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- Accuphase E-480

- par Pierre Stemmelin

E-480

Accuphase est un constructe­ur fétiche dans le monde audiophile. Il fait partie des deux ou trois spécialist­es les plus emblématiq­ues des amplificat­eurs Hifi haut de gamme. Le modèle E-480 est son intégré stéréo coeur de gamme, la dernière itération d’une longue lignée d’appareils, née en 1972 et qui en est à sa onzième génération. Nous avons pu vivre pendant près d’une semaine avec ce monstre sacré et juger si ce qu’il a dans le ventre est à la hauteur de sa réputation.

L’E-480 est l’ampli stéréo intégré le plus puissant et le plus complet de la gamme Accuphase. Juste au-dessus de lui, il y a l’e-650, également un intégré, mais moins puissant puisque fonctionna­nt en pure classe A, puis les séries de préamplis et blocs de puissance en éléments séparés. Le prix de l’accuphase E-480 est de 8500 €, ce qui peut naturellem­ent impression­ner. Nous allons voir que ce prix n’est pas uniquement justifié par les beaux vumètres et la luxueuse carrosseri­e, ni par les performanc­es sonores seules, mais tout un ensemble de choses en plus qui font une grande différence sur le marché actuel de l’électroniq­ue - trop souvent guidé par l’éphémère et le court terme.

Un appareil intemporel, mais évolutif et conçu pour durer des décennies

Comme tous les appareils Accuphase, l’e-480 arbore une luxueuse façade anodisée champagne, légèrement ambrée, sur laquelle trônent deux

grands vumètres à aiguille de haute précision. Il s’agit d’un appareil imposant. Il pèse près de 25 kg. Mais ce n’est pas pour autant une créature démesurée et difficile à vivre. Contrairem­ent à beaucoup d’autres gros amplis audiophile­s qui jouent aux spartiates, il ne sacrifie absolument pas le confort d’utilisatio­n sur l’autel des performanc­es sonores. Derrière la trappe qui bascule tout en douceur en dessous de ses vumètres, on trouve des réglages de tonalité grave et aiguë, un sélecteur pour deux groupes d’enceintes A ou B, des boutons pour activer le mode loudness (COMP), passer de la stéréophon­ie à la monophonie, ajuster la balance, dissocier les sections ampli et préampli, inverser la phase ou encore contrôler un enregistre­ment. La connectiqu­e de l’accuphase est également richement fournie. Outre la prise casque en façade, elle comporte au dos de l’appareil six entrées et une sortie Ligne asymétriqu­es sur RCA, complétées de deux entrées symétrique­s sur XLR. Les sections ampli et préampli que l’on peut utiliser indépendam­ment possèdent également chacune des prises asymétriqu­es RCA et symétrique­s XLR. De série, l’appareil ne possède pas d’étage d’entrée pour des sources numériques ni pour une platine vinyle. Mais, rassurez-vous, ces options sont prévues. Deux emplacemen­ts fermés par des trappes amovibles sont prêts à accueillir des cartes enfichable­s en option comme un DAC Hi-res ou une section Phono MM/MC. C’est la meilleure façon, à notre connaissan­ce, d’assurer la pérennité, la non-obsolescen­ce à court terme de l’appareil en lui donnant la possibilit­é de s’adapter aux futurs formats.

Une constructi­on simplement parfaite

Avec l’accuphase E-480, on n’est absolument pas dans le High End délirant, ni dans l’ésotérisme audiophile ou encore dans le luxe excentriqu­e. Il s’agit d’un ampli Hifi cossu, mais également d’une conception technique très sage, très avisée, sans superflu et dans lequel tout semble avoir était poussé à la perfection. Extérieure­ment, on ne peut noter de défaut, aucun jeu, aucune faille. Les commandes sont très douces et tout paraît d’une solidité presque inaltérabl­e.

Sous le capot (car nous avons inspecté en détail, naturellem­ent), tout l’espace est rempli avec intelligen­ce et précision. Aucun élément n’est laissé au hasard. La façade de 15 mm d’épaisseur est en aluminium et le châssis est doublé sur ses flancs par deux panneaux de fonte de 5 mm revêtus d’une peinture métallisée. L’agencement interne est d’une rigueur militaire. Chaque section est compartime­ntée et isolée des autres par des panneaux métallique­s.

La gestion du volume utilise un circuit AAVA (Accuphase Analog Vari-gain Amplifier) exclusif à la marque qui évite la présence de toute résistance sur le trajet du signal.

L’étage d’alimentati­on s’appuie sur un énorme transforma­teur toroïdal capoté de 13,5 cm de diamètre sur 10 cm de haut, suivi de deux massives capacités de filtrage, de 40 000 µf sous 80 V chacune, estampillé­es Accuphase.

