Les secrets du placenta
Vital à la croissance du foetus, le placenta cumule les défis: nourrir le foetus, l’aider à respirer et jouer un effet filtre contre les infections.
Il nourrit le foetus
Le premier rôle du placenta, organe éphémère aux pouvoirs extraordinaires, est nourricier. Accroché à l’utérus et relié au bébé par le cordon via une veine et deux artères, cette sorte de grosse éponge gorgée de sang et de villosités (réseaux d’artères et de veines) est le lieu de tous les échanges. Dès la 8e semaine, il fournit l’eau, les sucres, les acides aminés, les peptides, les minéraux, les vitamines, les triglycérides, le cholestérol. Perfectionniste, il récupère les déchets provenant du foetus (urée, acide urique, créatinine) et les rejette dans le sang maternel. Il est le rein du bébé et son poumon, apportant l’oxygène et évacuant le dioxyde de carbone.
Porteur de molécules étrangères, il est adopté par la mère
N’étant pas à une excentricité près, le placenta est porteur de deux ADN, maternel et paternel. Le système immunitaire de la mère, qui normalement rejette ce qui lui est étranger, tolère cet organe hybride… qui lui veut du bien. Car le placenta participe à la tolérance de cette greffe qu’est en réalité la grossesse, puisque la moitié des antigènes du foetus sont paternels. Cette tolérance s’explique par l’action des hormones de la mère, qui chassent certains globules blancs susceptibles d’activer le système immunitaire. Excellent diplomate, le placenta fait le tampon entre le système immunitaire de la mère et celui de l’enfant. Et réalise une prouesse : faire que leurs deux sangs ne se mélangent jamais. Les échanges ont lieu à travers les parois des vaisseaux et villosités.
Il secrète des hormones
Le placenta produit ces chefs d’orchestre de la grossesse que sont les hormones. Dès le tout début, via le trophoblaste, ébauche du placenta, il produit la fameuse bêta-hCG : celle-ci sert à modifier le corps maternel et favorise une bonne évolution de la grossesse. Également la progestérone qui maintient la grossesse et relaxe le muscle utérin, les oestrogènes qui participent au bon développement foeto-placentaire, la GH placentaire (hormone de croissance), l’hormone lactogène placentaire (HPL)…
Il protège de certaines maladies
Le placenta joue un rôle de barrière empêchant le passage de virus et d’agents infectieux de la mère vers son foetus, mais elle n’est pas infranchissable. La rubéole, la varicelle, le cytomégalovirus, l’herpès arrivent à se faufiler. La grippe également, mais sans trop de conséquences. Tandis que d’autres maladies comme la tuberculose ne passent presque jamais. Et certaines traversent plus facilement en fin de grossesse qu’au début. Attention, il faut rappeler que le placenta laisse passer l’alcool et les composants de la cigarette !
Le jour J, il joue les donneurs d’alerte
Au bout de 9 mois, il a fait son temps, et n’est plus capable de fournir l’énorme apport énergétique nécessaire. Il est temps pour le bébé de respirer et de s’alimenter hors du ventre de sa mère, et sans l’aide de son inséparable placenta. Celui-ci joue alors son ultime rôle, envoyant des messages d’alerte qui participent au déclenchement de la naissance. Fidèle au poste, jusqu’au bout.