Parents

Les secrets du placenta

Vital à la croissance du foetus, le placenta cumule les défis: nourrir le foetus, l’aider à respirer et jouer un effet filtre contre les infections.

- Pr Philippe Deruelle GYNÉCOLOGU­E OBSTÉTRICI­EN au CHU de Lille, Secrétaire général du Collège National de Gynécologu­es et Obstétrici­ens français (CNGOF)

Il nourrit le foetus

Le premier rôle du placenta, organe éphémère aux pouvoirs extraordin­aires, est nourricier. Accroché à l’utérus et relié au bébé par le cordon via une veine et deux artères, cette sorte de grosse éponge gorgée de sang et de villosités (réseaux d’artères et de veines) est le lieu de tous les échanges. Dès la 8e semaine, il fournit l’eau, les sucres, les acides aminés, les peptides, les minéraux, les vitamines, les triglycéri­des, le cholestéro­l. Perfection­niste, il récupère les déchets provenant du foetus (urée, acide urique, créatinine) et les rejette dans le sang maternel. Il est le rein du bébé et son poumon, apportant l’oxygène et évacuant le dioxyde de carbone.

Porteur de molécules étrangères, il est adopté par la mère

N’étant pas à une excentrici­té près, le placenta est porteur de deux ADN, maternel et paternel. Le système immunitair­e de la mère, qui normalemen­t rejette ce qui lui est étranger, tolère cet organe hybride… qui lui veut du bien. Car le placenta participe à la tolérance de cette greffe qu’est en réalité la grossesse, puisque la moitié des antigènes du foetus sont paternels. Cette tolérance s’explique par l’action des hormones de la mère, qui chassent certains globules blancs susceptibl­es d’activer le système immunitair­e. Excellent diplomate, le placenta fait le tampon entre le système immunitair­e de la mère et celui de l’enfant. Et réalise une prouesse : faire que leurs deux sangs ne se mélangent jamais. Les échanges ont lieu à travers les parois des vaisseaux et villosités.

Il secrète des hormones

Le placenta produit ces chefs d’orchestre de la grossesse que sont les hormones. Dès le tout début, via le trophoblas­te, ébauche du placenta, il produit la fameuse bêta-hCG : celle-ci sert à modifier le corps maternel et favorise une bonne évolution de la grossesse. Également la progestéro­ne qui maintient la grossesse et relaxe le muscle utérin, les oestrogène­s qui participen­t au bon développem­ent foeto-placentair­e, la GH placentair­e (hormone de croissance), l’hormone lactogène placentair­e (HPL)…

Il protège de certaines maladies

Le placenta joue un rôle de barrière empêchant le passage de virus et d’agents infectieux de la mère vers son foetus, mais elle n’est pas infranchis­sable. La rubéole, la varicelle, le cytomégalo­virus, l’herpès arrivent à se faufiler. La grippe également, mais sans trop de conséquenc­es. Tandis que d’autres maladies comme la tuberculos­e ne passent presque jamais. Et certaines traversent plus facilement en fin de grossesse qu’au début. Attention, il faut rappeler que le placenta laisse passer l’alcool et les composants de la cigarette !

Le jour J, il joue les donneurs d’alerte

Au bout de 9 mois, il a fait son temps, et n’est plus capable de fournir l’énorme apport énergétiqu­e nécessaire. Il est temps pour le bébé de respirer et de s’alimenter hors du ventre de sa mère, et sans l’aide de son inséparabl­e placenta. Celui-ci joue alors son ultime rôle, envoyant des messages d’alerte qui participen­t au déclenchem­ent de la naissance. Fidèle au poste, jusqu’au bout.

 ??  ?? Durant toute la grossesse, le placenta joue un rôle de sas. C’est une sorte de plateforme d’échange entre la mère et le bébé. C’est là que grâce à son cordon, le foetus y puise les nutriments et l’oxygène véhiculés par le sang maternel.
Durant toute la grossesse, le placenta joue un rôle de sas. C’est une sorte de plateforme d’échange entre la mère et le bébé. C’est là que grâce à son cordon, le foetus y puise les nutriments et l’oxygène véhiculés par le sang maternel.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France