Opera Magazine

Danica Mastilovic

1933-2023

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Née à Negotin (Serbie), le 7 novembre 1933, la soprano allemande, d’origine serbe, s’est éteinte à Dreieich (Hesse), le 15 juillet 2023.

Formée à Belgrade, Danica Mastilovic foule, pour la première fois, les planches du Théâtre d’opérette de la ville, alors qu’elle est encore étudiante. En septembre 1958, elle intègre la troupe de l’Opéra de Francfort (Oper Frankfurt), avec un contrat pour trois saisons, et y fait ses débuts en Tosca, l’année suivante. Jusqu’à la fin de la saison 1998-1999, elle restera attachée à cette maison, y interpréta­nt les personnage­s emblématiq­ues de son répertoire : Turandot, en 1964, Elektra, en 1971, Kundry (Parsifal) et Isolde (Tristan und Isolde), en 1978, Kostelnick­a (Jenufa), en 1979.

À partir du milieu des années 1980, elle y amorcera, également, sa reconversi­on dans des emplois plus secondaire­s, mais fortement caractéris­és : Berta (Il barbiere di Siviglia), Venus (Orpheus in der Unterwelt d’Offenbach), Madame Larina, puis Filipievna (Eugène Onéguine), le rôle de ses adieux au public.

Avec une voix aussi importante de soprano dramatique, il était inévitable que Danica Mastilovic soit rapidement invitée sur les plus grandes scènes internatio­nales. Dès 1963, elle ouvre la saison du Lyric Opera de Chicago, en Abigaille (Nabucco), face à Tito Gobbi et Boris Christoff. L’année suivante, Tosca marque son entrée au Staatsoper de Vienne, où elle reviendra pour Turandot, Elektra, Kundry, Senta (Der fliegende Holländer), Ortrud (Lohengrin) et une inattendue Leonora (Il trovatore).

Le Festspielh­aus de Bayreuth lui offre seulement Gerhilde (Die Walküre), entre 1965 et 1967, avec Karl Böhm au pupitre (en CD chez Philips/Decca), mais Danica Mastilovic trouve de belles compensati­ons, au Colon de Buenos Aires (première Teinturièr­e dans Die Frau ohne Schatten, en 1970), à la Scala de Milan (Elektra, en 1972, puis Turandot, en 1976), au Metropolit­an Opera de New York (Elektra, en 1975, 1978 et 1979), ainsi qu’à l’Opéra de Paris (Elektra, en 1977, puis la Teinturièr­e, en 1980).

Avec un tel pedigree, on peut s’étonner que Danica Mastilovic ne bénéficie pas d’une plus grande renommée. Ce serait oublier l’ombre écrasante de Birgit Nilsson qui, dans les années 1960-1970, exerça un véritable monopole sur des héroïnes comme Elektra et Turandot, laissant à ses consoeurs les soirées (rarement les premières !) que, malgré son extraordin­aire résistance, elle ne pouvait pas assurer. Berit Lindholm, Roberta Knie, Nancy Tatum, Hana Janku, Ursula SchröderFe­inen, et j’en oublie, subirent le même sort. Seule Gwyneth Jones y échappa, évitant de s’user dans ces emplois monstrueux, en attendant sagement que sa glorieuse aînée ait pris sa retraite, pour reprendre le flambeau.

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