Kenneth Riegel
1938-2023
Né à Womelsdorf (Pennsylvanie), le 19 avril 1938, le ténor américain s’est éteint à Sarasota (Floride), le 28 juin 2023.
Formé à New York (Manhattan School of Music, Metropolitan Opera Studio), Kenneth Riegel fait ses débuts scéniques, en 1965, au Santa Fe Opera, dans la première américaine de König Hirsch de Henze. En 1969, il rejoint le New York City Opera, auquel il reste attaché jusqu’en 1974, date à laquelle sa carrière internationale prend son essor, dans la foulée de ses premiers pas au Metropolitan Opera, l’année précédente (Iopas, dans la création in loco des Troyens). En 1975, il est invité au Festival de Salzbourg (Doctor Marianus dans la Symphonie n° 8 de Mahler, sous la baguette de Leonard Bernstein), puis, en 1978, il entame une longue histoire d’amour avec l’Opéra de Paris, en Hoffmann dans Les Contes d’Hoffmann. Rolf Liebermann, administrateur général de la maison, l’apprécie tellement qu’il le choisit pour Don Ottavio, dans le Don Giovanni que Joseph Losey tourne, en 1978, en décors naturels (DVD Gaumont), utilisant, comme bande-son, l’enregistrement de studio réalisé en amont, sous la baguette de Lorin Maazel (CD Sony Classical).
Osera-t-on écrire que ce film de légende, dominé par la personnalité de Ruggero Raimondi en Don Giovanni, n’offre pas l’image la plus positive du talent de Kenneth Riegel ? En effet, Mozart, compositeur fétiche de son début de carrière (Ferrando dans Cosi fan tutte, Belmonte dans Die Entführung aus dem Serail...), surexpose, à l’instar d’Hoffmann ou de Faust (Palais Garnier, 1979), un timbre avare de charme et un chant sans véritable aura. On préfère, pour sa voix percutante, son intelligence musicale et son aisance dans les emplois dits «de caractère», d’autres rôles interprétés par le ténor, à l’Opéra de Paris : Alwa, dans la première mondiale de la version de Lulu complétée par Friedrich Cerha, dirigée par Pierre Boulez et mise en scène par Patrice Chéreau (1979, CD Deutsche Grammophon) ; OEdipe dans OEdipus Rex (1979 et 1980) ; Chouïski dans Boris Godounov (1980) ; le Lépreux dans la création de Saint François d’Assise, avec Seiji Ozawa à la baguette (1983, CD Cybelia) ; Aegisth dans Elektra (1992 et 1993) ; ou le Capitaine dans Wozzeck (2001). Le CD a, heureusement, immortalisé son Chouïski, avec Mstislav Rostropovitch au pupitre (Erato) et, surtout, son excellent Herodes dans Salome, avec Christoph von Dohnanyi (Decca), également accessible en DVD, par deux fois, au Covent Garden de Londres : en 1992, avec Edward Downes (Opus Arte), puis en 1997, avec Christoph von Dohnanyi (Decca).