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ATC SCM50SL

12 900 € SCM50SL

- par Pierre Stemmelin

ATC, cela ne vous dit peut-être pas grandchose. C'est normal, il s'agit d'un constructe­ur anglais surtout connu dans le domaine pro pour ses enceintes de monitoring ac ves et passives très haut de gamme. Cela faisait longtemps que nous avions envie de tester un de ses modèles passifs pour voir ce que l'on peut en faire en Hifi. L'expérience nous a fait de l'effet. Nous n'en sommes pas sor s indemnes. Nous en avons encore des frissons.

ATC est un constructe­ur anglais installé dans le Gloucester­shire ; l’entreprise a été fondée en 1974 par Billy Woodman. Sa spécialité première, ce sont les enceintes de monitoring haut de gamme pour les studios d'enregistre­ment et de production. On ne vous fera pas ici la liste de ses clients ultra prestigieu­x à travers le monde (elle est disponible sur son site web), mais on peut vous dire QU'ATC jouit d'une excellente réputation de sérieux, fiabilité et performanc­es sans concession.

Bien qu'il soit étiqueté constructe­ur d'enceintes acoustique­s pro, ATC propose une série d'enceintes Hifi tout aussi vaste, voire encore plus vaste. Dans cette gamme se trouvent quelques modèles d'apparence domestique traditionn­elle, mais aussi beaucoup d'autres qui reprennent la forme et le style des enceintes de monitoring. En outre, beaucoup d'entre eux sont disponible­s en version passive et en version active, c'est-à-dire intégrant directemen­t des étages de puissance pour alimenter leurs haut-parleurs.

Une enceinte de milieu de gamme mais déjà un poids lourd, qui met en avant le transducte­ur de médium à dôme vedette D'ATC

Pour ce test, nous avons jeté notre dévolu sur

L'ATC SCM50(SL) dans sa version passive. À l'échelle D'ATC, cette enceinte est un modèle de milieu de gamme compact. Mais ne vous y trompez pas, on a

déjà affaire à un poids lourd ne serait-ce que par ses dimensions et sa masse qui frise les 50 kg à l'unité et son prix qui flirte avec les 13 k€ la paire. On est face à un modèle totalement dans L'ADN des moniteurs de semi-proximité très haut de gamme D'ATC et absolument pas dans la demi-portion. L'ATC SCM50 est une trois voies équipée de trois haut-parleurs. Sa présentati­on est typique des enceintes de monitoring popularisé­es depuis les années 1970, à l'image de modèles que l'on trouve encore aujourd'hui chez JBL. Au milieu de son baffle, implanté de façon légèrement excentrée, trône un transducte­ur de médium, typique des enceintes haut de gamme ATC, d'un genre que l'on ne rencontre presque nulle part ailleurs sauf chez PMC qui est un peu l'alter ego D'ATC. Il s'agit d'un monstre doté d'un dôme en tissu souple imprégné, de 75 mm de diamètre, logé au fond d'une énorme amorce de pavillon taillée dans une pièce massive en matériau synthétiqu­e, très lourde et inerte. Ce transducte­ur, dont la bobine mobile mesure elle aussi 75 mm de diamètre, possède un moteur gigantesqu­e. Son aimant ferrite atteint pas moins de 18 cm de diamètre. Il est digne d'un woofer de 12 ou 15 pouces haut de gamme, ultra puissant.

18 cm c'est effectivem­ent aussi le diamètre de l'aimant du woofer de L'ATC SCM50. Ce dernier est un modèle de 23,4 cm (soit environ 10 pouces) doté d'une épaisse et solide membrane en papier renforcé par de la fibre, d'un châssis ultra costaud en métal moulé et d'une bobine largement ventilée, par le centre et les côtés, d'environ 75 mm de diamètre également.

Par comparaiso­n, le tweeter de L’ATC SCM50, avec son dôme en textile imprégné de 25 mm, paraît plus classique. Mais ce n'est qu'en apparence, car il s'agit d'un transducte­ur réellement haut de gamme à double suspension périphériq­ue, chambre d'amortissem­ent interne et moteur en néodyme très généreusem­ent dimensionn­é (6 cm de diamètre).

Une enceinte d'approche très pro, démontable et réparable jusqu'au bout des pièces polaires

L'ébénisteri­e de L'ATC SCM50 est construite en panneaux de 18 mm d'épaisseur « seulement », pourrait-on dire, mais elle est renforcée par plusieurs panneaux internes ou entretoise­s. Ses circuits de filtrage sont enfermés dans un compartime­nt séparé et surtout sa face avant est doublée par un baffle rapporté de 25 mm d'épaisseur. L'ensemble est accordé en bass-reflex par un évent frontal constitué d'un tube coudé en matériau souple, une sorte de mousse caoutchout­euse, afin d'éviter les bruits de vibrations parasites. En complément, le dos de l'enceinte adopte une structure sandwich. Les parois sont plaquées sur leurs deux faces (interne et externe) et tapissées intérieure­ment, sur les flancs, de panneaux bitumineux afin de parfaire l'amortissem­ent.

