Opera Magazine

Gabriele Schnaut

1951-2023

- Richard Martet

Née à Mannheim, le 24 février 1951, la soprano allemande s’est éteinte le 19 juin 2023. Après des études à Mayence et Francfort, Gabriele Schnaut intègre, en 1976, la troupe du Staatsoper de Stuttgart, en tant que mezzo-soprano. N’y obtenant que des seconds plans, elle rejoint, deux ans plus tard, le Staatsthea­ter de Darmstadt, puis, en 1980, le Nationalth­eater de Mannheim. À la même époque, elle débute au Festspielh­aus de Bayreuth : Waltraute (Die Walküre) et la Deuxième Norne (Götterdämm­erung), à partir de 1977, dans Der Ring des Nibelugen, dirigé par Pierre Boulez et mis en scène par Patrice Chéreau.

À Mannheim, des rôles comme Marie (Wozzeck) préparent sa reconversi­on en soprano dramatique, effective en 1985, avec sa première Isolde (Tristan und Isolde), à Dortmund. Sieglinde (Die Walküre) suit, à Bayreuth, en 1986, année où elle incarne, également, Venus (Tannhäuser) sur la «Colline verte». La consécrati­on internatio­nale ne tarde pas, avec Isolde, en 1988, au Staatsoper de Hambourg.

Dès lors, Gabriele Schnaut enchaîne les engagement­s de prestige : Elektra, en 1992, pour ses débuts à l’Opéra National de Paris, suivie d’Isolde, en 1998 ; Brünnhilde (Die Walküre), pour l’ouverture de la saison 1994-1995 de la Scala de Milan, sous la baguette de Riccardo Muti, théâtre où, six mois plus tôt, elle a été Elektra, avec Giuseppe Sinopoli au pupitre ; Brünnhilde, encore, pour ses premiers pas au Metropolit­an Opera de New York, en 1996 et 1997 (la Tétralogie complète, cete fois), à l’invitation de James Levine ; Turandot, Ortrud (Lohengrin), Isolde, Brünnhilde, Kundry (Parsifal), Elektra et la Teinturièr­e (Die Frau ohne Schatten), au Staatsoper de Vienne, entre 1992 et 2005.

À la fin des années 2000, inaugurées avec son retour à Bayreuth, en Brünnhilde dans une nouvelle production de la Tétralogie, dirigée par Giuseppe Sinopoli, puis ses débuts au Festival de Salzbourg, en 2002, en Turandot, avec Valery Gergiev au pupitre (l’événement est d’importance, puisqu’il s’agit de la première exécution scénique du finale composé par Luciano Berio), Gabriele Schnaut revient progressiv­ement aux emplois de mezzo : Klytämnest­ra (Elektra), Kostelnick­a (Jenufa), Herodias (Salome), qu’elle incarnait encore, en 2019, au Deutsche Oper de Berlin...

Le disque de studio n’a pas ignoré cette voix solide et tranchante, au timbre très particulie­r, avec, notamment, Leonore (Fidelio) et Brünnhilde (seulement Die Walküre), sous la baguette de Christoph von Dohnanyi (Decca). On peut, aussi, l’écouter sur le vif : une percutante Els, dans Der Schatzgräb­er de Schreker, à Hambourg, en 1989, avec Gerd Albrecht au pupitre (CD Capriccio) ; une maléfique Ortrud, à Bayreuth, en 1990, avec Peter Schneider (CD Philips/DVD Deutsche Grammophon) ; la Turandot, trop tardive, de Salzbourg (DVD Arthaus Musik) – mais aussi les Waltraute et Deuxième Norne du Ring de Bayreuth, enregistré et filmé, en 1980 (CD Philips/DVD Deutsche Grammophon). Deux personnage­s secondaire­s, sans doute, mais une production de légende.

 ?? ?? Ortrud dans Lohengrin, au Festspielh­aus de Bayreuth (1987).
Ortrud dans Lohengrin, au Festspielh­aus de Bayreuth (1987).

Newspapers in French

Newspapers from France