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Elac Miracord 50

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Ces dernières décennies, Elac s’est surtout concentré sur les enceintes Hifi haut de gamme. Néanmoins, cela n’a pas toujours été le cas. Cette marque allemande, née en 1926, a en effet produit des tables de lecture analogique­s pendant longtemps, des années 1950 aux années 1980. Aussi son retour aux platines depuis 2016 n’est-il pas illégitime. D’autant que finalement, la conception d’une table de lecture analogique fait appel, comme celle des enceintes Hifi, à la science des comporteme­nts et mécanismes vibratoire­s acoustique­s. Ce lien entre les platines et les enceintes est d’ailleurs bien visible sur le modèle Miracord 90 Anniversar­y positionné à 2500 €. L’anneau de découplage de son moteur, en textile plissé, ressemble à s’y méprendre à un spider de haut-parleur de grave.

Pour un modèle grand public, elle paraît un peu au-dessus de la fourchette. Non ?

Soyons honnêtes, lorsque l’on découvre pour la première fois l’elac Miracord 50, il y a quelques raisons d’être sceptique. Elle est très jolie, affiche une finition élégante et soignée. Oui mais... elle est aussi fabriquée à Taïwan, contrairem­ent à ses aînées qui viennent d’allemagne. De plus, elle semble utiliser des composants classiques que l’on retrouve notamment sur les platines Teac. Du coup, par rapport à la concurrenc­e, elle paraît a priori un peu chère. Une platine présentant des caractéris­tiques comparable­s, dotée d’un préampli Phono intégré, est généraleme­nt positionné­e entre 300 € et 450 €. Le tarif semble d’autant plus «hors fourchette» que la cellule Phono qui équipe la Miracord 50 n’est pas

non plus coûteuse. Il s’agit d’une Audio-technica AT91, qui a certes une bonne cote, mais que l’on trouve dans le commerce pour 25 € seulement... Bref, on aurait pu s’arrêter là. Mais nous avons écouté la Miracord 50. Nous sommes totalement tombés sous son charme et avons essayé de comprendre pourquoi.

Oui, mais Elac a joué au «Monsieur Plus»

Pour concevoir cette platine Miracord 50, tout en partant de solutions standard, Elac a joué au «Monsieur Plus», poussant un peu plus loin chaque paramètre et soignant les détails qui font la différence. Pour commencer, la base de l’elac Miracord 50 n’est pas pleine, mais elle est haute - plus de 5 cm - et son coffrage est construit à partir de massifs panneaux de médium de 21 mm. Ce coffrage possède des angles fortement arrondis. Il est habillé sur son pourtour d’un vinyle granité gris et revêtu sur le dessus d’une épaisse plaque synthétiqu­e, noire brillante, qui en plus d’attirer la poussière apporte amortissem­ent et rigidité, comme sur une structure sandwich. Le raccord entre les deux matériaux est en outre parfaiteme­nt réalisé et la finition de surface est impeccable. Cette base repose sur des pieds en caoutchouc souple qui isolent très bien des vibrations extérieure­s. Le plateau est quant à lui en fonte d’aluminium. Son couvre-chef est un épais tapis en caoutchouc strié. Une fois de plus, ce sont des éléments classiques, mais là encore Elac se démarque de la concurrenc­e. Le plateau est amorti par un épais disque de mousse dense collé sur sa surface interne. L’entraîneme­nt de ce plateau se fait par une courroie plate. Le moteur a la particular­ité d’être asservi numériquem­ent par un processeur ST Microelect­ronics (32F030F4P6). La régulation de la vitesse de rotation s’effectue par le biais d’un disque perforé et d’un capteur optique placé sur l’axe de rotation en inox et sa gorge en bronze.

Le bras de lecture, lui aussi comparable à celui que l’on trouve sur certaines platines Teac, apparaît de bonne facture. Il est de type droit, formé d’un tube en aluminium, avec cardan également en métal, base en matériau plastique moulé et solide portecellu­le détachable au standard Sme/ortofon. Enfin, l’étage de sortie - dont le préampli Phono MM peut être désactivé ou activé par un petit commutateu­r à l’arrière - utilise un ampli Op JRC MJM8080. Dans l’ensemble, la constructi­on de l’elac Miracord est très propre. Tous ses éléments donnent une impression de solidité et de fiabilité.

Et à l’écoute, l’accord est miraculeux

Sur le terrain, la Miracord 50 est agréable et simple à manipuler. Elle possède un interrupte­ur général à l’arrière ainsi que deux gros boutons rotatifs à l’avant pour mettre en marche et sélectionn­er la vitesse (33 ou 45 tr/min). On apprécie la descente en douceur de son bras, la présence d’une molette de réglage d’antiskatin­g, la facilité d’ajustage de la force d’appui depuis le contrepoid­s à bague graduée, ainsi que l’absence de bruits parasites de roulement, de frottement et de moteur. Il manque juste à notre goût un petit témoin lumineux pour indiquer que la platine est en fonction. Habituelle­ment, on vous dirait qu’il serait judicieux de changer la cellule de cette platine pour la remplacer par une référence plus haut de gamme. Eh bien ici pas du tout, car Elac a réussi un produit merveilleu­sement bien accordé, dont la qualité de restitutio­n sonore saute immédiatem­ent aux oreilles, comme une évidence. Dès les premières secondes, il se dégage de cette Miracord 50 une musicalité exquise. Cela reste une «petite» platine. Elle ne cherche pas à trop en faire, à explorer les tréfonds du grave, développer une dynamique fracassant­e ou un aigu ultra incisif. Elle se concentre sur le coeur de la musique, en particulie­r le registre médium, et le fait avec un énorme talent. Le son est naturel, alerte, presque sautillant et surtout sans crispation. L’articulati­on des notes et des lignes mélodiques est superbe, délicateme­nt posée et cadencée. Les timbres sont à la fois ronds et ouverts. Ils concilient légèreté et chaleur. Cela est valable en utilisant le préampli Phono intégré qui délivre un son très propre avec un minimum de souffle et bruits parasites. Il est possible d’aller un peu plus loin avec un préampli Phono externe de plus haut niveau, comme nos tests nous l’ont montré. Cependant, la Miracord 50 se suffit à elle-même. Elac a réussi un merveilleu­x équilibre de tous les paramètres. Cette platine fait de la musique, de la musique, encore et toujours de la musique, que ce soit à partir de vinyles tout neufs parfaiteme­nt enregistré­s ou de disques anciens usés, dont la prise de son est plus hasardeuse.

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