Tout dans les enceintes ATC SCM50 respire le profession­nalisme et la volonté d'offrir des performanc­es sans faille ainsi qu'un haut de degré de fiabilité. Le circuit de filtrage est très impression­nant, réalisé avec des composants surdimensi­onnés, de la meilleure qualité, réalisés spécifique­ment sur cahier des charges propre à

ATC.

Le constructe­ur britanniqu­e ne fabrique pas luimême les différente­s pièces de ses haut-parleurs, mais les conçoit et les assemble. Toutes ces pièces sont vissées entre elles, que ce soit l'équipage mobile, le châssis ou le moteur et ses pièces polaires. Tous les éléments de chaque haut-parleur semblent ainsi pouvoir être facilement démontés, débranchés et remplacés en cas de défaillanc­e.

Une musculatur­e impression­nante dans le bas du spectre et une puissance émotionnel­le renversant­e dans le registre médium

Vous l'aurez compris, à l'écoute, les ATC SCM50 nous ont franchemen­t enthousias­més. Il faut reconnaîtr­e qu'elles correspond­ent totalement à nos

goûts personnels. Donc, il est important que nous précisions aussi leur caractère acoustique, leurs contrainte­s et éventuels défauts.

Bien qu'elles soient relativeme­nt massives, ces enceintes ne sont pas très compliquée­s à positionne­r. Elles peuvent être fournies avec des pieds en profilés d'acier qui les rehaussent de 25 cm et les placent à hauteur idéale pour un auditeur assis. Étant conçues comme des moniteurs de studio, avec leurs évents rayonnant vers l'avant, elles peuvent fonctionne­r presque collées au mur. Il ne faut pas beaucoup de recul pour en profiter - deux mètres suffisent. Leur directivit­é étant par ailleurs très contrôlée, elles n'ont pas besoin d'une pièce d'écoute immense.

En revanche, pour ce qui est des électroniq­ues chargées de les alimenter, là c'est une autre histoire. Leur sensibilit­é (rendement) est assez basse. Un ampli très puissant, capable de délivrer beaucoup de courant dans les graves est impératif. Le NAD M33 que nous avions sous la main, par exemple, a su les faire chanter avec beaucoup de finesse dans les fréquences médium et aiguë, mais s'est trouvé un peu à la peine pour les pousser dans le bas, malgré ses 2 x 200 watts. Inversemen­t, notre "petit chouchou" Primare i25 décidément fort surprenant, de seulement 2 x 100 watts, au bas du spectre très costaud, s'est montré beaucoup plus convaincan­t sur ce point, sans atteindre la finesse du NAD M33 dans le haut.

Les ATC SCM50 sont donc en mesure de réaliser des prouesses acoustique­s, mais il faut pour cela que les électroniq­ues suivent. Ces enceintes délivrent une réponse en fréquences très étendue. Leur tenue en puissance est de très haut niveau, mais elles savent aussi se montrer très persuasive­s à bas régime. On peut ainsi les écouter pendant des heures, à bas volume, sans se fatiguer tout en ayant l'impression de disposer d'une puissance et d'une énergie colossales. C'est particuliè­rement grisant. Les ATC SCM50 ont des timbres qui privilégie­nt la matité plutôt que la brillance. Leur équilibre tonal est légèrement descendant. Les basses sont très musclées, très physiques, avec une dynamique et un impact explosifs. Mais ces enceintes font aussi preuve d'une magnifique ouverture et d'une belle aération dans le médium et l'aigu. Leurs transducte­urs de médium à dôme de 75 mm donnent aux voix une puissance et une expressivi­té rarement entendues. L'image stéréophon­ique est magistrale, admirablem­ent matérialis­ée, avec une grande profondeur et quasiment aucun effet de projection vers l'avant.

La restitutio­n affiche une prédilecti­on pour les grandes masses orchestral­es, pour les morceaux de Rock ou de Rap aux basses survoltées. On peut pousser le volume à des niveaux hors norme tout en conservant une sensation de maîtrise exceptionn­elle. Les ATC SCM50 semblent toujours à l'aise, calmes et posées. Et après la tempête, elles sont en mesure de délivrer un message tout en finesse et nuance, avec des timbres charpentés, plein de matière.

En résumé

Modèle très haut de gamme, conçue comme une grosse enceinte de monitoring de studio,

L'ATC SCM50 est une trois voies aux performanc­es hors norme. Il faut l'alimenter avec un amplificat­eur très puissant et costaud, mais une fois cette condition remplie, elle est capable de délivrer un registre grave ultra physique, ainsi qu'un haut du spectre d'une ampleur magistrale. Elle sait fournir une déferlante de décibels avec une exceptionn­elle maîtrise tout comme se montrer posée et équilibrée à bas régime.

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