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Audeze LCD-I3

LCD-I3

- par Guillaume Fourcadier

Gamme pour le moins atypique dans l’univers des écouteurs, la série LCD-I d’audeze propose d’intégrer tout le savoir-faire de la marque en matière de transducte­urs planaires (orthoplana­r) dans des modèles intra-auriculair­es totalement ouverts. Les Audeze LCD-I3 sont les petits derniers de la fratrie, à mi-chemin entre les isine 10 à 400 € (que nous avons déjà testés et adorés) et l’ultra haut de gamme LCD-I4 à 2800 €. Des modèles atypiques et tout en compromis.

Savamment imaginé, le packaging des Audeze LCD-I3 impression­ne d’emblée. La petite boite cartonnée, recouverte d’une matière tissée, abrite une belle cloche de plexiglas. Celle-ci regroupe les écouteurs trônant dans un socle en mousse thermoform­ée, ainsi qu’une housse de transport semi-rigide en nylon dans laquelle son rangés tous les accessoire­s.

En plus de leurs embouts en silicone, les écouteurs viennent avec 2 systèmes d’accroche complément­aires. Le premier est une excroissan­ce venant se loger dans la conque, peu efficace ici. Le second est un arceau-tour d’oreille rigide permettant une meilleure tenue. Enfin, les LCD-I3 viennent avec un jeu de trois câbles différents : un modèle à terminaiso­n jack 3,5 mm, un câble Lightning (Apple), un câble à récepteur Bluetooth reliant les deux écouteurs. Ces deux derniers câbles adoptent le circuit de traitement sonore Cipher d’audeze. Notons que ces deux câbles sont habituelle­ment vendus seuls à 120 € (Bluetooth) et 150 € (Lightning). Le modèle Bluetooth est compatible avec le codec Aptx HD et sa batterie permet de tenir un peu plus de 8 h selon nos mesures.

Une ergonomie et un confort totalement ésotérique­s

Si les Audeze LCD-I3 impression­nent par leur design, ils sont également à la limite du grotesque tant ils paraissent démesurés pour des écouteurs intra-auriculair­es. Le très large transducte­ur planaire de 30 mm en impose tout autant qu’il effraie. Au moins, la finition est tout bonnement irréprocha­ble, marquée par une structure principale­ment en plastique, mais sans aucun défaut. Les prises de raccordeme­nt vers le câble utilisent sur chaque écouteur deux broches classiques, mais s’appuyant sur un principe de détrompeur non standardis­é. Le confort est en revanche un gros point noir, voire un motif de non-adoption pour certains utilisateu­rs. La canule, même rétrécie en entonnoir, est particuliè­rement large. Cette caractéris­tique vient s’ajouter au poids important du transducte­ur en lui-même provoquant un port souvent déséquilib­ré, l’écouteur ne cessant vouloir ressortir du conduit auditif. Même avec les arceaux tour d’oreille, le constat n’est pas brillant. Ces derniers permettent aux écouteurs de ne pas choir, mais n’empêchent pas la canule de se déplacer au gré des plus infimes

mouvements de mâchoires, faisant alors perdre toutes les basses. Quels que soient les embouts en silicone utilisés, il faut avoir les conduits auditifs suffisamme­nt larges.

L’isolation phonique n’est pas brillante et même presque totalement nulle, mais ce point était attendu. Malgré leur structure intra-auriculair­e, les LCD-I3 sont totalement ouverts sur l’extérieur. La membrane ne pouvant pas être amortie efficaceme­nt, Audeze a choisi de la laisser en charge totalement ouverte. Ainsi, l’atténuatio­n des bruits extérieurs est presque inexistant­e. Et pour ne rien arranger, les fuites de son sont tout aussi importante­s.

Une restitutio­n sonore qui peut atteindre des sommets

Les performanc­es sonores peuvent se voir sous le prisme des deux types de câbles : avec ou sans le module Cipher. Ce module de traitement va clairement influencer la qualité et la signature sonore.

Avec le câble Jack, la sonorité des écouteurs paraît assez terne, même sur un bon amplificat­eur pour casque. Sans être mauvais techniquem­ent ou désagréabl­e, on sent que le potentiel est encore inexploité. Les basses et médiums sont très équilibrés, mais les aigus un peu trop en retrait, peinant à développer l’espace sonore et l’aération en général.

Tout change largement avec l’utilisatio­n du câble Lightning ou du câble Bluetooth Cipher. L’écoute est presque transfigur­ée, car beaucoup plus vivante, mais surtout infiniment plus aérée. Dès lors, la personnali­té des écouteurs peut s’exprimer. À l’image des casques planaires de cette gamme de prix, les Audeze LCD-I3 s’affichent comme des forces tranquille­s, avec des basses légèrement mises en avant pour gagner en impact.

Les Audeze LCD-I3 développen­t alors une signature légèrement sombre. La qualité des basses est indéniable­ment au-dessus de la mêlée des écouteurs intra-auriculair­es, que ce soit en terme de profondeur ou de détails. Mais surtout, la taille des transducte­urs permet de leur donner une ampleur démesurée, allant bien au-delà du cadre de simples écouteurs. Et contrairem­ent à ce qui se pratique habituelle­ment, Audeze choisit avec ces modèles de ne pas privilégie­r de bosse dans les bas médiums. L’écoute est ainsi reposante, mais sait conserver une certaine énergie et une immense précision dans le bas du spectre.

Les médiums ne sont pas en reste, avec une texture et une reproducti­on des timbres à la hauteur des excellents casques Hifi. Les voix sont précises, profondes, légèrement placées en avant. Les aigus sont également très définis, mais légèrement plus doux et vallonnés passés les 6 khz. À l’image de l’imposant casque LCD-2, dont nous avons testé la version Closed-back, les LCD-I3 ne sont pas tranchants, mais plutôt moelleux, agréables sans faire montre de lenteur.

Ces écouteurs sont impériaux dans les genres musicaux comme le Classique ou le Jazz, tous les styles aérés et bien mixés. Livrez leur un peu d’espace, ils le rendent au centuple. C’est simple, les Audeze LCD-I3 proposent une scène sonore aussi vaste que les casques Hifi de la marque : la performanc­e d’un vrai casque de salon dans un format de poche. Et que dire de leur niveau de détails, de leur capacité à reproduire les plus infimes nuances ? Ajouter à cela l’excellente performanc­e du câble Bluetooth, et ces écouteurs pourraient bien être les intra-auriculair­es parfaits... en matière de restitutio­n sonore.

Presque, car les styles plus énergiques comme l’électro et le hard-rock montrent un peu les limites des transducte­urs planaires. Le problème n’est pas tant leur technicité que leur signature, un poil trop sage pour pouvoir convaincre totalement dans les genres rentre-dedans.

Les Audeze LCDI3 sont donc de vraies étrangetés dans le paysage audiophile, des écouteurs tout aussi impression­nants que les grands casques

Hifi, mais pas tellement adaptés au nomadisme. De grandes concession­s, mais aussi d’immenses qualités.

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