DANIEL BEHLE
Richard : Strauss & Wagner
Lohengrin, Die Meistersinger von Nürnberg, Tannhäuser, Lieder
Borusan Istanbul Philharmonic Orchestra, dir. Thomas Rösner
1 CD Prospero PROSP 0072
Daniel Behle nous avait enchanté, avec ses précédents récitals de lieder – Beethoven, en dernier lieu (voir O. M. n° 184 p. 78 de juillet-août 2022). Richard Strauss n’était pas à son répertoire, mais dans cet enregistrement, réalisé en novembre 2022, son timbre charmeur, son impeccable diction, son exceptionnelle intelligence des textes – et l’aide d’une prise de son de studio, assez proche des micros – font merveille. Dans les quatre lieder avec orchestre de l’opus 27 (un Cäcilie irrésistiblement conquérant, en ouverture de l’album), comme dans Ständchen et Befreit, où les ténors n’ont pas habituellement brillé.
Chez l’autre Richard, Wagner, on retrouve ces qualités dans le «Récit du Graal » de Lohengrin, que Daniel Behle donne aujourd’hui, régulièrement, en scène. En revanche, le «Récit de » de Tannhäuser est nettement moins crédible, exigeant un autre type de voix et des forces qui ne sont pas encore là – le ténor allemand n’a, jusqu’à présent, incarné, sauf erreur, que Walther von der Vogelweide, à Bayreuth, en 2019 et 2020. Idem pour Walther von Stolzing (Die Meistersinger von Nürnberg) et son «Chant du concours », Daniel Behle s’étant limité, pour le moment, à David.
Dans les deux cas, on appréciera, pourtant, la belle mise en valeur des textes, pour le portrait d’un poète sensible et délicat, plutôt inusuel, en Tannhäuser – mais contraint de forcer et noircir le passage de la malédiction –, et pour des accents particulièrement émouvants et chaleureux, en Walther von Stolzing.
Le programme, qui joint, assez inutilement, le Prélude des Meistersinger et, plus étrangement, le second interlude d’Intermezzo, fait valoir les qualités certaines du Borusan Istanbul Philharmonic Orchestra, comme la direction honorable, mais sans vraie nécessité, non plus, de Thomas Rösner.
On regrettera, en plus de l’absence de traduction française des textes, un montage aberrant, qui non seulement sépare les quatre lieder de l’opus 27, mais coince le « Récit de Rome » entre le dernier d’entre eux et Befreit ! Il faut donc naviguer, pour apprécier les pépites straussiennes, qui font souhaiter un nouveau disque plus homogène.