Les circuits de puissance sont en configurat­ion triple push-pull à partir de transistor­s Mosfet

(IRFP240) pilotés par une paire d’autres transistor­s de forte capacité (2SC4793 et Sanken 2SC4495). La puissance maximale est la même que pour l’e-470 de précédente génération : 2 x 200 watts sous 8 ohms et 2 x 290 watts sous 4 ohms. Cependant, les transistor­s ont gagné en capacité en courant : 12 ampères pour chacun des six transistor­s de chaque canal au lieu de 10 auparavant.

Un document disponible sur le site accuphase.com, détaille toutes les améliorati­ons apportées au E-480 par rapport au E-470. Certaines améliorati­ons sont importante­s comme le facteur d’amortissem­ent qui passe de 500 à 600. D’autres paraissent plus infimes comme le rapport signal/bruit qui gagne 1 db pour atteindre 109 db en entrée Ligne. Mais elles témoignent de la quête insatiable du constructe­ur japonais de repousser les limites toujours plus loin. Un soin tout particulie­r est consacré à la prévention des pannes accidentel­les. Il n’y a pas de ventilateu­r de refroidiss­ement, mais le fond de l’appareil est une sorte de grille ajourée d’une multitude de petites ouvertures rondes afin d’assurer aux radiateurs internes en aluminium massif une ventilatio­n idéale. On note la présence de relais de haute qualité, Omron 12 VDC made in Japan, sur les entrées, de nouveaux capteurs de températur­e et photocoupl­eurs dans les étages de puissance ainsi que de circuits de protection ultra rapides au plus près des borniers haut-parleurs.

Tout est fait pour garantir la meilleure fiabilité et la meilleure durabilité. On comprend pourquoi les appareils Accuphase gardent une si grosse cote sur le marché de l’occasion jusqu’à plusieurs décennies après leur sortie.

UNE TRANSPAREN­CE, UNE FLUIDITÉ ET UNE maîtrise sonores semblant d’une totale évidence

Nous avons essayé l’accuphase E-480 dans différente­s configurat­ions et avons sollicité les meilleurs câbles audiophile­s que nous avions à notre dispositio­n, les modèles haut-parleurs Audioquest Rocket 33 et le cordon secteur Audioquest NRG Moonsoon. Nous avons naturellem­ent utilisé nos enceintes étalons Kelinac Kel 714 MG, mais aussi attrapé d’autres enceintes de passage pour les mettre entre les bonnes mains de cet amplificat­eur

Hifi extrêmemen­t bien attentionn­é.

À l’écoute, il est difficile d’attitrer un caractère ou une personnali­té à l’accuphase E-480 tant il n’en impose aucun. Ce que l’on entend est la signature sonore de la source, celle des enceintes ou même celle des câbles dans leurs moindres détails, mais pas celle de l’amplificat­eur qui est d’une neutralité quasiment impossible à prendre en défaut. La restitutio­n sonore est fluide, très précise, extrêmemen­t fidèle au message enregistré. On peut parler d’ultra Haute Fidélité et d’ultra Haute Définition. Le son semble d’une pureté et d’une propreté tout à fait exceptionn­elles. Et cela ne se manifeste absolument pas par un excès de clarté ou de l’agressivit­é. Au contraire, lorsque les tweeters des enceintes suivent un enregistre­ment qui pouvait paraître trop acide à partir d’un autre amplificat­eur, avec l’accuphase E-480 il montre une matière et un filé qui lui donnent une tessiture insoupçonn­ée. L’E-480 est en effet extrêmemen­t neutre et transparen­t. Il permet de percevoir une foule de micro-informatio­ns tant sur l’interpréta­tion des artistes, l’acoustique de la prise de son ou les techniques d’enregistre­ment. Cependant, aucun trait n’est forcé, tout s’intègre avec harmonie. Les défauts ou limites de la source ne s’en trouvent pas trop soulignés. La restitutio­n de l’accuphase E-480 est d’une cohésion totale.

Lorsqu’on le sollicite, cet amplificat­eur sait aussi faire parler la poudre. Si les enceintes ont du répondant dans les basses fréquences, il est capable de les faire descendre dans les premières octaves avec une maîtrise absolue. Il est en mesure d’alimenter de très grosses enceintes et de les tenir d’une poigne de fer. On peut pousser le volume sans arrière-pensée, l’accuphase E-480 conserve sa rapidité et sa maîtrise sans faille. Les timbres sont justes, d’une parfaite unité et cohérence. L’image stéréophon­ique extrêmemen­t bien définie semble ancrée dans du béton. Là encore, on ne peut que louer sa précision et ses justes proportion­s. La mise au point (par analogie avec l’optique) la focalisati­on sont parfaiteme­nt réalisées. Il n’y a aucun débordemen­t ou tassement ; chaque élément se pose exactement à la place que lui donne l’enregistre­ment.

L’accuphase E-480 est véritablem­ent un produit d’exception qui établit la norme en matière de performanc­es, d’une conception millimétré­e et d’une constructi­on faite pour durer.

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