Le café, c’est bon !
Quand on évoque les boissons santé, on pense au thé, moins au café. Pourtant, stimulant et riche en antioxydants, il possède des vertus quand il est consommé en quantités modérées.
Pourquoi le café nous stimule-t-il ?
Grâce à la caféine. « Cette molécule possède une structure proche de l’adénosine, un neuromodulateur qui inhibe la libération de certains neurotransmetteurs, en particulier excitateurs, explique Astrid Nehlig. En se liant à différents récepteurs à la place de l’adénosine, la caféine impacte l’activité motrice, le cycle veille/sommeil ou la vigilance. » Rapidement absorbée au niveau intestinal, elle agit vite. Ses effets diminuent ensuite progressivement. « Sa vitesse d’élimination varie selon les individus. Il existe aussi une différence de sensibilité selon les personnes, liée à des distinctions au niveau des récepteurs cérébraux de l’adénosine auxquels la caféine se lie. »
Peut-il renforcer les capacités cérébrales ?
Certainement. Quant à son action sur la mémoire, rien n’est encore prouvé. La caféine pourrait faciliter la mémorisation à court terme et l’apprentissage en améliorant l’attention et la concentration, notamment si elle est associée à la consommation de glucose.
Augmente-t-il les performances physiques ?
Tout dépend de l’effort. « Une action a été démontrée pour des sportifs comme pour des pratiquants occasionnels sur des activités d’endurance (la course, la natation…) et sur des efforts intermittents (les sports d’équipe, de raquettes…), détaille Astrid Nehlig. En revanche, l’effet sur des exercices courts et intenses est moins clair. » Le mécanisme de la caféine sur la performance passerait en grande partie par le cerveau : augmentation de la vigilance, de la concentration et de l’énergie motrice, réduction centrale de la perception de la douleur, retardement de la sensation d’épuisement. « La caféine pourrait également agir au niveau du métabolisme des muscles en potentialisant l’effet des glucides. »
Nuit-il au sommeil ?
Oui, mais inégalement. « Le sommeil est l’une des fonctions les plus sensibles à l’absorption de caféine, note Astrid Nehlig. Elle augmente la latence d’endormissement, diminue la durée totale du sommeil et accroît les phases de sommeil léger au détriment du sommeil profond, avec des réveils plus fréquents. » Ces effets dépendent de la quantité de café absorbée avant la nuit, mais, selon une étude réalisée par un centre de recherche sur le sommeil à Detroit, aux États-Unis, la caféine consommée à dose conséquente (400 mg en une seule fois) jusqu’à 6 heures avant le coucher peut aussi avoir un effet sur le sommeil. De même, une sensibilité d’origine génétique au niveau des récepteurs de l’adénosine
semble expliquer pourquoi certains peuvent prendre un café avant de se coucher et bien dormir, quand d’autres peinent à s’endormir en ayant bu une tasse en début d’après-midi.
Quels sont ses effets sur le système cardiovasculaire ?
Assez surprenants. «Une synthèse des études existantes, sortie en 2013, montre une réduction des maladies cardiovasculaires chez les personnes qui consomment entre 3 à 5 tasses de café par jour, explique Astrid Nehlig. Aucun lien n’est par ailleurs établi entre le café et l’arythmie cardiaque. » Le probable effet protecteur du café sur le système cardiovasculaire serait lié non pas à sa teneur en caféine, mais à sa richesse en antioxydants. «Cependant, compte tenu de la grande variabilité individuelle face à la caféine, il reste recommandé aux personnes souffrant de pathologie ou de facteur de risque cardiovasculaire de modérer leur consommation. »
Agit-il sur le diabète ?
Oui. Une consommation modérée à élevée (c’est-à-dire entre 5 et 6 tasses par jour) de café réduit jusqu’à 60 % le risque de développer un diabète de type 2. « Cette action protectrice n’est vraisemblablement pas liée à la caféine, dit Astrid Nehlig. Ce seraient plutôt les antioxydants qui régulent le métabolisme du glucose et la sécrétion d’insuline, et le cafestol, une graisse spécifique au café, qui pourraient retarder la survenue du diabète. »
Améliore-t-il la digestion ?
Oui. « Le café agit sur les sécrétions gastriques, biliaires et pancréatiques, il stimule la motricité du côlon et pourrait contribuer à l’équilibre du microbiote », dit Astrid Nehlig.
Bien que les études montrent une absence de pathologie gastro-oesophagienne liée à sa consommation, mieux vaut éviter le café en cas d’ulcère ou de reflux.
Fait-il maigrir ?
Non. « On a fait des mesures métaboliques, et ce n’est pas concluant, précise Astrid Nehlig. La caféine possède une action minceur sur les cellules graisseuses uniquement par voie cutanée. » En revanche, le café agit comme un léger diurétique : il augmente la fréquence des urines, sans provoquer de déshydratation.