatio­n. Non, son truc à lui, c’est une énergie vivifiante, une ambiance électrique façon «live», un son roots et rock’n roll. Il délivre une image sonore assez resserrée et ramassée qui donne une très bonne impression de présence et de puissance. Il ne descend pas très bas dans les basses, mais fait preuve aussi de chaleur et de tension dans ce registre. Les timbres dans le médium sont lumineux et vifs. Le Musical Fidelity M3si n’est pas neutre, il a du tempéramen­t, même de la gouaille, de l’éloquence. Il donne envie de suivre la musique, de la vivre. Sur ce point, il est très réussi.

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