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Shure Aonic 50

- par Guillaume Fourcadier

Premier casque à réduc on de bruit du légendaire constructe­ur Shure, l’aonic entraîne avec lui un train de promesses audiophile­s. Présenté en grande pompe lors du CES 2020 de Las Vegas, ce modèle bataille sur les terres des plus grands spécialist­es du genre, Sony et Bose en tête. Le Shure Aonic 50 les met-il KO ? Ou se fait-il renvoyer dans les cordes ?

Le luxe avec un grand Shure

Dès le premier contact, le casque Shure démontre tout son sérieux. Structure en aluminium et éléments en cuir, coques en plastique dense, tons sobres : le Shure Aonic 50 joue dans la même cour que les B&W et autres B&O.

L'assemblage est irréprocha­ble, sans aucun jeu ni grincement. À ce niveau, ce casque pourrait facilement se classer dans la catégorie des modèles Hifi haut de gamme.

Présenté dans une originale boîte ronde, l'aonic 50 est livré avec une belle housse rigide, assez volumineus­e… à l'image de ce qu'elle abrite. En effet, ce casque circum-auriculair­e (coussinets entourant les oreilles) est proche d'un modèle de salon, que ce soit du point de vue des finitions ou de l’encombreme­nt. À ce titre, il n'est pas pliable mais bénéficie tout de même de coques d'oreillette­s pivotantes à 90°, qui lui permettent de se mettre à plat.

Cette taille et cette qualité des matériaux impliquent une contrepart­ie : son poids assez important, d’environ 335 g. Sur la tête, le Shure Aonic 50 reste cependant agréable à porter, grâce à ses coussinets bien épais, doux et enveloppan­ts, et un arceau suffisamme­nt rembourré. Mais son port lors de longues sessions finit par se ressentir sur les cervicales.

Une connectivi­té presque parfaite… et de maudits boutons !

Loin de jouer à l'audiophile pur, qui délaissera­it toute technologi­e pour se concentrer uniquement sur les transducte­urs, avec l'aonic 50, Shure met véritablem­ent le paquet sur l'approche Bluetooth. En plus d'une connexion multipoint, la marque intègre pratiqueme­nt tous les codecs Bluetooth disponible­s : SBC, AAC, Aptx, Aptx, LDAC, et même Aptx Low Latency.

La qualité de connexion est exemplaire, puisque nous n'avons tout simplement pas eu de décrochage en usage classique, excepté en utilisant le LDAC en qualité 990 kbps (ce qui est malheureus­ement normal).

Pour parfaire l'expérience, Shure propose l'applicatio­n ios/android Play. Celle-ci permet d'afficher le niveau de batterie du casque, de moduler le niveau de retour sonore du mode Environnem­ent (renvoyant les sons atténués par l'isolation passive), ou encore d'accéder à un

égaliseur paramétriq­ue très poussé. Malheur, cent fois malheur : celui-ci n'est opérant qu'avec le lecteur intégré à l'applicatio­n, ne pouvant gérer que les fichiers locaux.

Les commandes passent par une approche tout en boutons, ces derniers étant disposés sur la tranche de l'écouteur droit. Ce type de dispositio­n est assez éprouvé, mais ce système n’est jamais totalement intuitif, que ce soit pour la navigation et le réglage du volume, demandant de tâtonner, ou le commutateu­r triple position, qui gère le type de réduction de bruit : ANC activé, désactivé ou mode Environnem­ent.

Réduction de bruit et autonomie de milieu de gamme

Aussi impression­nante que soit la partie technique, Shure ne peut pas faire de miracle sur un point qu'il découvre à peine : la réduction de bruit active. À ce titre, l'aonic 50 est déjà relativeme­nt efficace, effaçant assez bien les fréquences autour des 100300 Hz et arrivant déjà à faire quelque chose autour des 60–80 Hz.

Mais force est de constater qu’il atteint seulement 15 db de réduction environ dans le meilleur des cas, et souvent moins. En bref, les ténors que sont les Sony WH-1000XM3, Bose Headphones 700 et B&W PX7 peuvent dormir tranquille­s, étant bien plus efficaces, sur une gamme de fréquences bien plus large.

La réduction de bruit passive est, elle aussi, étonnammen­t mesurée, plus proche de celle d'un casque fermé de salon que d'un vrai grand casque nomade. En pratique, le Shure Aonic 50 est suffisant pour un usage nomade, mais il ne nous enferme pas dans une bulle de silence musicale comme peuvent le faire les casques cités précédemme­nt.

Enfin, son mode Environnem­ent (retour sonore) manque encore de naturel, gérant assez mal les bruits soudains et les sons trop sifflants.

L'autonomie de l’aonic 50 est dans la moyenne, pouvant osciller, selon nos mesures, entre 13 h (ANC + codec LDAC 990 kbps) et 20 h (ANC + codec AAC), et même davantage sans réduction de bruit.

Un son à la fine frontière de la Hifi

Propulsé par des transducte­urs de 50 mm, le Shure Aonic 50 bénéficie d'une sonorité vraiment haut de gamme. À la frontière du nomadisme et de la Hifi, il impose un son à la fois très puissant, musical, articulé et polyvalent.

Sa signature acoustique légèrement en V (physiologi­que) dévoile une qualité technique qui saute aux oreilles, supérieure même aux concurrent­s de chez Sony ou B&W. Comme souvent avec Shure, les médiums demeurent le point fort de ce casque, extrêmemen­t naturels, même s’ils sont très légèrement en retrait.

Chantant avec un impact impression­nant, sans aucun effet de lenteur, le tout épaulé par des aigus légèrement mis en avant, l'aonic 50 est capable de jongler entre les styles musicaux puissants et calmes sans aucun effort ni aucune sibilance (sifflante et agressivit­é dans le haut du spectre).

Seule son extension dans les basses (60 Hz et endessous) est un peu légère, malgré une assise extrêmemen­t conséquent­e, supérieure même aux performanc­es du Sony Wh-1000xm3 et égale à ce que propose le B&W PX7. L'aonic 50 est simplement moins rond. Ses graves sont plus tendus.

Sans être le meilleur partout, ce casque délivre une expérience auditive extrêmemen­t riche, marquée par une technicité, des performanc­es véritablem­ent proches de celles d'un bon casque Hifi, un bon petit cran au-dessus selon les concurrent­s.

Impact, précision, gestion des micro détails : tout y est ou presque. En l’état, seule la qualité des aigus nous paraît perfectibl­e, ceux-ci n'ayant pas la consistanc­e, la richesse ou le naturel de ce qu’offrent les plus grands casques Hifi, d'où une aération qui pourrait encore s'étoffer.

Modèle Bluetooth et ANC dans le corps d'un casque de salon, le Shure Aonic 50 est une bien belle réussite, que quelques améliorati­ons transforme­raient en un casque nomade parfait.

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