« L’Écosse est “kids friendly”, chaque restaurant possède sa table à langer, ses chaises-bébé… »
Elles viennent d’un autre pays, mais c’est en France qu’elles élèvent leurs enfants. Avec un regard imprégné d’une autre culture. Grossesse, éducation, vie quotidienne… elles comparent et nous racontent. Récits de mamans d’ici et d’ailleurs.
« Je pense qu’il serait temps d’aller faire votre valise », m’a dit ma sage-femme écossaise à quelques heures seulement de mon accouchement.
Je vis à Paris, mais j’ai fait le choix d’accoucher dans mon pays d’origine pour pouvoir être auprès des miens, mais aussi parce que là-bas, la grossesse n’est pas une prise de tête. Trois semaines avant mon terme, mon compagnon et moi entamions notre voyage depuis la France jusqu’en Écosse en voiture. On n’est pas de nature inquiète ! Les femmes ont le choix entre l’hôpital ou les “Birth centers” qui sont très populaires. On y donne naissance de manière naturelle dans des bains, dans une ambiance apaisante. Je n’avais pas vraiment d’idée préconçue sur mon accouchement car on ne prévoit pas trop à l’avance, mais dès les premières contractions, j’ai perdu ma détente écossaise et j’ai prié les médecins de m’administrer une péridurale, acte assez peu courant pour nous.
Comme le veut le système, à peine 24 heures s’étaient écoulées que nous rentrions Oscar et moi à la maison. Une sage-femme vient dix jours de suite chez la jeune maman afin de l’aider et de l’accompagner dans la mise en place de l’allaitement. La pression est assez forte et il n’est pas rare d’entendre les
en short et t-shirt « En Écosse, les enfants sortent encore chez au mois de novembre. On ne court pas : on préfère ne pas le pédiatre au moindre éternuement maladies. » paniquer et laisser vivre les petites « On est très à l’écoute des enfants. On leur parle avec beaucoup de patience et on leur pose des tas de questions. »
gens se mêler des décisions des femmes et leur demander pourquoi elles ne donnent pas le sein à leur bébé. Oscar tétait mal à cause d’un problème au frein de langue. J’ai arrêté après deux mois, me sentant coupable. Avec du recul, j’assume cette décision qui a permis à mon fils de manger normalement. On fait comme on peut !
« Pas d’enfants dans un pub après 19 heures ! » Voilà ce que nous a dit un soir le patron du bar dans lequel mon compagnon et moi faisions un billard, Oscar installé paisiblement dans son cosy à nos côtés. L’Écosse est un pays qui fait face à un problème d’alcool chez les mineurs et de ce fait, on ne déroge pas avec cette règle, même si le mineur en question a 6 mois. En contrepartie, le pays est entièrement “kids friendly”. Chaque restaurant possède sa table à langer, ses chaises-bébé et son coin à part pour que les petits puissent jouer. À Paris, je m’estime toujours chanceuse de trouver un espace pour mon fils. Je sais qu’il ne faut pas comparer une mégalopole avec mon pays fait de petites villes de campagne. Les enfants sont élevés en communion avec la nature, les éléments naturels. On pêche, on fait des randonnées, des balades en forêt même par temps de pluie, ce qui est notre quotidien ! D’ailleurs, ça me fait rire de voir les petits Français tout emmitouflés dès qu’il fait un peu frais. En Écosse, les enfants sortent encore en short et t-shirt au mois de novembre. On ne court pas chez le pédiatre au moindre éternuement : on préfère ne pas paniquer et laisser vivre les petites maladies.
“Le Haggis se cache dans la montagne et le Loch Ness dans le lac.” Les petits sont bercés au son des histoires traditionnelles. Je lis chaque soir un conte écossais à Oscar afin qu’il connaisse nos traditions. Il sait que dans nos forêts vivent des fées (les Kelpies) qu’il ne faut pas déranger. Je cherche en France des cours de danse écossaise, incontournable à nos coutumes. Les enfants l’apprennent dès l’école primaire et à chaque Noël, ils font un spectacle en tenue typique : les petits garçons sont en kilt bien sûr ! Il faut qu’Oscar les connaisse, car s’il veut un jour se marier en Écosse, on se déhanche au moins deux heures sur nos danses traditionnelles. Notre plat national, le Haggis (du même nom que notre animal imaginaire), accompagne nos célébrations. Les petits Écossais dès l’apparition de leurs dents en mangent en famille et parfois le dimanche pour le Scottish breakfast. Je suis nostalgique de ces brunchs que j’ai un peu de mal à importer ici. Il faut dire que les Français imaginent mal échanger leur croissant, tartine et confiture contre notre panse de brebis farcie au coeur, foie et poumon. Un vrai régal !