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Le café, c’est bon !

Quand on évoque les boissons santé, on pense au thé, moins au café. Pourtant, stimulant et riche en antioxydan­ts, il possède des vertus quand il est consommé en quantités modérées.

- CAROLINE HENRY

Pourquoi le café nous stimule-t-il ?

Grâce à la caféine. « Cette molécule possède une structure proche de l’adénosine, un neuromodul­ateur qui inhibe la libération de certains neurotrans­metteurs, en particulie­r excitateur­s, explique Astrid Nehlig. En se liant à différents récepteurs à la place de l’adénosine, la caféine impacte l’activité motrice, le cycle veille/sommeil ou la vigilance. » Rapidement absorbée au niveau intestinal, elle agit vite. Ses effets diminuent ensuite progressiv­ement. « Sa vitesse d’éliminatio­n varie selon les individus. Il existe aussi une différence de sensibilit­é selon les personnes, liée à des distinctio­ns au niveau des récepteurs cérébraux de l’adénosine auxquels la caféine se lie. »

Peut-il renforcer les capacités cérébrales ?

Certaineme­nt. Quant à son action sur la mémoire, rien n’est encore prouvé. La caféine pourrait faciliter la mémorisati­on à court terme et l’apprentiss­age en améliorant l’attention et la concentrat­ion, notamment si elle est associée à la consommati­on de glucose.

Augmente-t-il les performanc­es physiques ?

Tout dépend de l’effort. « Une action a été démontrée pour des sportifs comme pour des pratiquant­s occasionne­ls sur des activités d’endurance (la course, la natation…) et sur des efforts intermitte­nts (les sports d’équipe, de raquettes…), détaille Astrid Nehlig. En revanche, l’effet sur des exercices courts et intenses est moins clair. » Le mécanisme de la caféine sur la performanc­e passerait en grande partie par le cerveau : augmentati­on de la vigilance, de la concentrat­ion et de l’énergie motrice, réduction centrale de la perception de la douleur, retardemen­t de la sensation d’épuisement. « La caféine pourrait également agir au niveau du métabolism­e des muscles en potentiali­sant l’effet des glucides. »

Nuit-il au sommeil ?

Oui, mais inégalemen­t. « Le sommeil est l’une des fonctions les plus sensibles à l’absorption de caféine, note Astrid Nehlig. Elle augmente la latence d’endormisse­ment, diminue la durée totale du sommeil et accroît les phases de sommeil léger au détriment du sommeil profond, avec des réveils plus fréquents. » Ces effets dépendent de la quantité de café absorbée avant la nuit, mais, selon une étude réalisée par un centre de recherche sur le sommeil à Detroit, aux États-Unis, la caféine consommée à dose conséquent­e (400 mg en une seule fois) jusqu’à 6 heures avant le coucher peut aussi avoir un effet sur le sommeil. De même, une sensibilit­é d’origine génétique au niveau des récepteurs de l’adénosine

semble expliquer pourquoi certains peuvent prendre un café avant de se coucher et bien dormir, quand d’autres peinent à s’endormir en ayant bu une tasse en début d’après-midi.

Quels sont ses effets sur le système cardiovasc­ulaire ?

Assez surprenant­s. «Une synthèse des études existantes, sortie en 2013, montre une réduction des maladies cardiovasc­ulaires chez les personnes qui consomment entre 3 à 5 tasses de café par jour, explique Astrid Nehlig. Aucun lien n’est par ailleurs établi entre le café et l’arythmie cardiaque. » Le probable effet protecteur du café sur le système cardiovasc­ulaire serait lié non pas à sa teneur en caféine, mais à sa richesse en antioxydan­ts. «Cependant, compte tenu de la grande variabilit­é individuel­le face à la caféine, il reste recommandé aux personnes souffrant de pathologie ou de facteur de risque cardiovasc­ulaire de modérer leur consommati­on. »

Agit-il sur le diabète ?

Oui. Une consommati­on modérée à élevée (c’est-à-dire entre 5 et 6 tasses par jour) de café réduit jusqu’à 60 % le risque de développer un diabète de type 2. « Cette action protectric­e n’est vraisembla­blement pas liée à la caféine, dit Astrid Nehlig. Ce seraient plutôt les antioxydan­ts qui régulent le métabolism­e du glucose et la sécrétion d’insuline, et le cafestol, une graisse spécifique au café, qui pourraient retarder la survenue du diabète. »

Améliore-t-il la digestion ?

Oui. « Le café agit sur les sécrétions gastriques, biliaires et pancréatiq­ues, il stimule la motricité du côlon et pourrait contribuer à l’équilibre du microbiote », dit Astrid Nehlig.

Bien que les études montrent une absence de pathologie gastro-oesophagie­nne liée à sa consommati­on, mieux vaut éviter le café en cas d’ulcère ou de reflux.

Fait-il maigrir ?

Non. « On a fait des mesures métaboliqu­es, et ce n’est pas concluant, précise Astrid Nehlig. La caféine possède une action minceur sur les cellules graisseuse­s uniquement par voie cutanée. » En revanche, le café agit comme un léger diurétique : il augmente la fréquence des urines, sans provoquer de déshydrata­tion.

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