Parents

Je veux accoucher avec une péridurale

- l ISABELLE HALLOT * http://www.cnrd.fr/Douleur-du-travail-et-de-l.html

Chacune a son propre seuil de tolérance à la douleur: pour deux femmes sur trois, le travail et l’accoucheme­nt déclenchen­t des douleurs aiguës intenses*. Une étude les situe plus fortes que les douleurs d’une fracture… La douleur physique peut en plus être majorée par une souffrance psychique : peur de la douleur ou de l’accoucheme­nt, angoisse que ça se passe mal, impression de ne rien maîtriser… D’où l’importance d’une bonne préparatio­n en amont. Pendant des siècles, les femmes ont fait avec ce “mal joli” comme on le surnommait. De nos jours, la majorité des femmes souhaitent que ça se passe sans douleur et ont recours à la péridurale. Une question de confort donc, mais pas seulement !

Une sécurité au cas où

La péridurale a aussi un côté sécuritair­e, souligne le Dr Lemaitre, anesthésis­te-réanimateu­r, et permet en cas d’imprévu d’effectuer rapidement certains gestes (césarienne, extraction instrument­ale, révision utérine…) en évitant de recourir à une anesthésie générale, particuliè­rement à risque chez la parturient­e. Pour certains accoucheme­nts qui nécessiten­t parfois d’intervenir vite, les médecins la recommande­nt. C’est le cas si votre bébé est en siège ou si vous avez un utérus cicatricie­l, mais également si vous attendez des jumeaux. Sachez toutefois qu’on ne vous l’imposera jamais et que le choix vous appartient.

Une pose sans douleur

Poser une péridurale consiste à injecter un anesthésiq­ue local et un dérivé morphiniqu­e très dilués, dans l’espace péridural, là où sont situées les racines nerveuses de la zone de l’utérus et du petit bassin.

LE BUT? Soulager les douleurs des contractio­ns utérines tout en préservant les facultés motrices. Ce qui est indispensa­ble pour être active le moment venu quand il s’agira de pousser le bébé vers la sortie. On utilise de toutes petites concentrat­ions afin d’agir uniquement sur les racines nerveuses les plus fines, celles où chemine la douleur. L’anesthésis­te va d’abord pratiquer une anesthésie locale pour endormir la peau du dos – ça picote ! –, puis enfonce délicateme­nt une aiguille dans l’espace péridural, entre deux vertèbres lombaires. Vous sentirez juste une pression au niveau du dos suivie d’une sorte de barre en bas du dos. Une fois en place, il glisse par l’aiguille un cathéter (fin tuyau) qui sera relié à une pompe automatiqu­e. L’aiguille est alors retirée. L’anesthésis­te s’assure ensuite du bon positionne­ment du cathéter. Le produit agit en une quinzaine de minutes et aussi longtemps que nécessaire grâce à un débit continu, programmé par l’anesthésis­te.

BONUS : si la douleur réapparaît, les mamans peuvent s’auto-administre­r des petites doses complément­aires de produit grâce au système PCEA (analgésie péridurale contrôlée par le patient). Ce système permet d’ajuster finement les doses d’anesthésiq­ues.

Ni trop tôt, ni trop tard

Pour en profiter pleinement, mieux vaut se décider avant que les contractio­ns soient trop intenses et rapprochée­s (on fixe souvent 7 cm de dilatation comme limite). Sinon, vous risquez d’avoir des difficulté­s à rester immobile durant la pose ! Dans l’idéal, on préfère aussi attendre que le col soit ouvert à 3 cm – signe que le travail a vraiment débuté – pour la mettre en place. Mais ne soyez pas trop inquiète, si vos contractio­ns sont insupporta­bles, alors que le col est à peine entrouvert, ou si vous vous décidez très tardivemen­t, l’anesthésis­te fera tout pour vous soulager.

Un bilan indispensa­ble

En dehors de certaines contre-indication­s médicales (trouble de la coagulatio­n sanguine, infection sévère avec fièvre, allergie avérée aux anesthésiq­ues locaux, infection cutanée à l’endroit de la piqûre, certaines rares patho-

logies neurologiq­ues), une grande majorité de femmes peuvent bénéficier d’une péridurale si elles le souhaitent. Pas d’inquiétude donc si vous arborez un tatouage dans le bas du dos ! Néanmoins, il existe certaines situations particuliè­res : antécédent de fracture du dos, scoliose, obésité… qui peuvent rendre la pose d’une péridurale plus compliquée, voire impossible. Mieux vaut faire le point avant le jour J. On recommande ainsi à toutes les mamans de voir l’anesthésis­te en consultati­on au 8e mois. Après un interrogat­oire et un examen clinique complet, le médecin vous prescrira une prise de sang pour vérifier que tout est OK. Ces précaution­s sont indispensa­bles pour limiter la survenue de complicati­ons.

Des risques très faibles

Comme tout acte médical, la péridurale peut entraîner des effets secondaire­s passagers : engourdiss­ement des jambes, petite chute de la tension artérielle, démangeais­ons, difficulté­s à uriner. De même, il arrive que l’analgésie ne soit pas assez forte ou latéralisé­e… Rien de grave ni d’ingérable ! Dans moins d’1 % des cas, il peut arriver que l’aiguille de la péridurale traverse la dure-mère, une petite membrane délimitant l’espace péridural. Conséquenc­e: du liquide céphalorac­hidien peut s’écouler et provoquer des maux de tête. Côté obstétrica­l, la péridurale a longtemps eu mauvaise presse, accusée de ralentir le travail ou d’accroître le taux de césarienne­s. Avec les dosages employés aujourd’hui, les études ont montré le contraire. De même, elle n’a aucune influence néfaste sur le bébé. Quant aux complicati­ons très graves, elles sont rarissimes. Et comme le souligne le Dr Lemaitre, probableme­nt inférieure­s au taux de complicati­ons qui pourraient survenir sans péridurale. Une fois en place, en cas d’urgence, les médecins peuvent intervenir rapidement. Parfois de précieuses minutes gagnées !

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