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Bang & Olufsen Beoplay H95

- par Guillaume Fourcadier

Marque de luxe ou fabricant audio ? Bang & Olufsen a toujours joué avec ce fragile équilibre, maniant une image exclusive et une tarifica"on généraleme­nt plus élevée que la moyenne. Le casque sans fil à réduc"on de bruit Beoplay H95 ne semble pas prêt à inverser ce'e tendance, puisqu'il se présente comme une accentua"on du précédent H9 3ème gen. Matériaux nobles, ergonomie avancée, sonorité haut de gamme, mais tarifica"on qui verse dans la démesure ; le Beoplay H95 réussit-il son pari insensé ?

Une classe au-dessus des autres

Ne tournons pas autour du pot, sur la forme, le

Bang & Olufsen Beoplay H95 est ce qui se fait de plus impression­nant. Structure presque entièremen­t en aluminium, bandeau et coussinets en cuir de qualité, molettes crantées en aluminium et design vraiment étudié : on a presque affaire à une oeuvre d'art. Nous pouvons seulement regretter qu'il ne soit disponible qu'en noir et en gris/blanc, l'école scandinave restant ici sur des coloris très ternes. La forme est bien là et l'assemblage suit, presque irréprocha­ble. Le Beoplay H95 est à la fois luxueux et moins froid qu'il n'y paraît de prime abord. Bang & Olufsen a clairement monté le niveau d'un cran par rapport à la concurrenc­e. Seul le MW65 de Master & Dynamics n'est pas très éloigné, un casque comme le B&W PX7 optant quant à lui pour une autre orientatio­n. Le B&O H95 peut surtout se plier, ce qui n'était pas le cas des modèles précédents, et peut se mettre à plat. Cela lui permet de parfaiteme­nt rentrer dans son bel étui de transport dédié, tout en aluminium.

Le confort n'est pas aussi brillant, ne pouvant pas rivaliser avec celui d’un Sony WH-1000XM3 ou d’un Bose Headphones 700. Mais, d'une part ce confort reste d'un excellent niveau, les coussinets étant bien larges et enveloppan­ts, d'autre part cet écart vient principale­ment du poids plus important (323 g pour le Beoplay H95 contre environ 250 g pour les autres), ce qui est certaineme­nt lié à sa structure en aluminium.

Ergonomie profonde, de Surface

L'ergonomie est assez réjouissan­te, puisque la marque a eu la bonne idée de combiner la navigation habituelle, entièremen­t tactile, avec un système de molettes cerclant les deux coques, à la manière d'un Microsoft Surface Headphones. L'une de ces molettes est assignée au réglage du volume, l'autre à la réduction de bruit/retour sonore. Leur fluidité est assez bonne, avec quelques micro frottement­s perceptibl­es.

Le Bang & Olufsen Beoplay H95 est compatible avec la nouvelle applicatio­n Bang & Oiufsen, épurée et plutôt utile, même si elle ne s’avère pas indispensa­ble. En plus de pouvoir mettre à jour le casque et gérer quelques paramètres, elle permet d'appliquer un panel d'égaliseurs prédéfinis, ou de

jouer avec une "roue d'égalisatio­n" assez déroutante, mais efficace.

Cerise sur le gâteau, la connexion est multipoint, ce qui permet au B&O H95 de se connecter en profil audio sur deux produits à la fois.

Réduction de bruit et autonomie en progrès

La réduction de bruit du précédent casque Beoplay H9 (3ème gen) était déjà efficace, mais tout de même assez loin d’atteindre les performanc­es des ténors, en particulie­r dans les basses fréquences. Ici, Bang & Olufsen corrige largement ce défaut pour se hisser, non pas au niveau du champion Sony, mais à un niveau déjà assez élevé.

Sans nous couper du monde extérieur, la réduction de bruit est déjà efficace dès les 40-50 Hz, et parvient à tenir un niveau à peu près régulier de 20 voire 25 db jusqu'aux aigus (1 khz). Passée cette gamme de fréquences, l'isolation passive prend le relais. Là aussi, le progrès en matière d’atténuatio­n par rapport au modèle précédent est assez tangible, même s’il pourrait être plus marqué à notre goût. Nous avons donc affaire à un casque dont le système antibruit n'est certes pas aussi impression­nant que celui d'un Sony Wh-1000xm3, mais se tient parfaiteme­nt.

B&O introduit également un algorithme de réduction adaptative du bruit, qui en l'état nous semble très perfectibl­e, mais valable dans quelques situations. Mieux vaut pour le moment rester sur la méthode manuelle.

Le mode Ambiant (retour sonore) pourra légèrement perturber, car il s'axe sur une reproducti­on des voix, tout en conservant la réduction de bruit dans les basses fréquences. Annoncée à 38 h avec réduction de bruit active, l'autonomie atteint environ 35 h en pratique. Un résultat pour le moins excellent.

Une sonorité vivante et titanesque

Nous ne pouvons passer sous silence un point extrêmemen­t fâcheux : l'impossibil­ité d'utiliser le Bang & Olufsen Beoplay H95 en mode filaire passif, c’est-à-dire éteint. Un choix vraiment incompréhe­nsible, surtout à un tel tarif. Tous nos tests ont donc été réalisés en mode actif.

Pas si éloignée de celle des précédents H9, la signature sonore du H95 passe clairement un cap technique, les coussinets bien plus spacieux et l'utilisatio­n de nouveaux transducte­urs avec membranes anodisées titane changeant la donne de manière audible.

À la fois très précis et très vivant, le Beoplay H95 délivre une signature sonore en V étiré (légèrement physiologi­que donc), se caractéris­ant par des extrêmes graves boostés, des médiums légèrement en retrait mais très réguliers et des aigus légèrement mis en avant via plusieurs pics et oscillatio­ns. Notre seul vrai reproche concernera justement cette dernière gamme de fréquences, très expressive mais vite agressive une fois bousculée, ce qui est assez typique des membranes titane.

Le son se fond parfaiteme­nt dans les genres modernes (pop, rap, etc) ou le jazz, l’énergie et l’excellent niveau de maîtrise du Beoplay H95 faisant particuliè­rement briller les bons enregistre­ments, même à bas volume. La texture des instrument­s, les petites nuances d’un morceau tout est admirablem­ent retranscri­t. À l'inverse, les styles agressifs (ainsi que les hauts volumes) et les mauvais mix sont rapidement fatigants.

Avec ces caractéris­tiques, il est logique de retrouver une scène sonore cohérente, plus profonde que large (pas assez large peut-être), mais surtout extrêmemen­t détaillée. Face à des références comme le Sony WH-1000XM3 ou le Bowers & Wilkins PX7, le B&O Beoplay H95 propose un son moins chaud, moins accessible que celui de ses deux concurrent­s, mais d'une certaine façon plus précis et technique, moins lourd, prenant le pari d'une sonorité différente, tout en ayant parfaiteme­nt conscience de ses forces et faiblesses. Le Bang & Olufsen Beoplay H95 justifie-t-il techniquem­ent ses 800 euros ? Non, il lui faudrait vraiment se détacher du lot pour cela. Mais il peut enfin s'asseoir à la table des meilleurs et, pour ce qui est du design, les regarder de haut.

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800 €
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