Parents

2-3 ans

Elle s’ennuie à la crèche

- TIPHAINE LÉVY-FRÉBAULT

Àbientôt 3 ans, Mathilde est encore à la crèche. L’école, ce sera pour septembre. Pour quelques mois encore, elle doit côtoyer les bébés qui marchent à quatre pattes, et partager des jeux et activités pour tous les enfants de la “grande section”. Résultat, depuis quelque temps, elle rouspète, reste dans son coin, s’agace pour un rien… Bref, Mathilde s’ennuie. Pas étonnant, pour le pédopsycho­logue Stephan Valentin, puisqu’à cet âge-là, « un jeu qui dure trop longtemps ne l’intéresse plus. L’enfant peut alors se résigner, et verbaliser clairement son souhait de faire autre chose ». Surtout, il n’est plus en phase avec les jeux des plus jeunes et les activités quotidienn­es de la crèche: « La tâche qu’on lui propose peut ne pas lui correspond­re par rapport à son développem­ent, continue Stephan Valentin. Il ne se sent pas défié. » Il a envie de découvrir de nouvelles choses.

Un changement de comporteme­nt

Déjà grand pour la crèche, mais pas assez pour l’école: pas facile de trouver sa place! L’enfant manifeste alors son ennui de différente­s façons. Quand le tout petit bébé va exprimer le besoin d’être occupé en gigotant les jambes et en pleurant, l’enfant de 2 ou 3 ans, lui, va commencer à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Mais c’est aussi son comporteme­nt qui peut changer, comme le remarque Stephan Valentin : « L’enfant peut avoir tendance à devenir un peu turbulent, voire agressif, ne plus écouter, déranger les autres, ne pas obéir aux règles… Il va essayer de briser son ennui en entrant en interactio­n avec l’autre. »

Les bienfaits de l’ennui

Comment remédier à cet ennui? Pour commencer, en lui donnant des responsabi­lités de “grand” à la maison : « Ça peut l’occuper et c’est gratifiant et rassurant pour l’estime de soi », souligne le psychologu­e. On peut aussi essayer de stimuler sa créativité en l’inscrivant à un cours de peinture ou à une initiation à la musique. Quant à ses journées à la crèche, si l’enfant continue de se plaindre, vous pouvez en parler avec l’équipe de profession­nels pour essayer de trouver des solutions.

Mais ne vous inquiétez pas trop, l’ennui peut aussi avoir des conséquenc­es positives : l’occasion pour l’enfant de choisir lui-même ce qu’il peut faire, par exemple. « On peut aussi attendre que l’idée vienne de lui, qu’il apprenne à s’occuper tout seul. À force qu’on lui dise quoi faire, l’enfant peut devenir passif. Il doit au contraire s’inventer un jeu, l’ennui est un moment où il devient créateur. C’est aussi une bonne période pour se confronter à soimême, et prendre le temps de rêver un peu », assure le psychologu­e.

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 ??  ?? Jusqu’à 6 ans, un enfant va jouer environ 15 000 heures, soit 7 à 8 heures par jour. Comment lui proposer des jeux adaptés ? Les conseils de Stephan Valentin, âge par âge, pour accompagne­r son éveil. Enrick B. éditions, 5,60 €.
Jusqu’à 6 ans, un enfant va jouer environ 15 000 heures, soit 7 à 8 heures par jour. Comment lui proposer des jeux adaptés ? Les conseils de Stephan Valentin, âge par âge, pour accompagne­r son éveil. Enrick B. éditions, 5,60 €.

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