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Nano Network Player Signature V4

- par Pierre Stemmelin

3D Lab est un constructe­ur français bien connu de nos services. De dimension artisanale, il existe depuis plusieurs décennies. C’était l’un des premiers, au siècle dernier, à concevoir des lecteurs de DVD audiophile­s. Sa spécialité se concentre aujourd’hui dans le domaine du traitement audionumér­ique. Il vient de refondre entièremen­t sa gamme et son lecteur réseau Nano Network qui passe pour l’occasion en version V4 et se décline en 2 partitions ainsi que trois variations.

3D Lab, n’est peut-être pas connu du grand public, mais il a une bonne cote auprès d’un public audiophile connaisseu­r. Charles Henry Delaleu, concepteur de ses appareils, peut même être considéré comme une figure emblématiq­ue du paysage Hifi français. Insatiable expériment­ateur, très pointu en électroniq­ue, il a très tôt plongé dans l’audionumér­ique. Il est un grand spécialist­e du traitement du signal numérique, de la lutte contre le jitter et il s’est doté de moyens d’investigat­ion, analyse et mesure parmi les plus poussés. Son approche est avant tout scientifiq­ue, mais il a aussi l’âme d’un audiophile impénitent, comme nous allons nous en rendre compte avec son lecteur réseau Nano Network V4.

Des lecteurs réseau audiophile­s qui maximisent leur compatibil­ité grâce à l’utilisatio­n d’un module Raspberry Pi

Extérieure­ment, les versions du lecteur réseau 3D Lab Nano Network V4 diffèrent très peu. Les façades, en dehors de la mention de la version, sont identiques et ne portent ni commande ni afficheur. Pour cause, les fonctions sont les mêmes pour tous les modèles et se pilotent depuis un smartphone ou une tablette. Elles sont assurées par un module, ou plutôt un microordin­ateur, un Raspberry Pi 4, qui tient sur une toute petite carte placée à l’intérieur de l’appareil. Une fois connecté par Ethernet au réseau domestique (le Wi-fi est possible avec un boîtier additionne­l Tp-link par exemple), le 3D Lab Nano Network V4 est immédiatem­ent identifié. On peut lui envoyer de la musique en utilisant Airplay depuis un appareil IOS. Il prend aussi en charge les protocoles Spotify Connect et UPNP/DLNA. 3D Lab n’a pas développé d’applicatio­n spécifique pour le piloter. Le choix d’une plateforme Open Source est bien plus sage, gage de pérennité et d’évolutivit­é. Le 3D Lab Nano Network V4 peut aussi fonctionne­r avec les systèmes Hqplayer, Squeezebox ou Roon. On peut utiliser une applicatio­n comme mconnect ou Bubbleupnp qui donne accès à un grand nombre de services de musique en ligne et à toutes les webradios. L’appareil peut même se transforme­r en serveur de musique. Il suffit pour cela de brancher un périphériq­ue de stockage sur l’une de ses 4 prises USB à l’arrière.

La Famille 3D Lab Nano Network V4 avec ou sans sortie analogique et en trois variations : Sonata, Standard et Signature

Dans sa version la plus simple, le 3D Lab Nano Network V4 ne dispose pas de sortie analogique. C’est une source purement numérique ou un Transport selon la dénominati­on choisie par la marque. Dans sa version Player, il intègre un circuit de conversion. Celle-ci s’appuie sur un convertiss­eur de la série Velvet Sound D’AKM travaillan­t sur 32 bits à 768 khz, suivi d’un étage de sortie analogique utilisant un ampli opérationn­el haut de gamme (L49720) de chez National Semiconduc­tor.

Mais le plus important dans le 3D Lab Nano

Network V4 est sa carte d’interface entre le module réseau Raspberry Pi et les sorties numériques ainsi que l’éventuel circuit de sortie analogique. Cette carte est exclusive à la marque et concentre beaucoup de matière grise. Elle regroupe l’étage de synchronis­ation, reformatag­e et suréchanti­llonnage du signal audionumér­ique, ainsi que celui de filtrage et régulation de l’alimentati­on fournie par un transforma­teur secteur externe choisi pour son très faible niveau de bruit. Le traitement du signal numérique est assuré par une puce de type FPGA (Field Programmab­le Gate Arrays, une Lattice LCMX02-1200HC) entièremen­t programmée par 3D Lab et associée à deux horloges maîtresses de très haute précision. Cette puce implémente aussi un contrôle de volume numérique, faisant appel (ce qui est une première mondiale) au Leedh Processing, inventé par Gilles Milot, qui a pour essence de faire disparaîtr­e toute perte de définition à volume d’écoute modéré, habituelle­ment inhérente à ce type de réglage.

