Opera Magazine

Mario Cavaradoss­i

Ténor (ré bémol grave/si naturel)

- Jean Cabourg

Ce peintre, amant de la diva Floria Tosca, convoitée par Scarpia, chef de la police romaine, vit, au fil de ce drame puccinien, sous l’emprise de son art, de l’amour et d’une imprudente générosité. Protégeant, en l’église Sant’Andrea della Valle, la fuite d’un prisonnier recherché par ledit Scarpia, il s’expose à la jalousie de son aimée, qui le soupçonne de courtiser la soeur du fuyard. N’est-ce point elle que l’artiste s’applique à représente­r, sous les traits de la Maddalena biblique ? Son premier air (« Recondita armonia») exprime sa passion pour Floria, versus la beauté idéalisée de son modèle pictural, familière de ce lieu de culte. Le duo initié avec sa maîtresse se veut, ensuite, rassurant.

Au II, Cavaradoss­i, arrêté, est soumis à la torture. Ses cris de douleur, puis son évanouisse­ment, incitent Tosca à livrer à Scarpia le secret de la cachette du fugitif. Fureur de son amant, qui la maudit et la repousse. L’annonce de la victoire de Bonaparte à Marengo voit, en revanche, ce fervent républicai­n exulter. Le la dièse aigu de «Vittoria ! Vittoria ! » et la retombée, une octave plus bas, d’une égale pulsation rythmique provoquent Scarpia, qui ordonne son exécution.

L’acte III s’ouvre sur le célèbre « E lucevan le stelle », lamento de Cavaradoss­i qui, emprisonné au château Saint-Ange, exhale les regrets du temps où il étreignait sa maîtresse, à la lueur des étoiles. Cette reviviscen­ce s’élève vers un la aigu turgescent. Tosca surgit et lui annonce que Scarpia l’a gracié, avant qu’elle ne le poignarde. Le peintre idéalise alors les «dolci mani», les «douces mains» innocentes, de sa justicière. Le peloton d’exécution, en abattant notre héros, ruine, toutefois, le fol espoir de son amante.

Pressenti pour créer cet emploi, à Rome, en 1900 (Emilio De Marchi en hérita finalement), le jeune Enrico Caruso le défendit très rapidement, dans le monde entier, avec un naturel dont ses gravures gâtent les atouts. Ceux de Beniamino Gigli, puis de Richard Tucker, ou de l’attachant Jussi Björling, précèdent la leçon de Carlo Bergonzi, alors que Placido Domingo assure crânement. Franco Corelli demeure seul à filer le la aigu de son «E lucevan le stelle». Jonas Kaufmann a ses inconditio­nnels, malgré, ou à cause de, ses détimbrage­s expressifs.

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© The Metropolit­an Opera Archives/Louis Mélançon Carlo Bergonzi.

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