MOUSSORGSKI

Boris Godounov

Bryn Terfel (Boris Godounov) - Ben Knight (Fiodor) - Vlada Borovko (Xénia) - Sarah Pring (La Nourrice) - John Graham-Hall (Le Prince Chouïski) - Kostas Smoriginas (Tchelkalov) Ain Anger (Pimène) - David Butt Philip (Grigori/Le faux Dimitri) - John Tomlinson (Varlaam) - Harry Nicoll (Missaïl) - Rebecca de Pont Davies (L’Aubergiste) - Andrew Tortise (L’Innocent)

Royal Opera Chorus, Orchestra of the Royal Opera House, dir. Antonio Pappano. Mise en scène : Richard Jones. Réalisation : Jonathan Haswell (16:9 ; stéréo : LPCM 2.0 ; DTS Digital Surround)

1 DVD Opus Arte OA 1376 D &

1 Blu-ray OABD 7314 D

La «Russie éternelle», que les costumes de Nicky Gillibrand évoquent, en mêlant les siècles – sans qu’aucun ne prenne vraiment le dessus –, entre Ballets russes et bande dessinée, ne donne lieu à aucune démonstration didactique et/ou plombante. Quant au traitement frontal, et plutôt figé, des scènes de foule, il n’en fait que mieux ressortir la pertinence du geste, dans les moments plus intimes, lorsque pèse le souvenir, jusqu’à l’obsession, de l’assassinat du tsarévitch Dimitri, dans un tournoiement de toupie.

Antonio Pappano ajoute une nouvelle pierre à l’édifice qu’il aura bâti, plus de deux glorieuses décennies durant, quand il quittera la tête des forces musicales du Royal Opera House, à la fin de la saison 2023-2024. D’un geste épique, autant que chaleureux, il peint, en même temps qu’il la sculpte, une matière sonore d’une densité flamboyante. Et soutient un plateau que Bryn Terfel n’écrase jamais. Rebecca de Pont Davies, en Aubergiste, et le Varlaam de l’immense John Tomlinson assurent, en effet, bien plus que des silhouettes – et, dans le cas du second, qu’une trogne. S’il suffit à John Graham-Hall de paraître pour que ce « fieffé hypocrite » de Chouïski prenne corps et voix, Andrew Tortise tire l’Innocent vers un mystérieux halo de quasi-haute-contre à la française. Enfin, face au Grigori fermement projeté de David Butt Philip, Ain Anger déploie, dans le récit de Pimène, une ligne au legato captivant.

Reste, une fois le rideau tombé – ou avant qu’il ne s’ouvre ; le choix est laissé à chacun –, cinq minutes de bonus, sur lesquelles il ne faut surtout pas faire l’impasse. Quelques images des répétitions ponctuent un dialogue, tout sauf convenu et complaisant, entre Antonio Pappano et Bryn Terfel, dont l’entente manifeste, et en rien de circonstance, scelle la symbiose musicale et théâtrale. O