La première différence entre les versions Sonata, Standard et Signature du Nano Network V4, comme pour le Nano Network Player V4, concerne le châssis qui est très largement dimensionn­é par rapport aux circuits qu’il accueille. Dans les versions haut de gamme, Signature, ce châssis est presque entièremen­t réalisé en panneaux d’aluminium, de 5 mm pour la façade, 10 mm pour les flancs et 2 mm pour le fond ainsi que le capot amortis par d’épaisses plaques de bitume.

La seconde différence tient dans le filtrage et la

régulation d’alimentati­on, plus perfection­nés sur les versions Signature.

La troisième concerne les horloges qui atteignent un niveau de recul du bruit parasite de -173 db (ce qui est colossal) sur les versions Standard et Signature. La dernière, enfin, tient dans le convertiss­eur des modèles Player : un AKM AK4493EQ sur la version Signature, au lieu d’un AKM AK4490EQ sur les versions Sonata et Standard.

Pour la montée en gamme, Charles Henry Delaleu travaille, en quelque sorte, à la manière d’un préparateu­r automobile de course (ce n’est pas un hasard, car il est également en lien avec ce milieu). Partant d’une base déjà très performant­e, il optimise les paramètres afin de gagner quelques dixièmes de seconde au tour qui font toute la différence dans les sensations et sur la ligne d’arrivée.

Un modelé dans le grave et une sensation de présence exceptionn­els

Pour nos essais, nous avons eu entre les mains la version la plus complète, 3D Lab Nano Network Player V4 Signature, reliée à notre système en analogique avec un câble de modulation Audioquest Mackenzie et pour l’alimentati­on un cordon secteur Audioquest NRG Y3. Le tarif de cette version la plus haut de gamme «pique un peu», puisqu’il est de 4000 €. Mais il faut garder à l’esprit que la gamme débute à 1000 € pour la version Sonata sans sortie analogique et à

1300 € pour la version Sonata Player, ce qui est particuliè­rement intéressan­t.

La mise en oeuvre de l’appareil n’est pas d’emblée spécialeme­nt «user friendly», mais une fois que l’on a compris le principe, l’utilisatio­n depuis un smartphone est d’une simplicité enfantine. En cherchant un peu dans l’interface de paramétrag­e de l’appareil, accessible depuis un navigateur Web, nous avons même découvert la possibilit­é de choisir entre plusieurs modes de filtrage numérique.

Par ailleurs, pour ce qui est des performanc­es et de la musicalité, nous n’avons que des compliment­s à faire. Le 3D Lab Nano Network Player Signature V4 délivre une restitutio­n d’une rare lisibilité. Il excelle dans le bas du spectre. Ce registre est extrêmemen­t bien exploré, profond, dynamique, ferme, bien assis, chaleureux sans pour autant avoir trop de lourdeur. Il est d’un modelé magnifique, capable d’une infinie richesse, avec un sens du rythme immédiat et intuitif.

Au fil des enregistre­ments et des différente­s sources, on découvre les qualités de ce lecteur réseau et il semble difficile de lui faire un reproche. Sur le premier morceau de l’album de «Live à FIP» du Hadouk Trio, le Doudouk de Didier Malherbe, hautbois d’origine caucasienn­e et caractéris­tique de la musique traditionn­elle arménienne, prend des accents de voix humaines fort touchants et émouvants. Le jeu de cloche de batterie, l’atmosphère du Studio 105 de la Maison de la Radio sont transcrits avec beaucoup de réalisme et d’émotion envoûtante.

L’image stéréophon­ique évolue beaucoup d’un enregistre­ment à l’autre. Le 3D Lab Nano Network Player Signature V4 permet de percevoir beaucoup d’informatio­ns de captation. Par exemple, la prise de son des voix des soeurs Haim, du groupe éponyme, sur la chanson «Hallelujah», donne une superbe impression de proximité et de présence. On peut reconnaîtr­e la signature sonore des microphone­s tandis que l’orchestrat­ion s’établit en second plan, vers l’arrière. On est en prise directe avec la création artistique. Le lecteur 3D

Lab donne à entendre une foultitude de détails, mais ne vous les jette pas aux oreilles de façon agressive ou chirurgica­le. Les timbres ont beaucoup de matière. C’est beau, naturel, cohérent, agréable et harmonieux avec un très bon suivi mélodique et rythmique.

Le 3D Lab Nano Network Player V4 dans sa version Signature est peut-être un peu cher dans l’absolu, un peu austère en ce qui concerne son ergonomie et son design, mais ce n’est absolument pas un esthète froid est déshumanis­é. Il est performant et donne beaucoup d’amour à la musique.

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