Les coliques du nourrisson
C’est quoi ? Comment en venir à bout ? Elles nous inquiètent, ces fameuses coliques qui font se tortiller et beaucoup pleurer le tout petit bébé ! Vraie mais rare pathologie, immaturité digestive ou besoin d’être beaucoup porté… quelle que soit la cause,
D’où ça vient et comment les soulager ?
Un problème lié aux pleurs excessifs du bébé
Évoquez le problème des coliques du nourrisson avec un pédiatre, il vous parlera immanquablement des pleurs excessifs de certains bébés, et se penchera sur la relation de l’enfant avec sa maman. Pourquoi? Parce que tout ça est intimement lié. Énormément de parents consultent parce qu’ils s’inquiètent des coliques de leur nourrisson, qui se tortille et pleure beaucoup. « Ça concerne entre 10 et 40 % des patients, ce qui est énorme », estime la pédiatre Gwenaëlle d’Acremont. « Mais dans 80 % des cas, il s’agit de bébés qui veulent tout simplement les bras de leur maman ! », analyse la pédiatre Catherine Salinier. « La solution est donc de les prendre, de les câliner, de les garder près de soi, contre soi… Et tant pis pour le repassage… qui attendra ! »
Un besoin physique d’être pris dans les bras !
Un bébé ne pleure pas, il crie. Cela ne veut pas dire qu’il est triste, ou qu’il a mal quelque part, notions négatives et inquiétantes contenues dans l’idée de “pleurer”. Ni même qu’il a forcément faim. Cela signifie qu’il appelle. « A un mois, un bébé n’a pas d’autres moyens de s’exprimer que de crier. Et dans 90 % des cas, cela
veut juste dire “Maman, prends-moi dans tes bras!” ». Les bras et les câlins: s’il y a un remède que l’on peut administrer à tous les petits bébés du monde sans restriction, c’est bien celui-ci. « Le fameux attachement, censé vous donner confiance pour toute la vie, au départ, lorsque le bébé vient de naître, ce n’est pas psychique, c’est physique », insiste le Dr Salinier. « D’ailleurs, le congé maternité, quand on y réfléchit, n’est pas tant fait pour la mère, qui dans certains cas, si elle va très bien, pourrait presque reprendre son travail le lendemain. Il est fait pour le nourrisson, pour qu’il soit avec sa mère, s’attache à elle et réciproquement. »
Les coliques pathologiques et leurs solutions
En clair, explique la pédiatre Catherine Salinier, « environ 10 % des nourrissons souffrent de vraies coliques pathologiques. C’est-à-dire qu’à peu près 30 minutes après avoir bu son lait, le bébé a mal au ventre et se tord de douleur, car il a un problème de digestion du lactose. » Lié à l’immaturité du tube digestif du nourrisson, ce problème disparaîtra spontanément après 3 mois.
« Dans le cas précis de vraies coliques pathologiques, poursuit le Dr Salinier, la solution est si le bébé est au biberon, de lui prescrire un lait avec moins de lactose pour supprimer la douleur ; et s’il est au sein et que la maman a une lactation très abondante, éventuellement de ne pas donner le premier lait très sucré, mais plutôt celui de fin de tétée. » On peut trouver des astuces, par exemple en tirant le premier lait très riche en lactose. « Cela peut être intéressant d’aller voir une consultante en lactation, qui pourra délivrer de précieux conseils à la maman », ajoute le Dr Salinier.
Si le bébé pleure plus de 3 heures par jour, il faut consulter !
« En moyenne, à six semaines de vie, un bébé pleure 1 heure 48 minutes par jour au total, ce qui est tout à fait normal », explique le Dr d’Acremont. «Mais lorsqu’un bébé pleure plus de 3 heures par jour, trois jours par semaine, pendant trois semaines, c’est excessif et tellement éprouvant pour les parents: il faut aller voir ce qui se passe », ajoute la pédiatre Catherine Salinier. En effet, «des cris de bébé, ça s’analyse médicalement : si c’est avant ou après le repas, si c’est le jour ou la nuit… », poursuit le Dr Salinier. « Le pédiatre vérifiera que ce n’est pas une cause clinique, organique », ajoute le Dr d’Acremont. Comme un “vrai” reflux gastro-oesophagien, qui brûle l’oesophage du bébé et qu’il faut soigner.
Aider les mamans et les déculpabiliser
Il faut que les mamans désemparées face aux pleurs de leurs bébés en parlent, acceptent d’exprimer leurs sentiments et demandent de l’aide. « Le rôle du pédiatre est très important pour réassurer les parents », poursuit la pédiatre. « J’ai vu des parents arriver les épaules complètement rentrées, car tellement stressés, et sortir de la consultation beaucoup plus tranquilles, libérés, leur bébé allant un peu mieux. Petit à petit, ils prennent un peu plus de recul face aux pleurs, et le bébé, qui est en fusion avec l’émotion de la mère, sent que cette émotion devient moins forte, moins violente, et il aura moins mal au ventre ! »
Seulement 10 % des cas de coliques sont d’ordre pathologique. C’est rassurant !