ADRIANA GONZALEZ MARINA VIOTTI
À deux voix
Widor - Paladilhe - Delibes - Devéria Viardot - Chaminade - Puget - Chausson Fauré - Franck - Massenet - Gounod - Lalo Iñaki Encina Oyon (piano)
1 CD Audax Records ADX 11209
Répertoire rare, témoin d’une pratique de salon au XIXe siècle (pas pour des amateurs, ou alors doués : beaucoup de pages demandent des tessitures et des moyens conséquents) ; compositrices au programme (une quasi-obligation en cette période post#MeToo, qui révèle parfois des pépites) ; deux belles artistes réunies par l’envie de prolonger, en studio, leurs expériences scéniques en commun... Ce disque, gravé en novembre 2022, part avec toutes les chances de son côté.
La soprano guatémaltèque Adriana Gonzalez (installée à Paris) et la mezzo franco-suisse Marina Viotti forment un duo aux voix parfaitement appariées. Mais alors que chacune a une bonne prononciation française, leur diction semble brouillée par l’addition de leurs richesses melliflues, surtout dans l’aigu de la tessiture. On avouera n’avoir pas tout saisi de certaines pages inconnues de nos services (le texte est, heureusement, reproduit dans le livret).
Parfois, le calibre vocal des deux chanteuses semble alourdir le tonus des pages vives, comme la Tarentelle de Fauré, plutôt ratée. Et, ce qui n’arrange rien, Iñaki Encina Oyon, apte accompagnateur, n’a décidément pas dans les doigts la poésie et le charme qui permettraient de transmuer certains prosaïsmes d’écriture... L’ensemble ne révèle pas de chefd’oeuvre inconnu, mais ces pages sont plaisantes, sans être toujours mémorables. Certaines sont même à peine dignes de figurer au programme : pourquoi déterrer Les Papillons, un duo sans le moindre intérêt, et presque malhabile, de l’inconnue Charlotte Devéria (1856-1885) qui a, semble-t-il, publié trois volumes de mélodies (dont certaines sont inspirées par la musique chinoise) ? Heureusement, les duos de Cécile Chaminade (1857-1944) et Pauline Viardot (1821-1910) sauvent la cause féminine. Au rang des raretés, on préfère la touchante candeur d’Au bord de l’eau (texte de Sully Prudhomme, mis également en musique par Fauré) d’Émile Paladilhe (1844-1926), dont la si belle mélodie Psyché est passée à la postérité, et les deux pièces de Paul Puget (1848-1917), dont l’irrésistible Chanson andalouse, parfait bis pour récital en duo !